Arthur Chadwick remettant à Michelle Obama l’orchidée portant son nom.
Depuis la mi-février, tous les regards sont tournés vers la Cattleya Michelle Obama, cette orchidée d’un mauve brillant star de l’exposition annuelle qu’organisent à Washington le Smithsonian Gardens et le US Botanic Garden.
L’édition 2019, placée sous le thème « Orchids : Amazing Adaptations » (Les orchidées, étonnantes adaptations), met en exergue la faculté qu’a cette fleur de se parer des plus beaux atours. Ainsi, dans un espace lumineux et dense en feuillage, sous un haut plafond de verre, des milliers d’orchidées issues d’une multitude d’espèces vont fleurir jusqu’au 28 avril prochain. Affichant de fascinantes formes, les orchidées sont affublées de noms parfois étranges : « Orchidée bouffon », « Sabot de Venus » ou encore « Culotte de la Dame ». Le clou de cette parade florale est l’orchidée-First Lady, la Michelle Obama. Non seulement, elle porte le nom de l’épouse du 44e président des États-Unis, Barack Obama, mais elle est le produit d’une hybridation censée refléter sa personnalité. Il s’agit là d’une création d’une célèbre enseigne d’horticulture, Chadwick & Son Orchids Inc!, fondée en 1989, et principal fournisseur de la si convoitée fleur tropicale.
Pourpre magenta pour Michelle Obama
« C’est une tradition de la maison de créer une orchidée personnalisée portant le nom de chaque First Lady. La tradition remonte à l’année 1929, plus précisément au mandat du président Herbert Hoover. Son épouse, Lou Henry Hoover, s’était vue offrir une orchidée modifiée à son intention (à l’origine de l’espèce Digbyana) et qui a officiellement porté son nom », explique Arthur Chadwick, à la tête de l’entreprise.
Depuis, les First Ladies qui lui ont succédé ont eu leur double floral. « Cette tradition, précise M. Chadwick, a connu un certain déclin quand la fleur accrochée au corsage n’était plus en vogue. Mais, vers la fin des années 80, nous avons relancé cette initiative qui connaît un grand engouement depuis. L’on compte aujourd’hui quinze Premières dames dont les noms ont été donnés à de nouvelles variantes d’orchidées. Après leur présentation à qui de droit, elles sont offertes au US Botanic Garden qui les expose au public. » C’est aujourd’hui le cas de la Cattleya Michelle Obama, une orchidée élégante, d’un spectaculaire pourpre magenta, facile à cultiver et particulièrement décorative. Il y a quelques mois, l’actuelle hôtesse de la Maison-Blanche, Melania Trump, a reçu la sienne, perpétuant la tradition. L’orchidée de Melania est dans des tonalités roses, avec des reflets tantôt pêche, tantôt mauves.
La Jackie Kennedy pétales et sépales blanc lustré
Si l’on remonte l’histoire, il faut savoir que l’orchidée était la fleur favorite de Jackie Kennedy, la célèbre épouse du président JFK. Son bouquet de mariée (1953) était d’ailleurs composé d’orchidées blanches. De plus, la très stylée Première dame, qui aimait disposer des orchidées dans tous les arrangements décorant la présidence, avait créé le bureau de fleuristes de la Maison-Blanche, et nommé un décorateur floral officiel. L’orchidée qui a officiellement porté son nom était composée de pétales et de sépales d’un blanc lustré, dont l’une ourlée de pourpre. Une autre First Lady fascinée par les orchidées fut Nancy Reagan. Sa teinte préférée étant le rouge. L’on avait dès lors pu métisser pour elle différents spécimens pour faire disparaître le bleu du violet et se rapprocher du carmin. Un croisement difficile à obtenir, avaient confié les spécialistes. À noter qu’elle n’avait pas dû attendre que son époux, Ronald Reagan, accède à la première magistrature pour avoir « son » orchidée puisqu’elle l’avait obtenue lorsque ce dernier avait occupé le poste de gouverneur de la Californie. Mais une fois hôtesse de la Maison-Blanche, elle a pu donner libre cours à son « orchidemania ».
Portées en grappes par Mamie Eisenhower
Auparavant, il y avait eu, côté Maison-Blanche, des coups de cœur personnels et historiques pour cette plante rare et coûteuse. Ainsi, pour la célébration américaine de la signature de l’armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale, le président de l’époque, Woodrow Wilson, était accompagné de son épouse, Edith, qui avait épinglé sur son épaule quatre orchidées. Le président Wilson, devenu veuf en plein mandat était, par la suite, tombé si amoureux d’Edith, née Bolling, qu’il lui offrait tous les jours une orchidée. Elle avait ensuite pris l’habitude d’en arborer plusieurs à chaque grande occasion.
Mamie Eisenhower n’a pas été en reste. Symbole de l’élégance et de la grande prospérité de l’ère de son époux, le président Dwight Eisenhower, cette First lady a rarement été vue en public sans deux ou trois orchidées ornant son corsage. Il n’en fallait pas plus pour que les spécialistes se dépêchent de la parer d’une orchidée de printemps florifère portant son pedigree. La plante, évoquée avec glamour par un peintre local, avait fait florès, à l’exemple de l’ère eisenhowerienne.
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16 h 04, le 15 mars 2019