Rechercher
Rechercher

À La Une - Etats-Unis

Un an après, Time's Up prend racine, mais beaucoup reste à faire

Pour Lisa Borders, aujourd'hui directrice générale de Time's Up ("C'est fini"), tout a vraiment basculé le 7 janvier, lorsqu'Oprah Winfrey a pris la parole lors de la cérémonie des Golden Globes

La célèbre présentatrice américaine, Oprah Winfrey. Photo d'archives AFP

Parole libérée, mobilisation renforcée, solidarité émergente, les effets du mouvement Time's Up, lancé il y a un an, sont bien réels dans le monde du divertissement mais aussi au-delà, même si la tâche reste immense.

Il y a eu ce manifeste, signé par 300 femmes de Hollywood, le 1er janvier 2018, qui appelaient à "un changement de perception et de traitement des femmes dans notre société".
Mais pour Lisa Borders, aujourd'hui directrice générale de Time's Up ("C'est fini"), tout a vraiment basculé le 7 janvier, lorsqu'Oprah Winfrey a pris la parole lors de la cérémonie des Golden Globes, dont l'édition 2019 a lieu dimanche. "Une aube nouvelle se profile", a lancé la célèbre présentatrice.

Un an après, Time's Up a levé plus de 22 millions de dollars pour son fonds de soutien juridique, qui a déjà bénéficié à 4.123 victimes de harcèlement et d'agression sexuelle au travail. "Au niveau de la prise de conscience du public, il y a du progrès", estime Ellen Kossek, professeur de management à l'université de Purdue, évoquant les évictions médiatisées de dizaines d'hommes de pouvoir.
A Hollywood, plusieurs polémiques sur la disproportion des rémunérations (Claire Foy et Michelle Williams) ont alimenté le débat sur la discrimination entre hommes et femmes. Selon une enquête du Centre d'étude des femmes dans l'industrie du cinéma et de la télévision, la proportion de femmes travaillant derrière la caméra dans le milieu a progressé de deux points l'an dernier, mais n'atteint toujours que 20%, contre 51% dans la population totale.

Dès le départ, Time's Up entendait aller bien au-delà des frontières du microcosme d'Hollywood et soutenir notamment les employées peu qualifiées. Time's Up a reversé 750.000 dollars à plusieurs associations de terrain, dont l'Alianza Nacional de Campesinas, qui représente les travailleuses agricoles, pour beaucoup d'origine hispanique.
"Le potentiel est beaucoup plus grand quand vous avez les ressources", souligne Mily Trevino-Sauceda, directrice exécutive de l'Alianza, qui a levé, en un an, plus d'un million de dollars, après avoir fonctionné durant des années avec "pas grand-chose".
L'association va pouvoir embaucher ses premiers salariés et poursuivre son travail auprès notamment des ouvrières agricoles victimes de harcèlement sexuel. Elle milite aussi auprès des exploitants pour qu'ils se saisissent du sujet.
"Il y a encore des entreprises bornées qui pensent que ce sont les femmes qui sont responsables de ces problèmes", explique Mme Trevino-Sauceda, qui a elle-même été victime de harcèlement et d'agression à plusieurs reprises.
"Mais certaines envisagent de faire former à la question leurs surveillants, même si elles le font parce qu'elles ont peur" d'être tenues pour responsables d'éventuels cas d'abus sexuels, dit-elle.
Dans tous les secteurs, "beaucoup de sociétés ont recours à des consultants pour des formations sur le harcèlement sexuel", mais elles n'en évaluent pas l'efficacité, regrette Ellen Kossek.


(Pour mémoire : Fureur contre Trump, accusé de minimiser les accusations contre le juge Kavanaugh)


"Pouvoir collectif"
Même si les comportements n'évoluent que lentement en entreprise, la déferlante Time's Up, combinée au mouvement #MeToo, a libéré la parole des femmes. "Elles sont davantage prêtes à parler", observe Mily Trevino-Sauceda.
"C'est le pouvoir collectif, cette voix collective qui a poussé les gens à évoquer ce qu'ils avaient vécu", explique Monica Ramirez, responsable des campagnes pour l'égalité des sexes au sein de l'Alliance nationale des employés de maison (NDWA). "Je n'avais jamais vu ça." Pour elle, la question du harcèlement est indissociable de celle des inégalités entre hommes et femmes, "parce que nous savons que les femmes rencontrent différentes formes de discrimination autres que le harcèlement sexuel".
La bataille se joue donc aussi sur le terrain politique, qu'ont davantage investi les associations.

"Ce qui a aussi aidé cette année, c'est que de plus en plus d'organisations ont cherché à collaborer", s'enthousiasme Mily Trevino-Sauceda. "Il ne s'agissait plus seulement de partager, mais de devenir partenaires."
Fin avril, grande première, l'Alianza et la NDWA ont fait délégation commune pour aller rencontrer des parlementaires à Washington et plaider pour un élargissement des textes en matière de harcèlement au travail. La NDWA se réjouit de la présentation, prévue cette année, d'un projet de loi soutenu notamment par la sénatrice démocrate Kamala Harris, pour renforcer les droits des employés à domicile.
"Avant l'an dernier, il n'y avait pas de débat public sur le fait que les employés à domicile ne bénéficiaient pas des mêmes droits que les autres travailleurs", insiste Monica Ramirez. Elle attend beaucoup de la nouvelle Chambre des représentants.
"Pour beaucoup d'entre nous", dit-elle, "le fait que des femmes aient été élues nous donne l'espoir de progrès pour les femmes et les filles aux Etats-Unis."


Lire aussi

N’oubliez pas les femmes

En Norvège, un ministre démissionne au profit de la carrière de sa femme


Pour mémoire

Harcèlement sexuel : départ du patron de l'animation chez Disney

Parole libérée, mobilisation renforcée, solidarité émergente, les effets du mouvement Time's Up, lancé il y a un an, sont bien réels dans le monde du divertissement mais aussi au-delà, même si la tâche reste immense.Il y a eu ce manifeste, signé par 300 femmes de Hollywood, le 1er janvier 2018, qui appelaient à "un changement de perception et de traitement des femmes dans notre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut