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Liban - Diplomatie

Pernille Dahler Kardel fait ses adieux au Liban, « un pays qui marque »

C’est aujourd’hui que Pernille Dahler Kardel quittera définitivement le Liban après y avoir occupé le poste de coordinatrice spéciale de l’ONU. Mme Kardel achève ainsi un mandat qui a commencé en novembre 2017 en catastrophe, après la désignation de celle qui occupait le poste, Sigrid Kaag, comme ministre dans son pays, la Hollande. Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a été ainsi contraint de lui trouver une remplaçante et le choix s’est porté sur la Danoise Mme Kardel, qui avait auparavant été en mission pour le compte de l’ONU en Afghanistan après avoir été ambassadrice de son pays en Égypte.

Au total, Pernille Dahler Kardel sera restée au Liban 14 mois, ce qui est sans doute l’une des missions les plus courtes. Mais comme elle y était arrivée en remplacement d’urgence, elle cède désormais le poste à un diplomate slovaque, Jan Kubis, qui devrait arriver à Beyrouth dans la première quinzaine de février. Comme elle, M. Kubis a déjà occupé des postes diplomatiques en Afghanistan mais aussi en Irak. Avant de quitter le Liban, Pernille Dahler Kardel a pris le temps d’exprimer son attachement à ce pays qu’elle n’a peut-être pas eu le temps de bien connaître mais qui, dit-elle, l’a marquée. Selon elle, la diversité au Liban est un bien précieux qu’il faut préserver, même si la vie politique y est compliquée en raison notamment de toutes les subtilités et les nuances dues justement à la diversité et en raison du contexte régional difficile. Au cours de ses 14 mois passés au Liban, Mme Kardel a tissé des relations avec toutes les parties libanaises, dans une tentative de mieux comprendre les motivations de chacune. Elle a aussi noué des liens avec le monde de la presse qui lui est d’ailleurs familier puisqu’elle a épousé un journaliste américain.

Ceux qui l’ont connue précisent qu’elle est une excellente auditrice, posant des questions pointues dans un souci de mieux comprendre la situation libanaise, en écoutant attentivement les réponses de ses interlocuteurs. Aimable et souriante, elle n’en est pas moins une diplomate aux positions fermes et claires qui n’hésite pas à donner son opinion même si celle-ci peut déplaire à ses interlocuteurs.

Au cours de son mandat au Liban, Pernille Dahler Kardel a dû affronter la crise entre les responsables libanais et les institutions internationales, notamment le HCR, au sujet des déplacés syriens. On se souvient en effet du conflit qui a opposé les responsables libanais au Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, lorsque les premiers ont voulu déclencher un processus de retour, même en petit nombre, de déplacés syriens chez eux, dans les régions devenues sûres, alors que l’organisation internationale y était opposée et cherchait à l’entraver. Le Liban avait en effet décidé de passer outre l’opposition de la communauté internationale en entamant un processus de retour dirigé par la Sûreté générale, alors que le HCR essayait de son côté de décourager les déplacés, en évoquant les contraintes qui les attendaient en Syrie, si le processus du retour n’avait pas l’aval de la communauté internationale.


(Lire aussi : Le Slovaque Jan Kubis nommé coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban)


Tout au long de cette crise qui avait même poussé le ministère des Affaires étrangères à ne pas renouveler les permis de séjour de certains fonctionnaires du HCR ou à ne plus en accorder de nouveaux, la coordinatrice spéciale de l’ONU a évité de faire des déclarations à la presse, préférant agir dans la discrétion en utilisant son savoir-faire diplomatique, d’abord pour éviter que la crise se développe et se généralise et ensuite pour tenter de la régler sans qu’elle laisse des séquelles sur les relations entre le Liban et l’ONU. Pernille Dahler Kardel avait tenu compte des arguments du Liban qui estimait que le poids d’un si grand nombre de déplacés syriens sur son territoire était devenu insupportable sur plusieurs plans. Mais, en même temps, elle expliquait à ses interlocuteurs que l’ONU ne pouvait pas se permettre de traiter à la légère le sort des déplacés s’ils rentrent dans leur pays sans garanties de sécurité, sans avoir de maisons ni de moyens de subsistance. C’est une question, à ses yeux, de responsabilité humaine et pas seulement politique. De plus, la position de l’ONU est tributaire de la décision des pays donateurs. L’organisation internationale gère en quelque sorte les fonds accordés par la communauté internationale et elle doit prendre en considération leur opinion. Après avoir éclaté au grand jour pendant une courte période, la crise a donc été circonscrite et les divergences sont en train d’être abordées dans un climat de compréhension réciproque.

Au cours de ses 14 mois passés au Liban, Mme Dahler Kardel a assisté aux élections législatives sur lesquelles elle a beaucoup misé parce qu’elles montrent que la démocratie continue de fonctionner au Liban, en dépit des couacs. Elle a aussi participé à l’organisation de trois conférences internationales pour le Liban à Rome, Bruxelles et Paris. Et elle a donné son rapport au secrétaire général pour le renouvellement du mandat de la Finul qui a eu lieu sans modification, malgré les manœuvres de certaines parties.

À la veille de son départ, elle ne cache pas sa tristesse de quitter le Liban avant d’avoir vu la naissance d’un nouveau gouvernement, qui permettrait à ce pays de mieux profiter de l’aide internationale pour relancer son économie et ses institutions. Au cours de sa tournée d’adieux auprès du chef de l’État et du Premier ministre désigné, elle a bien sûr abordé la question de l’application de la résolution 1701 en cette période trouble, mais elle a surtout transmis un message d’espoir aux Libanais sur la volonté de l’ONU de poursuivre le partenariat et la coopération avec leur pays. À la question de savoir si elle a un conseil particulier à donner à son successeur à Beyrouth, Pernille Dahler Kardel évite de répondre directement, précisant qu’en 14 mois, elle s’est attachée au Liban. « Ce pays fait partie de ceux qui vous marquent et qui restent dans votre esprit et votre cœur, même lorsque vous les quittez », dit-elle. Mme

Kardel s’apprête à prendre un congé de quelques mois à New York, mais elle confie qu’elle continuera à suivre les nouvelles du Liban, de loin...


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