Le président américain Donald Trump l’avait déclaré à plusieurs reprises et il en avait même fait un des thèmes de sa campagne électorale. Toutefois, l’annonce du retrait imminent des troupes américaines de Syrie a quand même pris tout le monde de court, y compris les responsables militaires américains. Non seulement la décision a été prise rapidement et communiquée aux parties concernées par le biais d’un tweet, mais de plus l’exécution devrait se faire dans les plus brefs délais, mettant ainsi un terme à une étape de la guerre en Syrie, pour en ouvrir une autre. Immédiatement après cette annonce, les interprétations ont commencé à se multiplier et les pronostics sont différents, selon chaque camp politique. La plupart des analystes comparent toutefois cette décision à celle prise par le prédécesseur de Trump, Barack Obama, de retirer les troupes américaines d’Irak, qui avait, à cette époque, semé la panique dans les rangs des parties hostiles au camp dit de la résistance et qui avait été perçue comme une victoire de celui-ci.
Au Liban, tout le monde est d’accord pour estimer que les Kurdes sont les principaux perdants de la décision américaine, mais le clivage traditionnel entre 8 et 14 Mars réapparaît au sujet des conséquences de cette décision.
Des sources proches du 8 Mars estiment ainsi que les Kurdes n’ont plus d’autre choix que de nouer un dialogue constructif avec le régime syrien qui est désormais la seule partie en mesure de les protéger contre la Turquie. Ce qui est sûr, estiment les sources proches du 8 Mars, c’est que la décision américaine provoque une redistribution des cartes et des rapports de force en Syrie, en faveur du régime syrien, des Russes et des Iraniens, qui seront désormais les seuls maîtres du terrain.
(Lire aussi : Le retrait US de Syrie renforcera un corridor terrestre iranien)
Cette interprétation ne convainc pas des sources proches du 14 Mars qui estiment au contraire qu’en retirant les soldats américains de Syrie, Donald Trump laisse le champ libre aux Israéliens pour mener une attaque contre les positions iraniennes en Syrie, sans risquer des représailles contre les troupes américaines présentes dans ce pays. La décision américaine serait ainsi une sorte de feu vert tacite donné aux Israéliens pour attaquer les positions iraniennes et celles du Hezbollah. À cela, les sources proches du 8 Mars répondent que les soldats américains sont encore présents en Irak et dans de nombreux pays arabes, et ils peuvent être des cibles pour une riposte iranienne en cas d’attaque israélienne. Mais cette hypothèse reste discutable, car attaquer les soldats américains en Syrie est une chose, puisque le pays est encore officiellement en guerre, alors qu’une telle attaque dans un autre pays en est une autre, et pourrait être considérée comme une déclaration de guerre, selon le droit international.
Par contre, les sources proches du 8 Mars se demandent si l’annonce du retrait américain de Syrie ne serait pas en fait une sorte de piège pour mettre la pression sur les autres forces étrangères présentes en Syrie, notamment celles de l’Iran, du Hezbollah et même des Russes. Selon ces mêmes sources, les Américains ont annoncé officiellement leur retrait d’Irak, pendant la présidence de Barack Obama, mais, en réalité, ils ont maintenu un nombre considérable de militaires dans le pays sous des couvertures diverses, dans l’enceinte de l’ambassade et même ailleurs. La décision de Donald Trump pourrait donc être du même genre et aboutir à un retrait officiel des troupes américaines, avec toutefois le maintien d’une présence militaire officieuse. En même temps, il s’agirait de mettre les forces iraniennes et alliées au pied du mur en rendant le maintien de leur présence en Syrie inutile et injustifié, relançant ainsi avec force le débat politique sur cette question précise.
Ce sont là des lectures préliminaires, et il est sans doute encore trop tôt pour évaluer les retombées de la décision de Trump sur le terrain en Syrie et sur les rapports de force dans ce pays. Ce qui est sûr, c’est que le Liban suit de près ces développements.
Lire aussi
Retrait américain de Syrie : Erdogan veut éliminer les jihadistes et les miliciens kurdes
Kurdes-USA : chronique d’un abandon non annoncé
Le retrait des États-Unis de Syrie, une aubaine pour l’EI ?
L'engagement américain en Syrie depuis 2011
Trump se désengage du Moyen-Orient, Poutine se réjouit
Retrait américain de Syrie : pourquoi et quelles conséquences ?
Le président américain Donald Trump l’avait déclaré à plusieurs reprises et il en avait même fait un des thèmes de sa campagne électorale. Toutefois, l’annonce du retrait imminent des troupes américaines de Syrie a quand même pris tout le monde de court, y compris les responsables militaires américains. Non seulement la décision a été prise rapidement et communiquée aux...
commentaires (4)
Pauvre US of yaLél! Pour les aider je suggère de leur envoyer nos valeureux politiciens, députés, ministres et ministrables, analystes et commentateurs... Ils remettront les USA sur pieds et ils nous f....eront la paix pour quelque temps...avant de nous retourner avec les marines et leurs sauce marinière... Je rêve oh mon dieu...
Wlek Sanferlou
15 h 43, le 22 décembre 2018