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Liban - Sommet économique arabe de Beyrouth

Polémique Berry/Hariri au sujet de la Libye

Seuls cinq dirigeants arabes feront le déplacement au Liban.

L’entrée de la Seaside Arena où le sommet se tiendra dimanche. Mohammad Azakir/Reuters

C’est un Liban officiel divisé et en désaccord sur plusieurs points relatifs à la politique interne et étrangère du pays, qui s’apprête à accueillir le sommet économique arabe de Beyrouth, dimanche.

Une polémique a ainsi éclaté hier entre le Premier ministre désigné Saad Hariri, et le président du Parlement, Nabih Berry, au sujet de la Libye, qui avait, comme on le sait, annoncé lundi qu’elle boycottait le sommet après la levée de boucliers du mouvement Amal, que préside Nabih Berry, contre sa participation aux assises arabes.

L’absence de la Libye, qui avait été houspillée par Amal à cause de l’affaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr et de ses compagnons, en août 1978 à Tripoli, a été « regrettée » par M. Hariri dans le discours qu’il a prononcé au Forum arabe du secteur privé, qui s’est déroulé hier au siège de la Fédération des Chambres arabes de commerce. « En cette occasion, je ne peux qu’exprimer mes regrets profonds pour l’absence de la Libye à ce Forum et assurer que les rapports entre (des États) frères devraient transcender toutes atteintes », a déclaré Saad Hariri.

La réponse du président de la Chambre ne s’est pas fait attendre. « Ce qui est désolant, mais vraiment désolant, ce n’est pas l’absence de la délégation libyenne, mais celle d’une délégation libanaise par rapport à un préjudice fondamental porté depuis plus de quatre décennies au Liban, tout le Liban », a-t-il affirmé.

Toujours dans son discours au Forum arabe du secteur privé, auquel le ministre de l’Économie, Raëd Khoury (CPL), avait aussi assisté, M. Hariri avait conclu sur une note badine, en relevant que ses propos se rapprochaient de ceux du ministre. « Cela serait peut-être dû au rapprochement entre le courant du Futur (qu’il préside) et le CPL qui a, semble-t-il, rendu fous beaucoup de gens », a-t-il lancé.

Une phrase de trop pour la présidence de la Chambre, qui s’est apparemment sentie visée par cette remarque. Le bureau de presse de M. Berry s’est empressé de publier un communiqué, dans lequel il a estimé que « l’allégation selon laquelle le rapprochement entre le courant du Futur et le CPL a rendu fous beaucoup de gens est absolument infondée. Au contraire, il est dans l’intérêt du Liban et de tous les Libanais qu’il y ait un rapprochement entre toutes les forces et les courants politiques », selon le texte qui ajoute que « le mouvement Amal en particulier ne fait que promouvoir l’unité entre toutes les composantes du pays ». « Mais lorsque nous sentons que ce rapprochement s’établit à nos dépens, aux dépens de nos droits et des causes sacrées que nous défendons, comme celle de l’imam Sadr, (…) avec l’insistance à inviter (au sommet économique de Beyrouth) le régime libyen qui ne coopère pas dans l’affaire Sadr, nos jeunes ne peuvent qu’accomplir leur devoir », a indiqué le bureau de presse de la présidence de la Chambre en ajoutant : « Ils n’ont pas besoin d’attendre une alliance ou une entente avec qui que ce soit aussi haut placé soit-il. »

Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert et le comte de Vauban au Liban

Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a apporté son grain de sel à toute la polémique autour de la participation de la Libye et, avant elle, la participation de la Syrie, souhaitée par Amal et le Hezbollah, en écrivant sur son compte Twitter : « Dernière minute : le secrétariat général de la Ligue arabe a proposé au Liban d’inviter Louis XIV, une proposition qui a été grandement saluée dans les milieux officiels. » Un peu plus tard, il ajoutait, toujours sur Twitter : « Nos sources ont appris que Jean-Baptiste Colbert, ministre des Finances de Louis XIV, fera partie de la délégation, ce qui est extrêmement important pour que les responsables apprennent comment Colbert a créé et développé les industries nationales et les a protégées de la concurrence, faisant ainsi de la France une puissance économique. Je crois que sa présence est importante avant la conférence CEDRE. »

Poursuivant sur la même lancée, il a écrit dans un autre tweet : « Le comte de Vauban, grand expert chez Louis XIV dans la construction de forteresses et de châteaux forts, pourrait aussi visiter le Liban. Il a cependant préféré ajourner sa visite après avoir appris par une délégation du Hezbollah que les fortifications actuelles sont suffisantes et que les tunnels sont prêts. Il n’est donc nul besoin de le déranger, à moins qu’il n’insiste pour inspecter le château de Beaufort, initiative pour laquelle nous le remercions. »

C’est donc dans ce cadre de tension à peine voilée que se poursuivent les préparatifs du sommet de Beyrouth où les représentants des délégations arabes ont commencé à arriver hier. Il s’agit en particulier des responsables chargés des comités préparatoires du sommet, représentant au total les 22 pays de la Ligue arabe, et qui ont pour mission de rédiger l’ordre du jour et les communiqués du sommet. Ils seront suivis à Beyrouth dès demain par les ministres arabes des Affaires étrangères, de l’Économie et des Affaires sociales, qui devraient se réunir vendredi à l’hôtel Phoenicia. Cela avant l’arrivée des chefs de délégation qui participeront dimanche au sommet, dont la durée sera d’une seule journée.

Abbas s’excuse auprès de Aoun

Selon notre correspondante au palais de Baabda, Hoda Chédid, seulement cinq dirigeants arabes vont prendre part au sommet. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui avait été le premier à confirmer sa présence au sommet, s’était excusé de ne pouvoir y assister et, hier, c’est le président palestinien Mahmoud Abbas qui a fait savoir à son homologue libanais, Michel Aoun, qu’il ne pourra pas être ce week-end au Liban parce qu’il sera à New York où il doit présider le Groupe des 77, une coalition de pays en voie de développement, + la Chine et que la délégation palestinienne sera présidée par le Premier ministre, Rami Hamdallah. Outre les cinq dirigeants arabes dont l’identité n’a toujours pas été précisée par le comité organisateur du sommet, la représentation arabe aux réunions de la Seaside Arena sera au niveau de Premiers ministres ou de ministres. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn seront représentés par des ministres.

Les comités de suivi tiendront demain une réunion préparatoire qui sera suivie d’une conférence ministérielle. Les délégations arriveront samedi à Beyrouth. Le président de la Chambre est en tête de la liste des 400 invités à l’ouverture du sommet, mais on ignore toujours s’il y participera. De sources proches de Aïn el-Tiné, on indique que Nabih Berry ne devrait pas avoir de problèmes à se rendre à la Seaside Arena, maintenant que la Libye n’y sera pas présente. Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui sera présent au sommet a déjà soumis le communiqué final au président de la Chambre qui a formulé son avis. M. Berry a également fait des observations au sujet du communiqué politique préparé par le Liban, en tant que pays hôte, au sujet des réfugiés syriens et palestiniens.

C’est un Liban officiel divisé et en désaccord sur plusieurs points relatifs à la politique interne et étrangère du pays, qui s’apprête à accueillir le sommet économique arabe de Beyrouth, dimanche.Une polémique a ainsi éclaté hier entre le Premier ministre désigné Saad Hariri, et le président du Parlement, Nabih Berry, au sujet de la Libye, qui avait, comme on le sait, annoncé...

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