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Liban - Décryptage

Pompeo à Beyrouth : trois dossiers à hauts risques

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo. Photo AFP / POOL / JIM YOUNG

Au moins, les choses ont le mérite d’être claires. L’objectif principal de la tournée que commence aujourd’hui dans la région le secrétaire d’État américain Mike Pompeo – et qui le mènera au Liban – est selon ses propres termes d’aider les pays visités à contrer l’influence de l’Iran. Auparavant, dans un point de presse effectué à Washington et rapporté par les médias américains, son adjoint David Satterfield avait affirmé que l’administration américaine aide les forces armées légales libanaises face aux forces armées illégales.

Il n’est donc plus nécessaire de faire des supputations. L’administration américaine semble déterminée à pousser le Liban officiel à prendre des mesures concrètes contre le Hezbollah, dans le cadre de la lutte contre l’influence iranienne dans la région. Certaines parties politiques, qui avaient rencontré M. Satterfield au cours de sa dernière visite au Liban, avaient révélé que ce dernier avait tenu des propos francs et durs à l’égard du Hezbollah en précisant que l’administration de son pays ne compte pas rester les bras croisés face à l’influence grandissante du parti chiite au Liban et compte surveiller de près son action dans les ministères dont il a la charge. De plus, David Satterfield aurait aussi demandé à ses interlocuteurs libanais de ne pas se laisser faire et de réagir, en leur promettant l’appui total de l’administration américaine pour toute action qu’ils entreprendraient contre le Hezbollah. Alternant les promesses et les déclarations fermes, il aurait aussi précisé que l’administration américaine souhaiterait surveiller l’application des sanctions économiques et financières contre le parti pro-iranien et ses sources de financement, laissant ainsi entendre que ce dernier ne pourrait pas sortir indemne de la décision américaine de combattre l’Iran et ses alliés dans la région.

Selon une des parties qui s’est entretenue avec David Satterfield, les réactions des personnes présentes n’étaient pas les mêmes. S’il y avait grosso modo une sorte de refus de l’influence iranienne au Liban et donc de ce que certains appellent « l’hégémonie du Hezbollah sur le pays », certains auraient fait remarquer que le fait d’y faire face est difficile actuellement. D’autant que les Américains n’ont pas pu remporter une victoire jusqu’à présent et, malgré la guerre en Syrie qui dure depuis plus de 8 ans, sur l’Iran et ses alliés. Ce ne serait donc pas les Libanais qui pourraient le faire... D’autres ont réclamé un plus grand appui américain, et certains auraient même souhaité que les Américains commencent à déclencher l’action pour qu’ils puissent, eux ensuite, l’appuyer et la suivre. D’autres, enfin, se seraient contentés d’écouter.

Selon la même source, le responsable américain n’a pas dû percevoir chez ses interlocuteurs libanais, ou en tout cas chez une partie non négligeable d’entre eux, un grand enthousiasme à l’idée d’affronter le Hezbollah, sous prétexte que la crise économique qui frappe le pays impose un changement dans les priorités dans l’agenda politique. Mais cette attitude ne semble pas avoir découragé le responsable américain et l’administration de Donald Trump en général. Il est donc clair dans ce contexte que la nécessité de circonscrire l’influence du Hezbollah au Liban et en Syrie sera un des sujets évoqués par Mike Pompeo au cours de sa visite à Beyrouth, prévue en principe vendredi, après un passage au Koweït et en Israël.

Selon des sources diplomatiques libanaises, deux autres thèmes devraient aussi être évoqués : celui des déplacés syriens et la détermination du Liban à entamer coûte que coûte le processus du retour, sachant que plus de 90 % du territoire syrien est devenu sûr, sans plus attendre donc la solution politique. Les Américains ne sont pas d’accord avec cette position et ils veulent empêcher le Liban d’entamer le programme de retour à travers un dialogue avec le régime syrien, misant sur l’opposition d’une partie des Libanais à cette démarche.

Les Américains avaient déjà arrêté l’élan arabe en direction des autorités syriennes après l’ouverture de l’ambassade des Émirats arabes unis à Damas et la réclamation de certains pays comme l’Irak, l’Égypte et la Jordanie de redonner au régime de Damas le siège de la Syrie à la Ligue arabe, vacant depuis 2012. Plus encore, les Américains sont en train de « conseiller » aux sociétés libanaises qui s’empressaient d’ouvrir des bureaux à Damas, en vue du vaste chantier de la reconstruction, de revenir sur leur décision, au risque d’être mises sur la liste noire et de desservir ainsi leurs intérêts dans de nombreux pays. Selon des sources diplomatiques libanaises, Mike Pompeo devrait donc insister de nouveau sur l’importance de lier le processus du retour des déplacés à la solution politique en Syrie.

Enfin, le troisième sujet qui devrait être évoqué par le secrétaire d’État américain avec les responsables serait le contentieux frontalier terrestre et maritime entre le Liban et Israël et la volonté américaine de le régler au plus vite, à travers des échanges de territoire selon toute probabilité en faveur des revendications israéliennes.

Toutefois, les sources précitées estiment que les responsables américains ne peuvent pas aller trop loin dans leurs pressions sur le Liban officiel car celui-ci pourrait alors se tourner vers Moscou et c’est justement ce que les Américains redoutent le plus...

