L'ancien ministre de la Justice Achraf Rifi a affirmé jeudi que sa réconciliation avec le Premier ministre Saad Hariri, après des années de tensions, valait "plus que cent sièges parlementaires", alors qu'il a annoncé mardi avoir renoncé à sa candidature lors de la partielle de Tripoli en faveur de la candidate du courant du Futur, Dima Jamali.
"Avec Saad Hariri, nous avons fait un grand pas afin de tourner la page de nos dissensions, et cette réconciliation m'a mené à ne pas déposer ma candidature pour le siège sunnite de Tripoli", a déclaré M. Rifi lors d'une conférence de presse. "Il s'agit de la perte d'un siège mais d'une victoire pour notre cause et nos objectifs liés à l'indépendance et la souveraineté de l'Etat et de ses institutions", a souligné l'ancien ministre.
Mardi, M. Rifi avait annoncé qu'il soutiendrait la candidature de Dima Jamali, candidate du courant du Futur (de Saad Hariri) lors des élections partielles du 14 avril à Tripoli. "J'étais entièrement prêt pour me présenter à la partielle, une candidature que je souhaitais annoncer aujourd'hui, mais la réconciliation avec Saad Hariri est plus importante que cent sièges parlementaires", a ajouté M. Rifi.
La députation de Mme Jamali avait été invalidée fin février par le Conseil constitutionnel, suite à un recours présenté par Taha Naji, candidat malheureux des Ahbache (islamistes prosyriens) qui se présentait sur la liste du député Fayçal Karamé. Vendredi dernier, le président Michel Aoun avait signé le décret de convocation du collège électoral pour la tenue des élections qui seront organisées selon le mode majoritaire.
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Saad Hariri et Achraf Rifi étaient à couteaux tirés depuis des années, après avoir été alliés. Leurs points de vues divergeaient autour de la gestion de nombreux dossiers, notamment la question des armes du Hezbollah et la guerre en Syrie voisine. Les deux hommes se sont réconcilés mardi, lors d'une rencontre tenue par l'ancien Premier ministre Fouad Siniora à son domicile.
M. Rifi a affirmé que ses convictions n'ont pas changé et qu'il continuera à militer contre les armes illégitimes (du Hezbollah, la seule milice à ne pas avoir été désarmée après la fin de la guerre civile, 1975-1990). "Les armes de ceux qui œuvrent pour le compte de l'Iran essaient de prendre le pouvoir sur l'Etat", a-t-il déclaré, précisant que ses invectives ne visent pas "la communauté chiite dans son ensemble". S'adressant encore sans le nommer au Hebzollah, il a appelé "tous ceux qui veulent lutter contre la corruption" à commencer par se pencher sur les "les milliards de dollars perdus aux douanes, à l'aéroport et dans le port de Beyrouth et à arrêter de blanchir des fonds et menacer le système bancaire". L'ancien ministre a encore ironisé que le parti chiite "accuse les sunnites de terrorisme et de corruption, alors que ce sont eux les corrompus et les terroristes".
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UN PAS DANS LE BON SENS !
22 h 36, le 14 mars 2019