Deux jours avant le démarrage officiel du gouvernement, qui tient demain sa première réunion au palais de Baabda, les États-Unis ont réitéré leurs inquiétudes quant à une présence active du Hezbollah au sein du cabinet.
Reçue hier au Grand Sérail par le Premier ministre, Saad Hariri, à qui elle a présenté ses vœux à l’occasion de la formation du gouvernement, l’ambassadrice américaine, Elizabeth Richard, n’y est pas allée par quatre chemins pour rappeler que son pays n’acceptera pas un renforcement du rôle du parti de Hassan Nasrallah au plan interne.
« J’ai été très franche avec le Premier ministre au sujet de l’inquiétude des États-Unis face au rôle croissant au sein du gouvernement d’une organisation dotée d’une milice qui n’est pas soumise au contrôle de l’exécutif, qui continue de prendre ses propres décisions en matière de sécurité nationale, sachant que ces décisions mettent en danger le reste du pays, et qui continue de violer la politique de dissociation adoptée par le gouvernement, en participant à des conflits armés dans trois pays au moins », a dénoncé Elizabeth Richard à sa sortie du Sérail. Elle a averti que « cette situation est loin de favoriser la stabilité du Liban » et qu’elle représente, au contraire, « un facteur foncièrement déstabilisant ».
Non seulement le discours de la diplomate américaine renvoie aux propos que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, avait tenus en janvier dernier au Caire, lorsqu’il avait fait remarquer que la présence de la formation chiite était « devenue majeure au Liban », avant d’annoncer que son pays « n’acceptera plus ce statu quo », mais la fermeté de ton inhabituelle d’Elizabeth Richard au sujet du « rôle croissant » du Hezbollah peut être interprétée, à deux jours de la première réunion du gouvernement après le vote de confiance, comme une nouvelle mise en garde indirecte de Washington à l’équipe de Saad Hariri, à qui il a été spécifiquement demandé par les capitales occidentales de se conformer à la politique de distanciation.
(Lire aussi : Les USA préoccupés par le renforcement du Hezbollah au Liban)
Engagement en faveur du Liban
S’ils gardent ainsi le parti de Dieu dans leur ligne de mire, les États-Unis continuent cependant de faire la distinction entre ce dossier qu’ils lient à leur lutte contre la politique expansionniste de l’Iran dans la région et leur appui sans faille aux institutions libanaises. Une distinction également établie par le sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires politiques, David Hale, au cours de sa visite à la mi-janvier à Beyrouth, où, à son tour, il s’en était pris violemment à « l’organisation terroriste » du Hezbollah. M. Hale avait ainsi jugé inacceptable qu’il y ait « une milice agissant en dehors du giron de l’État, à laquelle toutes les composantes du peuple libanais doivent demander des comptes, qui creuse des tunnels et qui accumule un arsenal de centaines de missiles pouvant être une menace pour la stabilité ». Il avait néanmoins également assuré que son pays « soutient les institutions officielles libanaises, comme l’armée et les forces de sécurité ».
Cet engagement en faveur du Liban a été aussi réitéré hier par Mme Richard qui était accompagnée d’une équipe spécialisée de la chancellerie, pour sa première visite à M. Hariri après le vote de confiance. « Je garde l’espoir que le Liban ne déviera pas du processus de développement qui s’ouvre devant lui, de la voie du progrès qu’il a devant lui. C’est dans cet esprit que je suis accompagnée aujourd’hui d’une équipe de hauts fonctionnaires de l’ambassade des États-Unis, qui comprend notre directeur de l’USaid au Liban, notre attaché à la Défense, notre conseiller aux Affaires des réfugiés et notre conseiller pour les questions politiques et économiques », a poursuivi l’ambassadrice.
Elle a expliqué être venue avec son équipe examiner avec le Premier ministre « le soutien que son pays apporte au Liban dans les domaines de l’éducation et du développement, pour aider les communautés hôtes à mieux gérer les besoins apparus avec l’arrivée de réfugiés syriens, pour contribuer au renforcement de l’armée et au règlement d’une série de problèmes économiques difficiles ».
Lire aussi
Washington rejette une demande israélienne de sanctions contre le Liban, affirme « Haaretz »
Pour mémoire
Sanctions US contre le Hezbollah : des risques pour l’État libanais ?
Le Hezbollah désigné par les Etats-Unis comme organisation transnationale criminelle
commentaires (5)
Le renforcement de l'armée a-t-elle dit. Suis PDR! Avait-ekle des trémolos dans la voix? Lol. Elle mériterait l Oscar du film américain le plus long et le moins crédible.
Tina Chamoun
15 h 29, le 20 février 2019