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Culture

Ils l’ont côtoyé et ils témoignent

Soixante ans après son premier passage à Cannes, Georges Nasser foulait le tapis rouge. Photo DR

Ghassan Koteit, directeur du département cinéma de l’ALBA, Université de Balamand

Au-delà de sa carrière de cinéaste et de pionnier, Georges Nasser a marqué particulièrement tous ses étudiants de l’Académie libanaise des beaux-arts, Université de Balamand. La nécessité de mettre son œuvre et sa vie en lumière s’est imposée à nous, surtout que ses films étaient encore méconnus. L’ALBA a alors décidé de lui consacrer une publication que j’ai dirigée : Georges Nasser, le cinéma intérieur est un ouvrage de recherche, mais aussi d’entretiens, présentant par ailleurs les contributions de plusieurs critiques et chercheurs sur ses films. Les recherches ont pris plusieurs mois, avec des visites à la Bibliothèque nationale de France, une exploration de la presse de l’époque, des archives du Festival de Cannes et surtout de passionnantes archives photographiques de Georges Nasser lui-même. Sa vivacité d’esprit et sa mémoire, à 90 ans, étaient impressionnantes. Sa vie elle-même était un film. À travers ses actions et ses mots, ce que nous retiendrons, c’est sa passion du cinéma. Une passion absolue, presque sacrificielle.

Antoine Waked (Abbout Productions), réalisateur

J’étais son élève et c’était un véritable maître. Il avait certes un caractère particulier, mais il en imposait. On sentait qu’il plantait des idées chez les étudiants, lesquelles ont certainement germé depuis. Tout ce qu’il voulait transmettre, c’était sa passion du cinéma. C’est dommage que ses trois films de fiction (des films d’auteur) n’aient pas trouvé à l’époque leur place au Liban. Lorsque je l’ai croisé une fois à l’université, il m’a demandé ce que je faisais, je lui ai répondu que j’étais chez Abbout, la maison de production de Georges Shoucair. Il a été intéressé de le rencontrer. On s’était donné rendez-vous au bureau. Georges a été ravi de cette rencontre. « Comment cet homme si prolifique, ce maître à penser dans le 7e art était-il si méconnu du public libanais ? » Il fallait pour cela le refaire découvrir. C’est ainsi que l’idée d’un documentaire est née. Un certain Nasser a été réalisé par Badih Massaad et moi-même. Il a été suivi par la restauration de son film Ila ayn ?

Myriam Sassine, productrice

Georges Nasser était la joie de vivre incarnée car il possédait ce feu vivant en lui : la passion cinéma. J’ai eu le privilège d’être son élève et de travailler par la suite sur le projet de restauration de son film Ila ayn ?, qui traite avec une poésie infinie les thèmes très contemporains de l’émigration et de l’exil. Soixante ans après sa sélection officielle au Festival de Cannes en 1957, Abbout Productions et la Fondation Liban Cinéma avaient donc présenté une copie nouvellement restaurée d’Ila ayn ? (Vers l’inconnu ?) de ce pionnier du cinéma libanais. Elle a été projetée dans la prestigieuse section Cannes Classics dans le cadre de la 70e édition cannoise. Les travaux de restauration qui ont été réalisés par Neyrac Films-France à partir de la copie originale marron 35 mm ont été faits sous sa surveillance. Toujours vigilant et pointilleux sur les détails, il était d’un perfectionnisme admirable.

Mir-Jean Bou Chaaya, cinéaste

C’était mon mentor. Mon maître spirituel. Il m’a tout appris, et aujourd’hui, je ne peux voir un set ou un matériel de tournage sans penser à lui. Il aurait dit ceci. Il aurait fait cela. Son intransigeance fut pour moi une leçon de cinéma. En 2017, il bataillait pour voir naître Aux yeux des hommes, un scénario écrit en 1959, qui avait intéressé Kabreet Productions. Mon court métrage Film kbir était né d’une longue interview avec lui. Lequel a donné naissance par la suite à Film ktir kbir. Il m’avait inspiré le début de l’histoire et ne cessait de suivre le développement de l’écriture. Ces longues conversations dans son appartement à Hamra, où l’on sirotait un whisky avec une tranche de pomme dans le verre, me manqueront. Je savais dernièrement qu’il écrivait un film, Elle et lui. Mais qui pourra tourner ce film encore sans le souffle de Georges Nasser ?

Marie-Louise Élia, cinéaste

J’enseigne le cours « Langage filmique et technique cinéma », et j’étais son assistante à l’ALBA. J’avais une profonde admiration pour lui et surtout pour sa passion pour les films et sa manière de parler de ses expériences. Georges Nasser a été un maître à penser qui a beaucoup marqué mon parcours. Je réalise en regardant en arrière que malgré le savoir qu’il possédait et toute son expérience, il avait gardé une authenticité inaltérée. Un exemple de vie rare, à suivre.

Mohammad Sabbah, cinéaste

Il était ma première rencontre avec un réalisateur passionné, voire obsédé du cinéma. Il m’a transmis cet amour et m’a appris à penser en images. Grâce à lui, je sais que les compromis n’ont pas de place dans ma vie et que « le cinéma ne pardonne pas ». Mais également que les idées sont des cadeaux qu’il faut bien savoir chérir et nourrir. Ayant été son assistant et donnant à présent le cours « Mouvement caméra » à l’ALBA, je suis aujourd’hui convaincu que le cinéma est transmission, passation et partage.

Ghassan Koteit, directeur du département cinéma de l’ALBA, Université de BalamandAu-delà de sa carrière de cinéaste et de pionnier, Georges Nasser a marqué particulièrement tous ses étudiants de l’Académie libanaise des beaux-arts, Université de Balamand. La nécessité de mettre son œuvre et sa vie en lumière s’est imposée à nous, surtout que ses films étaient encore...

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