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Liban - L’impact de l’affaire Georges Zreik

Charles Arbid appelle à une politique sociale responsable et une croissance « à visage humain »

Le président du Conseil économique et social (CES), Charles Arbid, a tiré hier la sonnette d’alarme au sujet de la gravité de la situation socio-économique et de son impact sur les Libanais. Entouré des membres du bureau et présidents des commissions du Conseil, il a notamment appelé le gouvernement, au cours d’une conférence de presse tenue au siège du CES, à engager une dynamique de dialogue social à l’échelle nationale.

M. Arbid s’est d’abord félicité de la formation du nouveau gouvernement « qui a apporté un souffle d’optimisme, assombri toutefois par l’immolation de Georges Zreik ». « Cet acte désespéré de la part d’un père éprouvé par son incapacité à pouvoir payer la scolarité de son enfant et lui assurer une éducation susceptible de lui offrir un avenir meilleur nous a profondement peinés et interpelle vivement nos consciences, a souligné M. Arbid. Le Liban tout entier est toujours sous le choc de ce drame tant il démontre des signes avant-coureurs de la gravité de notre situation et de l’urgence d’y faire face. »

« Nous estimons que le secteur de l’éducation est à la base de l’édification du Liban de demain, a déclaré M. Arbid. Les Libanais doivent être égaux au niveau du droit à l’éducation de leurs enfants. Et par le respect de ce droit, on peut réaliser une plus grande justice sociale et économique à l’avenir et atteindre un meilleur niveau de bien-être économique et social. La particularité du secteur éducatif, et c’est même à la base de sa raison d’être, est qu’il est supposé faire prévaloir la dimension morale et humaine face à l’exigence du profit matériel. »

Et d’ajouter : « Nous percevons les établissements scolaires du Liban, tant publics que privés, comme des lieux où l’homme apprend à se construire plutôt que comme des entreprises à but lucratif. Pour cette raison, il devient impératif à nos yeux de lancer le débat sur la question du coût effectif de l’éducation et d’enclencher une réflexion sur la solution la plus appropriée, susceptible de concilier entre la nécessité d’assurer à tous un enseignement moderne et de qualité, d’une part, et d’autre part, de permettre aux établissements scolaires de se maintenir et de se développer en modernisant leurs ressources humaines et matérielles ».

Une dynamique de réflexion

M. Arbid a ensuite souligné que le rôle du CES est surtout de lancer une dynamique de réflexion nouvelle et responsable sur les politiques éducatives en tant que pierre angulaire d’une stratégie sur le long terme, premier remède à l’insécurité sociale et à ses conséquenses négatives qui affectent tant les Libanais que l’avenir du pays. « Dans ce contexte, explique le président du CES, l’école officielle représente la seule garantie nationale à long terme, le meilleur bastion que l’on doit renforcer et consolider via une réorientation des dépenses publiques allouées à l’éducation, de manière à rénover ses bâtiments, ses laboratoires, et adapter ses ressources humaines. »

Et de poursuivre : « Partant, les directions des établissements scolaires sont appelées à délivrer les attestations de scolarité nécessaires aux inscriptions et à ne pas renvoyer des élèves en cas de défaut de paiement des frais afférents, car l’éducation est un droit pour tous, et finalement, il s’agit de se comporter fidèlement à l’esprit et aux valeurs de leur mission éducative et humaine. »

Le président du Conseil économique et social devait ensuite rappeler l’initiative lancée il y a un an par le CES visant à rassembler, lors d’une série de réunions, les représentants des écoles et des syndicats d’enseignants ainsi que le ministre de l’Éducation et le président de la commission parlementaire de l’Éducation, pour débattre sérieusement des enjeux du secteur éducatif au Liban et de ses défis futurs. « À ce propos, a souligné M. Arbid, il nous faut repenser les politiques publiques en fonction d’un rééquilibrage entre des politiques économiques susceptibles de relancer la croissance et des mesures sociales favorisant l’épanouissement des ressources humaines et entraînant une cohésion de toutes les composantes de la société autour d’un projet sociétal fédérateur. »

Élargir le dialogue social

Estimant que la répétition de faits sociétaux tragiques trouve sa cause dans la faiblesse du système de protection sociale et n’est pas liée aux valeurs éthiques d’une institution ou d’un individu, quand bien même l’ébranlement de ces valeurs affecte nécessairement la cohésion sociale, le président du CES devait rappeler que les droits sociaux fondamentaux sont liés de façon inhérente au concept de citoyenneté et ne doivent absolument pas être négligés.

Dénonçant la gravité de la situation socio-économique et l’état de misère, de désespoir et d’impuissance dans lequel est désormais plongée une grande partie de la population du fait de la pauvreté et du dénuement dans un contexte de crise économique devenue de plus en plus pesante pour nombre de Libanais, le Conseil économique et social a tiré la sonnette d’alarme quant à l’augmentation du chômage, qui entraîne pauvreté et désintégration sociale.

Le président Arbid devait insister à ce niveau sur la nécessité de mener la chasse au gaspillage et aux dépenses inutiles et de les réorienter vers les dépenses sociales considérées comme un investissement à long terme et dont l’objectif est de réaliser une croissance « à visage humain ».

Appelant enfin à la mise en place de politiques sociales largement inclusives, M. Arbid a affirmé que le CES ouvre désormais largement le débat sur la réalité sociale au Liban, « une dynamique que nous avons engagée il y a un certain temps et que nous poursuivons dans notre travail de tous les jours, de réflexion commune et de débats axés sur les problèmes sociaux et sectoriels du pays et les moyens de les solutionner ». « D’ailleurs dans cette perspective, nos comités planchent sur au moins cinq études spécialisées portant sur la politique de l’habitat, le chômage et la création d’emplois, les emplois liés aux nouvelles technologies, l’orientation et la formation professionnelle et technique... et bien d’autres », a ajouté M. Arbid.

Dans cet esprit là, a-t-il conclu, « nous invitons le nouveau gouvernement à nous soutenir en organisant des sessions extraordinaires destinées au dialogue social à l’échelle nationale, le Conseil économique et social mettant tout son potentiel à profit, car nous sommes tous embarqués sur le même radeau et également responsables ». « D’autre part, nous appelons à la solidarité nationale, en particulier dans ces moments difficiles, et nous faisons appel à la résilience exemplaire des Libanais pour les surmonter ensemble. Nous nous y engageons à fond et appelons à élargir les concertations et à ouvrir le dialogue pour inclure, outre le gouvernement, la société civile et toutes les ONG ayant une expertise et un engagement dans ce sens. »

Le président du Conseil économique et social (CES), Charles Arbid, a tiré hier la sonnette d’alarme au sujet de la gravité de la situation socio-économique et de son impact sur les Libanais. Entouré des membres du bureau et présidents des commissions du Conseil, il a notamment appelé le gouvernement, au cours d’une conférence de presse tenue au siège du CES, à engager une dynamique...

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