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Lifestyle - La mode

La bohème déjantée de Chloé

La collection printemps-été 2019 de Chloé exprime, sous la direction artistique de Natacha Ramsay-Lévi, l’évolution d’une marque teintée de l’esprit intellectuel et féministe du Paris des années 1950 vers une aspiration universelle à la liberté, au voyage, au confort et à la singularité.

Gaby Aghion, qui fonda la maison Chloé en 1952, se définissait comme « une beauté sombre et un esprit bohème ». Issue de la bourgeoisie francophone égyptienne, elle avait adopté, pour baptiser sa marque, le nom de son amie Chloé Huysmans, le sien évoquant à ses yeux celui d’une « diseuse de bonne aventure ». Associée à Jacques Lenoir, Gaby Aghion invente le prêt-à-porter de luxe et chahute les codes rigides de la mode de l’époque en proposant des collections douces et confortables. En rejetant la raideur et les textures contraignantes, elle introduit dans la grisaille parisienne la culture sensuelle et solaire de son enfance. Cette féminité à la fois libre et éthérée restera sa marque de fabrique. En 1966, Karl Lagerfeld, venu de chez Patou, est nommé à la direction artistique de la maison qui fait partie du groupe Dunhill. Se succéderont ensuite à cette responsabilité une toute jeune Stella McCartney, secondée par la géniale Phoebe Philo qui prendra sa place à son départ. Toutes deux sont recrutées par le directeur libanais de Dunhill, Mounir Moufarrige. Après des hauts et des bas, arrivent Hannah McGibbon puis Clare Waight Keller, formée notamment chez Gucci auprès de Tom Ford, qui quitte Chloé à son tour, appelée chez Givenchy. Celle-ci est remplacée aujourd’hui par Natacha Ramsay-Lévi qui s’inscrit parfaitement dans cette lignée de jeunes créatrices britanniques dont l’esprit adhère comme une robe de jersey à la philosophie de la marque.

Confort et expression de soi

En deux ans et six collections, Natacha Ramsay Lévi a déjà imposé son empreinte. Ancien bras droit de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga puis Louis Vuitton, deux maisons plutôt radicales, elle parvient à redynamiser l’esprit hippie et bohème chic de Chloé en y introduisant son sens du zeitgeist. Très vite, elle comprend les attentes de la clientèle de la marque qui sont également celles de toute une nouvelle génération de jeunes femmes actives : le vêtement comme expression de soi et de son histoire, entre héritage et souvenirs de voyage, les textures naturelles issues d’une production durable et équitable, le sac à la fois stylé et pratique, les baskets et sandales ergonomiques qui ont désormais la préférence d’un grand nombre de femmes qui perçoivent les talons comme une entrave à leur liberté de se déplacer.

Bohème choc

La nouvelle collection printemps-été 2019 de Chloé, qui vient d’être présentée sous forme de trunk show à Aïshti by the Sea, est une véritable démonstration de ce parti pris. S’y révèlent des superpositions audacieuses, pantalons en maille portés sous des robes foulards et foulards partout, d’ailleurs, noués en chemisier ou en ceinture, apparaissant et disparaissant entre les coutures d’un manteau d’été ou d’une longue robe nude à épaule unique. Le somptueux plissé cariatide s’accompagne de bracelets de cheville, la dentelle et le macramé s’en donnent à cœur joie, le tapis persan se déguise en minijupe. Les imprimés volent leurs couleurs au coucher du soleil et leurs motifs aux céramiques traditionnelles. Le denim n’est pas en denim : les couleurs du jeans sont elles aussi un trompe-l’œil. Une ceinture en cordelettes à grosse boucle ronde en bronze sert de fil conducteur à cette collection de voyageuse sans bagages qui, pareille aux bohémiennes, ses sœurs, peut avec seulement trois pièces s’inventer toute une garde-robe avec des portés à chaque fois différents.




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