Le ministre de l’Économie et du Commerce, Mansour Bteich, a émis hier plusieurs critiques visant la Banque du Liban (BDL) et son gouverneur Riad Salamé, à qui il reproche notamment de considérer que le nombre de fonctionnaires au Liban est la principale cause à l’origine de la dégradation de la situation des finances publiques ces dernières années.
S’exprimant lors d’une conférence de presse dans son bureau à Beyrouth, le ministre a reproché à la BDL de ne pas avoir communiqué au gouvernement de rapport détaillé concernant les résultats des opérations d’ingénierie financière menées par la banque centrale en 2016 et 2017. M. Bteich a alors fait référence à une obligation inscrite à l’article 117 du code monétaire et financier qui impose « au gouverneur de la banque centrale de transmettre au ministre des Finances avant le 30 juin de chaque année (NDLR : l’année comptable de la BDL se termine en mars) son budget et ses comptes de résultats annuels », lesquels doivent ensuite être publiés au Journal officiel dans le mois qui suivent les dépôts.
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Secteurs productifs
Le terme d’ingénierie financière se rapporte quant à lui à diverses opérations exceptionnelles menées par la BDL en 2016 et 2017 avec des banques commerciales – échanges de titres de maturités différentes à certaines conditions, hausse de la rémunération des nouveaux dépôts en dollars – afin de notamment doper ses réserves, et en même temps les revenus des banques participantes. Le gouverneur a toujours défendu ces opérations peu conventionnelles, en vantant notamment leurs effets dopants sur la balance des paiements et la stabilité de la livre libanaise, arrimée au dollar depuis 1997. Mais plusieurs observateurs ont émis des réserves jugeant ces effets trop limités dans le temps et exposant le secteur bancaire à certains risques.
Le ministre a estimé que ces opérations ainsi que la hausse des taux d’intérêt américains étaient les « causes principales » de la hausse des coûts de financement de l’État et a appelé à réformer la politique monétaire du pays en incitant le secteur bancaire à davantage financer les secteurs productifs. Selon plusieurs sources concordantes, la plupart des banques locales sont de plus en plus réticentes à investir dans l’économie, préférant placer leurs liquidités disponibles, notamment à la BDL.
Le gouverneur n’avait pas répondu aux critiques du ministre hier en milieu de soirée. En poste depuis 1993, il avait toutefois déjà eu l’occasion de se défendre sur ce terrain par le passé en indiquant que ses opérations permettaient de maintenir le taux de change entre la livre et le dollar, et en fustigeant l’absence de contrôle sur les dépenses publiques. Il avait également indiqué que les comptes de la BDL étaient régulièrement envoyés au ministre des Finances et audités par des cabinets indépendants.
Pour mémoire
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commentaires (5)
Surprenant le timing De la part d un nouveau Ministre de l économie responsable , d un tel calibre , respectable , ancien directeur Général de banque libanaise couvert d expériences , puisse trouver moyen de sortir de telles critiques publiquement à l encontre de la banque Centrale et sa gestion en des moments aussi cruciaux que traverse la région et notre Mère Patrie .... Excellence ,nous attendons énormément de Vous , du plan de redressement économique que vous vous hâter à mettre en place auprès du gouvernement et dont nous espérons , vous veillerez minutieusement à son application sur le terrain .... Sachez , ce ne sera que le suivi de la mise en application et la bonne exécution du plan de relance que vous proposerez , qui mettront fins à la crise de confiance assurant la baisse des taux d intérêts à terme de manière quasi automatique et tout rentrera dans l ordre ... Excellence, Vous avez tant à faire, sans souhaiter être donneur de leçon et dans le cadre de votre mission vous constaterez au quotidien “ La critique est aisée mais l art difficile “.... Laissez le soin aux professionnels des autorités de tutelles des institutions monétaires compétentes à veiller tracer et gérer la politique monétaire du pays d ailleurs , comme ils l ont toujours très bien appliqué , aujourd hui la BDL sert d exemple pilote a la plupart des banques centrales du globe ... À chacun son métier , c est à l œuvre Qu on connaît l artisan .... Bonne chance pour la suite
Menassa Antoine
10 h 41, le 06 avril 2019