Quatre auxiliaires de justice ont été arrêtés hier par les services de renseignements des FSI sur fond de pots-de-vin, de corruption et d’exercice de fonction à des fins illégales.
Les arrestations se fondent sur une action publique mise en mouvement par différents parquets d’appel, sachant que les fonctionnaires appréhendés, H.D., I.B., A.M. et A.Ch., sont en poste à Beyrouth, Baabda ou Zahlé. Une autre personne fait l’objet d’une action du parquet militaire, son dossier étant lié à des dossiers de militaires dont l’organisme judiciaire poursuit l’examen.
Selon une source informée, une des personnes arrêtées est employée à Beyrouth auprès de la chambre pénale de la Cour de cassation, et une autre travaille à Baabda auprès du parquet d'appel du Mont-Liban.
Contacté par L’Orient-Le Jour, le procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, a usé de son obligation de réserve, affirmant « ne pas vouloir dire un traître mot de ce qui a trait à des affaires faisant l’objet d’enquêtes secrètes ».
Une source judiciaire qui a requis l’anonymat affirme à L’OLJ que les fonctionnaires appréhendés ont profité de leur poste pour accomplir des formalités, octroyer des autorisations et émettre des décisions en imitant la signature des juges dont ils relèvent. Ils ont par exemple permis à des parents de prisonniers de rencontrer leurs proches et satisfait des demandes de mise en liberté de détenus, et ce en contrepartie de grosses sommes d’argent. Un avocat proche du Palais de justice de Beyrouth affirme même que « les fonctionnaires ont pu faire disparaître des dossiers traités par le parquet dans des affaires où l’action civile est inexistante, comme par exemple les affaires de trafic de stupéfiants ». « Ils peuvent les escamoter en les soustrayant à la pile de dossiers sur lesquels les juges se penchent lors des audiences et procès », explique l’avocat.
Selon d’autres sources, les fonctionnaires arrêtés feraient partie d’un réseau de courtiers et d’avocats. Même des juges seraient impliqués dans cette filière. À en croire les milieux proches du barreau de Beyrouth, le conseil de l’ordre des avocats aurait levé l’immunité de quatre avocates, autorisant ainsi leur poursuite.
Il reste qu’on perçoit un mécontentement chez les auxiliaires de justice quant à la manière dont leurs collègues ont été arrêtés. Ils se demandent pourquoi ce n’est pas l’Inspection judiciaire qui a pris en charge les enquêtes, estimant que pour rendre des comptes, leurs confrères auraient dû d’abord être convoqués par cet organisme ou être déférés devant le conseil de discipline. Il semble donc que les arrestations effectuées hier ne constituent que la première étape d’une lutte élargie contre la corruption au sein des palais de justice, à l’heure où les Libanais entendent parler, bien plus que d’habitude, de lutte anticorruption, sur fond de polémiques politiques parfois violentes.
Pour mémoire
Arrestation du garde du corps de la juge Ghada Aoun et d’autres personnes pour corruption
Des officiers des FSI interrogés pour fraude et trafic humain
commentaires (6)
Des seconds couteaux. On arrivera au sabre bientôt.
FRIK-A-FRAK
15 h 50, le 07 mars 2019