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Campus - COMPÉTITION

Deux étudiantes de l’UL imaginent un espace vert multifonctionnel à Achrafieh

La compétition I Green Beirut était organisée par l’ONG Junior Chamber International Liban sur la thématique des espaces verts à Beyrouth.

Afin d’être sélectionnés, les projets sont passés devant un jury composé de représentants du Centre d’information des Nations unies, de la municipalité de Beyrouth, d’associations environnementales et de JCI Liban, ainsi que d’experts en ingénierie environnementale, architecture paysagiste et design d’intérieur. Ci-dessus les deux lauréates avec les membres du jury.

Le projet conçu par Ghiwa Keyrouz et Rana el-Khatib Abou Ghaida, étudiantes en master 2 en ingénierie paysagère, au département paysage et aménagement du territoire, à la faculté d’agronomie et des sciences vétérinaires de l’UL, a été désigné au mois de février « meilleur projet vert » dans sa catégorie, dans la compétition I Green Beirut, organisée par l’ONG Junior Chamber International (JCI) Liban, en collaboration avec le Centre d’information des Nations unies de Beyrouth, sous le patronage de la municipalité de Beyrouth.

Ce projet consiste en un lieu à Achrafieh qui combine espace de rencontre, marché et jardin biologique urbain. Dans cette petite parcelle, ce seront les habitants eux-mêmes qui se chargeront de planter et de récolter leurs fruits et légumes. « N’importe quel résident peut participer, sous la supervision de la municipalité. La plantation sera limitée aux citoyens, car l’objectif est davantage de sensibiliser que de produire, indique Rana el-Khatib. Les petits espaces ne doivent pas être non plus un obstacle à la verdure. » Quant au marché, il sera tenu par des agriculteurs, venus de leurs localités, qui proposeront des produits biologiques. « Suite à notre enquête et notre collecte de données, nous avons déduit que les gens considèrent les produits biologiques comme une nécessité », note encore Rana el-Khatib Abou Ghaida. À côté de l’espace marché-jardin, un coin dédié aux habitants leur permettra de s’installer, de se détendre et d’interagir. « Les gens ont besoin de respirer, particulièrement dans ce type d’endroits densément urbanisés. Nous voulions faire plus qu’un simple jardin assis que les gens négligeraient et oublieraient plus tard », assure Ghiwa Keyrouz.

La compétition I Green Beirut s’est déclinée en trois catégories, celles des artistes, des professionnels et des étudiants. C’est dans le cadre de l’un de leurs cours que les deux étudiantes ont pris connaissance de cette compétition qui a pour objectif d’inciter les participants à réfléchir sur la nature en milieu urbain, leur proposant d’investir un lieu dans Beyrouth, soumis par la municipalité, et déterminé selon les catégories auxquelles ils appartiennent. Plusieurs groupes venant de diverses universités, dans les domaines de l’architecture, du paysagisme, du génie environnemental et du design y ont participé.


(Lire aussi : Bois des Pins, vers une protection définitive ?)

Achrafieh au XVIIIe siècle

Les deux étudiantes de l’UL ont travaillé sur trois piliers de la durabilité : l’économique, le social et l’environnemental. À travers leur projet, elles ont tenté, comme l’affirme Rana el-Khatib Abou Ghaida, « de trouver des moyens de les mettre en œuvre et de montrer comment l’exploitation judicieuse de petits espaces, si elle est menée de manière intelligente, peut permettre de surmonter la perte de verdure ». De même, il était essentiel que leur projet développe l’interaction sociale et favorise une activité économique, même de petite envergure, à travers l’idée du marché et de l’agriculture. « Nous voulions créer un lieu qui transmette un message sur l’importance de l’agriculture, en particulier de la production biologique, et qui se focalise aussi sur l’agriculture pratiquée dans le temps, à Achrafieh, comme les fraises, les olives et les agrumes », insiste Ghiwa Keyrouz.

En effet, ces deux jeunes femmes se sont inspirées des anciens souks traditionnels de Beyrouth, ainsi que de l’histoire d’Achrafieh et de ses nombreux terrains cultivés. « Au XVIIIe siècle, de nombreuses zones d’Achrafieh étaient considérées comme des terres agricoles et s’appelaient la ferme d’Achrafieh. Achrafieh a perdu son identité à cause de la guerre et de l’urbanisation, et maintenant c’est comme si c’était brisé. Nous avons pris les morceaux et nous avons essayé de reconstruire quelque chose de positif », expliquent-elles.

Sachant que le terrain se situe à Sodeco, non loin de l’ancienne ligne de démarcation, ces deux étudiantes ont souhaité également mettre en lumière l’importance de renouer les liens sociaux, avec comme toile de fond la problématique de la mémoire. « Grâce à la sensibilisation des habitants et leur participation, nous pouvons effectuer une grande différence à travers ce projet », estime Rana el-Khatib Abou Ghaida. Pour Jessica el-Habr, directrice du projet I Green Beirut, à JCI Liban, « les lauréates ont présenté un projet innovateur qui répond aux besoins des habitants de Beyrouth ». Crée en 2017 par JCI Liban, le projet I Green Beirut est une initiative verte dont le but est de rendre la ville de Beyrouth de nouveau saine, en sensibilisant la société à l’environnement et en augmentant les espaces verts. Suite à sa première phase basée sur des activités de plantation à Beyrouth, les responsables ont lancé la compétition, en tant que deuxième étape du projet. « Mon but pour la troisième phase est d’essayer d’implémenter les projets lauréats dans Beyrouth. JCI et ses partenaires chercheront des fonds qui seront indispensables pour leur exécution », confie Jessica el-Habr. Avec, comme mission, le respect des objectifs de durabilité définis par les Nations unies, I Green Beirut organisera « une seconde édition de la compétition ou d’autres projets qui vont dans le même sens », annonce la directrice du projet.


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