L'ancien ministre Ghazi Zeaïter . Photo tirée de page Facebook
L'ancien ministre Ghazi Zeaïter, député affilié au mouvement Amal, a affirmé vendredi avoir lui-même acheté des armes suisses qui, selon Berne, auraient disparu, assurant que ces armes sont bien utilisées pour sa sécurité personnelle, dans le cadre prévu dans le contrat passé à l'époque avec la partie suisse. La veille, la Suisse avait annoncé avoir suspendu toute livraison de matériel de guerre au Liban, après la disparition d'armes vendues à une tierce partie libanaise.
Dans un communiqué, M. Zeaïter a confirmé avoir acheté des armes suisses en 2016 lorsqu'il était ministre des Travaux publics dans le gouvernement de Tammam Salam, pour sa "protection personnelle". Il précise avoir fait cet achat avec "des fonds personnels", avoir distribué ces armes aux gardes du corps chargés de sa sécurité, sur ses trois lieux de domicile, à Beyrouth, Baalbeck et Hermel (dans la Békaa), "étant donné les risques sécuritaires et terroristes à la frontière entre la Syrie et le Liban". Le député de Baalbeck affirme que les autorités compétentes suisses l'avaient contacté afin de contrôler la présence et l'utilisation de ces armes, mais qu'elles avaient refusé de se rendre dans la Békaa à cet effet. Il a dès lors invité les personnes concernées au sein de l'ambassade suisse à prendre contact avec lui afin d'organiser tous les contrôles nécessaires, se disant "surpris par ce tapage médiatique concernant cette affaire".
Doutes sur "la destination finale des armes"
Dans son communiqué publié jeudi, Berne avait justifié sa décision par un risque élevé de transmission des armes vendues à des destinataires non souhaités. La décision avait d’abord été rendue publique par le secrétariat d’État suisse à l’Économie (SECO) puis confirmée en soirée par l’ambassadrice de Suisse à Beyrouth, Monika Schmutz Kirgöz. "La Suisse a décidé de ne plus livrer de matériel de guerre au Liban, tant qu’elle ne pourra pas contrôler la destination finale des armes vendues", a annoncé le SECO. Dans un communiqué, cette instance a indiqué que 10 fusils d’assaut et 30 pistolets-mitrailleurs avaient été fournis en 2016 au Liban, mais que lors d’un contrôle sur place en mars 2018, seules 9 armes avaient pu être retrouvées. Par l’intermédiaire de l’ambassade de Suisse à Beyrouth, le SECO a tenté à plusieurs reprises de retrouver la trace des 31 armes manquantes, sans succès. Selon le secrétariat d’État, cet armement était destiné exclusivement à des unités chargées de protéger des personnalités politiques, comme par exemple la garde républicaine libanaise. Et le destinataire final s’était engagé à ne pas céder les armes à des tiers sans l’accord écrit de la Suisse, qui était en outre autorisée à faire des vérifications sur place.
Une version des faits confirmée par Mme Kirgöz à la chaîne LBCI. "La décision de la Suisse est liée au fait qu’un ancien ministre libanais a acheté quarante armes à la Suisse, dont la plupart ont disparu. Or, il avait accepté lors de la signature du contrat que les autorités suisses puissent s’assurer que les armes n’ont pas été revendues ou données à des parties tierces", a-t-elle raconté. "Une délégation militaire suisse s’est alors rendue au Liban au printemps dernier pour effectuer l’inspection, mais n’a retrouvé chez l’ancien ministre que neuf des quarante armes en question", a ajouté Mme Kirgöz. "L’ancien ministre ne s’est pas montré coopératif et la délégation a dû rentrer en Suisse sans obtenir de réponses. Le responsable a ensuite été sollicité à deux reprises à ce sujet sans jamais révéler le devenir de ces armes", a souligné l’ambassadrice. "La décision d’interdiction de livraison d’armes prise par la Suisse touche à la vente d’armes aux responsables libanais, voire même à l’armée libanaise. Tout changement au niveau de cette décision devra être relié à une mise au point concernant la disparition des armes vendues à l’ancien ministre", a-t-elle dit.
Le SECO rappelle pour sa part que les deux précédentes inspections menées au Liban en 2013 et 2015 s’étaient déroulées sans incident. Mais il juge désormais que le risque d’une transmission de matériel de guerre à un destinataire final non souhaité est devenu élevé au pays du Cèdre.
Pour sa part, le ministre libanais de la Défense, Élias Bou Saab, a démenti jeudi soir que la Suisse ait livré des armes à destination de l'armée libanaise, avant que ces armes ne manquent à l'appel lors d'un contrôle. "Les informations attribuées à la Suisse et selon lesquelles des armes livrées à l'armée libanaise ont disparu sont fausses", a dit le ministre, dans des propos rapportés par des médias locaux. "Nous ne permettrons pas que l'armée libanaise soit prise à partie, et ceux qui veulent connaître la vérité peuvent s'adresser à l'ambassadrice de Suisse au Liban", a-t-il ajouté.
L’armée libanaise a également démenti dans un communiqué avoir déjà acheté ou obtenu des donations de matériel militaire suisse.
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L'ancien ministre Ghazi Zeaïter, député affilié au mouvement Amal, a affirmé vendredi avoir lui-même acheté des armes suisses qui, selon Berne, auraient disparu, assurant que ces armes sont bien utilisées pour sa sécurité personnelle, dans le cadre prévu dans le contrat passé à l'époque avec la partie suisse. La veille, la Suisse avait annoncé avoir suspendu toute livraison...
commentaires (17)
Combat contre la corruption avaient ils dit ? Cela rappelle Don Quichotte et les Moulins a Vent . Encore une bataille perdue d’avance.
Cadige William
14 h 34, le 23 février 2019