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À La Une - Reportage

Jihadistes : dans un village français, l'attente d'un retour de Syrie

Depuis 2014, les échanges de Quentin Le Brun avec ses parents, installés dans le Sud-Ouest, n'ont jamais été rompus, rythmés par l'annonce de naissances: trois enfants en Syrie après Noussaybah, 6 ans, partie de France avec ses parents.

Jacques Le Brun, un Français dont le fils, Quentin, a rallié le groupe État islamique (EI) en 2014 en Syrie. Photo AFP / ERIC CABANIS

Qu'il aille en prison, mais qu'il rentre, vivant, avec sa femme et leurs quatre enfants: c'est "l'attente" dans laquelle vit Jacques Le Brun, un Français dont le fils, Quentin, a rallié le groupe État islamique (EI) en 2014 en Syrie.

Toutes ces années, les échanges de Quentin avec ses parents, installés dans le Sud-Ouest, n'ont jamais été rompus, rythmés par l'annonce de naissances: trois enfants en Syrie après Noussaybah, 6 ans, partie de France avec ses parents. Jusqu'il y a "un mois et demi", quand le fils de 30 ans, retranché dans un des derniers bastions de l'EI, a dit vouloir se rendre. Un envoyé spécial de l'hebdomadaire Paris Match le découvrira, interné dans un camp des Forces démocratiques syriennes(FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par Washington.

Les parents espèrent maintenant que la famille soit dans le lot de la centaine de jihadistes dont le gouvernement français a annoncé le prochain rapatriement. Mais il n'y a "aucune information, aucun contact officiel" en ce sens. "Il ira surement en prison, et il en a conscience. Il le mérite un peu quand même", reconnaît le père, dans la maison familiale de Labastide-Rouairoux, un village encaissé dans une vallée pluvieuse du Tarn. "Je ne sais pas s'ils ont tourné la page de l'islam, mais de cet épisode oui, ils en sont revenus", ajoute-t-il.


(Lire aussi : Paris face au casse-tête du retour des Français de Syrie)


Un vivant, un mort

Difficile de faire le lien entre ce village, partiellement déserté depuis la fermeture des usines textiles, et les fantasmes de califat. Pourtant "il y en a deux qui sont partis, pour à peine 1.500 habitants, c'est énorme", s'étonne encore M. Le Brun qui vient, à 58 ans, de prendre sa retraite de chauffeur de poids lourds. "On les voyait passer, toujours avec leurs capuches sur la tête", se souvient un ancien boucher du village qui a connu le grand-père maternel de Quentin, un gendarme. L'autre était issu d'une des nombreuses familles maghrébines installées dans les années 60 pour faire tourner les exploitations de bois. "On a appris qu'il était mort" en Syrie, selon M. Le Brun. Le duo fréquente la petite mosquée locale, puis va chercher des mentors plus loin.

Le Sud-Ouest n'en a pas manqué, abritant dès les années 2000 la filière dite "d'Artigat", en Ariège, dans laquelle a gravité Mohammed Merah -- tueur en 2012 de sept personnes, dont trois enfants juifs -- et les frères Clain -- qui ont revendiqué au nom de l'EI les tueries du 13 novembre 2015 en France.

Selon son père, c'est à la mort du grand-père, dont il était proche, que Quentin entame une quête de sens qui le fera se convertir à l'islam, défendre le port du niqab par son épouse, Mériem, aujourd'hui 23 ans, puis gagner la Syrie en février 2014. "Je suis athée mais je me disais: s'il a trouvé sa voie, pourquoi pas", explique M. Le Brun, sous une photo des années 70, combi Volkswagen et filles blondes en short.


(Lire aussi : Après avoir rallié l'EI à 15 ans, elle veut rentrer en Allemagne)


"Ostracisés"

Il affirme n'avoir "fait aucun rapprochement avec le terrorisme". Les enquêteurs si, qui, à Toulouse où il finit par s'installer, surveillent Quentin et d'autres jihadistes. "On les a laissés partir", s'indigne son père. Une demi-douzaine rentrera rapidement, condamnés depuis à de la prison. Quentin, lui, est resté.

Avec deux compatriotes, il apparaît en novembre 2014 -- long visage fin, yeux bleus -- sur une vidéo de propagande de l'EI, brûlant son passeport et appelant les musulmans au ralliement.

Jacques Le Brun veut croire que son fils s'est tenu à l'écart des exactions, qu'il menait une vie "presque normale". Pour les enquêteurs, ce passionné d'informatique, dont l'aîné s'appelle Oussama, pourrait avoir été un propagandiste de l'EI. La diffusion de la vidéo et les attentats de Paris mettent ses proches sur la défensive: la mère lutte pour garder son emploi, le plus jeune de la fratrie est harcelé au collège, voit un psychologue. "Ils sont ostracisés", assure une habitante.

"Ce n'est pas forcément une bonne idée de rapatrier ces jihadistes, ils peuvent recommencer", juge dans sa pizzeria du village, Laurent Montagon, 53 ans. Pour lui, "s'il revient, ca va faire peur aux gens ici, créer de l'insécurité". Mais Jacques Le Brun est déterminé à récupérer ses petits-enfants pour "les éloigner de tout ça", même s'il faut attendre: "On sait déjà que, s'ils rentrent, ils seront d'abord placés dans des familles d'accueil".


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Qu'il aille en prison, mais qu'il rentre, vivant, avec sa femme et leurs quatre enfants: c'est "l'attente" dans laquelle vit Jacques Le Brun, un Français dont le fils, Quentin, a rallié le groupe État islamique (EI) en 2014 en Syrie.Toutes ces années, les échanges de Quentin avec ses parents, installés dans le Sud-Ouest, n'ont jamais été rompus, rythmés par l'annonce de naissances:...

commentaires (2)

Voilà, le poussière tombe sur cet honteux COMPLOT, qu'on ne vienne pas me dire que le gvnmt de hollandouille n'était pas au courant, il a lui même qualifié ces bactéries de combattants de la liberté qui se rendaient en Syrie. Maintenant que ce se gâte pour eux, on plus présente les choses comme pour nous sensibiliser sur leur triste sort de criminels QUE L'OCCIDENT a BERNÉ.

FRIK-A-FRAK

20 h 13, le 09 février 2019

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Commentaires (2)

  • Voilà, le poussière tombe sur cet honteux COMPLOT, qu'on ne vienne pas me dire que le gvnmt de hollandouille n'était pas au courant, il a lui même qualifié ces bactéries de combattants de la liberté qui se rendaient en Syrie. Maintenant que ce se gâte pour eux, on plus présente les choses comme pour nous sensibiliser sur leur triste sort de criminels QUE L'OCCIDENT a BERNÉ.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 13, le 09 février 2019

  • Qu'ils ne rentrent pas en France c'est mieux. Ils ont déchiré leurs passeports français, qu'ils l'assument. Si cela est leur voie, qu'ils l'assument également.

    Un Libanais

    18 h 48, le 09 février 2019

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