Déjà qu’avec la crise gouvernementale nos ministres n’en fichent pas une rame, il leur restait la météo! Depuis quelques jours, c’est raté.
C’est fou comment chaque année à la saison froide, le pays vire Calcutta : trombes d’eau noyant les routes et transformant les autos en énormes étrons flottants ; sacs poubelle venant boucher les filtres des centrales électriques branlantes, venus à point nommé pour justifier un surcroît de rationnement du jus ; effondrement à même l’asphalte des crevasses et fondrières, pudiquement qualifiées de nids de poule… Bon, les infrastructures déglinguées, tout le monde connaît ici et on ne va pas broder éternellement dessus. C’est à l’image du pays et de ses chefs et ça ne bougera jamais.
Petite parenthèse : si seulement il pouvait se trouver quelqu’un pour expliquer aux planqués qui pantouflent dans les stations météo que les tempêtes, contrairement aux cyclones, typhons et ouragans, ne portent pas de nom, qu’on ne peut pas les affubler à tout va et n’importe comment d’appellations puisées dans les patronymes du terroir, façon Alexa, Zeina, Tante Latifé ou autres Norma, et que ces sobriquets farfelus sont déjà regroupés sous un nom plus commun qu’on appelle « l’hiver ». Petit rappel aussi à l’adresse des ploucs qui croient vivre des événements diaboliques : nous sommes en janvier…
Pendant ce temps, les nababs de la politique sont ailleurs. Trop occupés, semble-t-il, à tirer des plans sur la comète dans la perspective d’un nouveau gouvernement. Sans compter ceux qui sont prêts à s’écharper pour les portefeuilles tiroir-caisse, pudiquement appelés « ministères de service ». Service personnel, sans doute. Pire encore, maintenant qu’on a jeté en pâture aux affamés l’idée d’un cabinet de technocrates, voilà les grands commerçants, industriels, médecins ou banquiers qui frétillent à l’idée de devenir ministres, sans même se douter – du moins pour ceux d’entre eux qui ont réussi – qu’il s’agit d’une régression mentale.
Heureusement qu’il nous reste encore en réserve quelques calamités pires que la fougueuse Norma : les bravades israéliennes au Liban-Sud, les fanfaronnades locales pour les stopper, le brusque retour de flamme d’Istiz Nabeuh pour les Syriens… Voilà de vraies vacances d’hiver pour un gouvernement vacant.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
Super comme article mais s’il vous plaît ne faites pas ce qu’on reproche aux autres de faire. On s’insurge lorsqu’on dit d’une ville en guerre que c’est un autre Beyrouth. Je ne connais pas Clacutta mais je me garderais une gêne avant de pointer du doigt ce qu’on pense être des endroits arriérés. N’avons-nous pas nous mêmes touché le fond du baril?
Michael
21 h 17, le 12 janvier 2019