Au moins, les choses ont le mérite d’être claires. L’objectif principal de la tournée que commence aujourd’hui dans la région le secrétaire d’État américain Mike Pompeo – et qui le mènera au Liban – est selon ses propres termes d’aider les pays visités à contrer l’influence de l’Iran. Auparavant, dans un point de presse effectué à Washington et rapporté par les...

commentaires (8)

Le 15 juillet 1958, à la demande du président Camille Chamoun, une armada américaine avait débarqué des marines sur les plages de Dbayé et de OuzaÏ pour stopper la déferlante hégémonie nassérienne sur le Liban. La visite de Mike Pompeo serait-elle pour proposer une éventuelle réédition revue et corrigée ?

Un Libanais

17 h 40, le 19 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Le 15 juillet 1958, à la demande du président Camille Chamoun, une armada américaine avait débarqué des marines sur les plages de Dbayé et de OuzaÏ pour stopper la déferlante hégémonie nassérienne sur le Liban. La visite de Mike Pompeo serait-elle pour proposer une éventuelle réédition revue et corrigée ?

    Un Libanais

    17 h 40, le 19 mars 2019

  • Où peut-on trouver dans ce pays un Libanais 100% patriote ? C'est à dire ni: 100% pro-Iran " pro-Arabie Séoudite " pro-Syrie " pro-USA " pro-Israël (genre espion libano-canadien) uniquement 100% pro-LIBAN ??? Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 16, le 19 mars 2019

  • Il faudrait qu'ils nous laissent tranquilles ces amerloques à la manque! Et il faudrait aussi que nos politiciens de tous bords dégagent.

    TrucMuche

    13 h 23, le 19 mars 2019

  • Esperons que si le Liban repond negativement a Pompeo le President Trump ne decide de mettre toutes les banques Libanaises sur une liste noire entrainant leur faillitte et celle de tous les Libanais excepte nos dirigeans qui auront pris soin de mettre leurs millions ( ou billions ) sous d'autres cieux plus clements Alors les Libanais qui ferons faillitte se rendont compte que TRUMP n'est pas OBAMA et qu'il faudrait revenir a LIBAN D'ABORD au lieu se cacher la tete dans le sable au sujet de l'armement de HB Si HB a vraiment a Coeur l'interet du Liban que sa milice joigne l'armee Libanaise avec ses equipements et missiles et engage des negociations avec Israel pour la recuperation totale des territoires Libanais ( apres que nos "freres " Syriens reconnaissent certaines regions disputes au Liban officielement) Et de grace President Aoun si M Pompeo a cinq minutes d'avance sur le rendez vous , ne le faites pas attendre Ce n'est pas M Tillerson

    LA VERITE

    13 h 18, le 19 mars 2019

  • Au moins la chose est claire comme du jus de chique. Soit on appuie les exigences américaines soit on est contre. Donc on ne pourra plus jamais dire que le Liban sera maître de ses décisions. "Liban d'abord" est mort . Trêve d'hypocrisie, du côté de la résistance on est plus clair et on assume en reconnaissant s'opposer à ces diktats avec des alliés Iraniens et Russes. C'est là toute la différence. Un grand Merci Scarlett. PS. Les alliés de ces américains qui répondent si vous n'avez pas pu en venir à bout en 8 ans, alors que pouvons nous faire? Hahahahahahahaha.......

    FRIK-A-FRAK

    09 h 28, le 19 mars 2019

  • Et si Pompeo(ou, comme dit l'inénarrable Hoda Chedid, "Pompéou"...Le nom doit lui rappeler Pompidou!) nous laissait tranquilles, lui et son bouledogue de président?

    Georges MELKI

    09 h 27, le 19 mars 2019

  • Scénario très probable. La question qui se pose est que fait le Liban officiel pour prendre avantage de la situation et obtenir des acquis en sa faveur? Il ne faut rien donner sans prendre. Ici, le Hezbollah pourrait être utile, pour une fois, et proposer de remettre ses armes a l’armée contre: 1-Un retrait total d’Israël des territoire Libanais y compris les fermes de Chebaa au Liban. 2-La reconnaissance d’Israël de la frontière maritime Libanaise comme le stipule la loi internationale préservant nos droits au gaz et pétrole dans nos eaux territorial. 3-Déléguer les entreprises Libanaises comme principales fournisseurs et entrepreneurs pour la reconstruction de la Syrie. Malheureusement, le parti de Hassouna n’étant pas Libanais n'en fera rien et au final nous conduira vers une guerre qui détruira le pays qui finira comme la Syrie, un suppôt de l'Iran et continuera de naviguer dans la misère. Triste sort d'un pays qui avant 1975 était excédentaire et après 40 ans de guerre, occupation et mauvaise gérance de la classe politique issue des résultats de la guerre, se retrouve avec plus de 80 a 90 milliards de dettes, entrain de mendier a droite et a gauche non pas pour survivre et reconstruire ce qu'ils ont détruit mais pour se remplir les poches aux dépends du peuple. Il est temps de réclamer très fort la remise des armes du Hezbollah a l’état. C'est le problème principal du pays. Apres cela tout peut s'arranger car personne n'aura plus peur de sanctionner et voter librement.

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 20, le 19 mars 2019

  • DU COMME-CI ET DU COMME-CA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD VOTRE ARTICLE. DES SUPPOSITIONS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 58, le 19 mars 2019

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