Le président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), Béchara Asmar, a demandé jeudi aux Libanais de faire la grève en restant chez eux demain vendredi, afin de protester contre le blocage de la formation du gouvernement, attendu depuis plus de sept mois, et ses répercussions sur la situation économique et financière du pays.
A l'issue d'une réunion avec une délégation du bloc de la Rencontre démocratique du chef druze Walid Joumblatt, M. Asmar a affirmé qu'il était nécessaire de participer à la grève de vendredi, mais a demandé aux Libanais de "rester à la maison et de ne pas descendre dans la rue". Il a en outre appelé tous les responsables à coopérer, soulignant la nécessité d'accélérer la formation du gouvernement.
Le bloc "était et restera avec les personnes vulnérables", a déclaré le député Bilal Abdallah au nom de la délégation. "Le bloc soutient la CGTL dans la sauvegarde du rôle de l'Etat", a-t-il ajouté.
Plusieurs organisations, principalement des syndicats, ont annoncé leur intention de participer à la grève générale programmée demain pour protester contre le blocage de la formation du gouvernement, qui aurait dû être formé après les législatives libanaises de mai 2018.
"Cette initiative a été lancée suite à une réunion entre le comité de coordination syndicale, les ligues qui représentent les enseignants et les fonctionnaires, la société civile et le parti Sabaa (NDLR : issu de la société civile), avait précisé mercredi M. Asmar. Cette grève ne vise personne en particulier".
Jeudi, le président de la Fédération des Chambres de commerce, Mohammad Choucair, a toutefois appelé les entreprises à ne pas répondre à l'appel à la grève générale, considérant que la journée de vendredi était une journée "normale" de travail. S'interrogeant sur les "véritables motivations" des organisateurs du mouvement de grève, M. Choucair explique que cette grève porterait un coup à l'activité économique du pays, "déjà faible".
"Le peuple a faim"
M. Asmar a ensuite reçu le président des Kataëb, Samy Gemayel, à la tête d'une délégation. "Notre principale demande est qu'un gouvernement soit formé immédiatement pour sauver le peuple libanais, a déclaré M. Asmar. Nous coopérons avec tout le monde et demandons à tous les responsables de coopérer entre eux pour la formation d'un gouvernement". "Le gouvernement sera le début de la solution", a-t-il assuré.
"Nous sommes arrivés à (la situation) contre laquelle nous avions mis en garde il y a maintenant un an, a affirmé de son côté M. Gemayel. Le peuple a faim et l'économie est sur le point de s'effondrer. Est-il acceptable que nous n'ayons pas un gouvernement à cause d'un ministre?"
Le chef des Kataëb a en outre réitéré son appel à former un gouvernement de technocrates. S'adressant aux responsables politiques, il a déclaré : "Formez un cabinet qui s'occupe des affaires de la population et dans le même temps, discutez entre vous autant que vous voulez. Lorsque vous aurez réglé vos problèmes formez alors le cabinet que vous souhaitez", a-t-il ajouté.
M. Gemayel a aussi estimé que "le cri d'alarme" de la CGTL "est un début". "Plus la douleur augmentera plus le cri augmentera", a-t-il ajouté affirmant se tenir "aux côtés" de la CGTL. "L'appel à la grève de la part de citoyens ne doit pas être politisé, et nous, en tant qu'opposition sommes aux côtés du peuple et de la CGTL", a-t-il conclu.
Le président de la CGTL a ensuite reçu le ministre sortant du Tourisme, Avédis Guidinian, représentant le parti arménien Tachnag. "Ne pas participer à cette grève, c'est faire montre d'indifférence", a déclaré M. Guidinian.
La formation du gouvernement semblait imminente à la veille des fêtes, avant l'apparition de nouvelles complications. Les six députés sunnites pro-8 Mars, soutenus par le Hezbollah, avaient annoncé qu'ils retiraient le nom de Jawad Adra de leur liste de ministrables à présenter au président de la République. Mais mercredi, le vice-président du conseil politique du Hezbollah, Mahmoud Komaty, a affirmé à l'issue d'une réunion avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, que son parti s'attendait à ce que le gouvernement soit formé dans les prochains jours.
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19 h 10, le 03 janvier 2019