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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Le retrait US de Syrie renforcera un corridor terrestre iranien

La présence américaine avait jusque-là gardé sous contrôle le flux de combattants iraniens ou pro-Téhéran.

Des forces syriennes aux côtés de combattants du Hezbollah dans la Qalamoun syrien, le 28 août 2017. Louai Beshara/AFP

Un retrait des troupes américaines de Syrie risque de briser l’une des pierres angulaires de la politique de Washington au Moyen-Orient en permettant à l’Iran de consolider un corridor terrestre vers la Méditerranée, selon plusieurs analystes. Le scénario souvent évoqué selon lequel l’Iran redessinerait la carte régionale en consolidant un corridor terrestre lui permettant d’atteindre la Méditerranée à travers l’Irak, la Syrie et le Liban est en passe de devenir une réalité, estiment-ils.

Les détracteurs de la décision du président américain Donald Trump de retirer toutes les troupes américaines de Syrie affirment que, malgré sa position farouchement anti-iranienne, il vient de contribuer à la réalisation d’un vieil objectif stratégique de Téhéran.

À la surprise générale, M. Trump a annoncé mercredi le retrait des troupes américaines de Syrie, estimant que leur présence n’était plus nécessaire après ce qu’il a qualifié de « défaite » du groupe État islamique (EI). L’EI détient toutefois encore des territoires dans l’est de la Syrie. De nombreux membres de son propre camp ont contesté ce diagnostic, avertissant qu’un tel retrait profiterait à l’Iran, principal ennemi des États-Unis au Moyen-Orient. Les plus hauts représentants républicain et démocrate de la commission des forces armées au sein du Congrès ont même publié une rare déclaration conjointe mettant en garde contre « une erreur stratégique » qui renforcerait des « acteurs malintentionnés tels que la Russie et l’Iran ».

L’Iran a déployé ces dernières années des milliers de combattants en Syrie pour soutenir le régime de Bachar el-Assad, et soutenu des milices chiites venues de divers pays.

« C’est clairement une victoire stratégique pour Téhéran, estime Julien Théron, spécialiste du Moyen-Orient à Sciences Po Paris. Cela lui permet de faire sauter le tampon occidental entre la Syrie et l’Irak. »

Quelque 2 000 soldats américains sont déployés en Syrie dans deux zones situées le long de la frontière irakienne. Si leur présence n’a pas totalement entravé le flux de combattants iraniens ou pro-Téhéran, ils l’ont gardé sous contrôle.


(Lire aussi : Retrait américain de Syrie : Erdogan veut éliminer les jihadistes et les miliciens kurdes)


Menace pour Israël
L’une des zones de déploiement américain se situe à l’est de l’Euphrate, dans le nord-est de la Syrie. Les soldats américains soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, qui mènent une offensive contre l’ultime poche de l’EI dans la province de Deir ez-Zor. L’autre zone de déploiement des États-Unis se trouve plus au sud, dans le désert, au niveau de la base d’al-Tanaf – une présence fortement décriée par Damas et ses alliés. La présence américaine en Irak et en Syrie a exercé une certaine pression contre un éventuel « pont terrestre iranien » vers la Méditerranée, selon des analystes.

Le régime de Damas, qui a récemment repris la majorité du territoire syrien, est un allié-clé de Téhéran.

Quant au gouvernement irakien, dominé par les sunnites jusqu’à la chute de Saddam Hussein en 2003, il est désormais chapeauté par les chiites, tandis que des milices fidèles à l’Iran jouent un rôle sécuritaire important dans une grande partie du pays.

L’une des principales motivations du déploiement américain était d’empêcher l’Iran d’étendre son influence jusqu’à la frontière avec son allié israélien, notamment depuis le Golan syrien et le sud du Liban, bastion du Hezbollah.

« La Maison-Blanche devrait comprendre qu’un élément-clé de sa politique iranienne est en jeu » avec la décision de retrait, a averti mercredi le Washington Institute for Near East Policy. « On parle des efforts pour empêcher un enracinement de Téhéran en Syrie et l’établissement d’un pont terrestre vers le Liban, qui menacerait directement Israël », a ajouté le centre de réflexion américain.


(Lire aussi : Retrait US de Syrie : premières lectures libanaises..., le décryptage de Scarlett HADDAD)


« Cafouillage »
Selon Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques, l’impact du retrait américain est toutefois exagéré. Selon lui, la présence des troupes iraniennes sera moins nécessaire en Syrie une fois que les Américains se seront retirés. Le conseiller présidentiel américain pour la sécurité nationale, John Bolton, avait précédemment déclaré que les troupes américaines resteraient en Syrie tant que les forces iraniennes y seraient déployées. « Il ne fait aucun doute que ce retrait conduira à long terme à une réduction de la présence militaire iranienne », a déclaré M. Abou Abdallah, considéré comme proche du régime.

« Mais pour l’instant, les conditions ne sont pas encore réunies » pour cet éventuel retrait, a-t-il nuancé.

« Nous devrions attendre de voir ce qui va se passer, à quel point les États-Unis se retireront rapidement et intégralement, et qui comblera le vide », estime Aaron Lund, analyste au centre de réflexion The Century Foundation, craignant toutefois « un vrai cafouillage ».


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Un retrait des troupes américaines de Syrie risque de briser l’une des pierres angulaires de la politique de Washington au Moyen-Orient en permettant à l’Iran de consolider un corridor terrestre vers la Méditerranée, selon plusieurs analystes. Le scénario souvent évoqué selon lequel l’Iran redessinerait la carte régionale en consolidant un corridor terrestre lui permettant...

commentaires (5)

Écoutez les amis, que israel se mette à attaquer vraiment quoi faut arrêter quoi. C'est fini ces temps-là où ils pouvaient attaquer sans retour de bâton. Arrêtons de se croire battus et abattus rien qu'à entendre leur nom. EUX mêmes connaissent leurs limites, â moins qu'ils soient devenus suicidaires. Vous savez la folie guette ce pays usurpateur à fort sentiment de culpabilité.

FRIK-A-FRAK

20 h 39, le 22 décembre 2018

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Commentaires (5)

  • Écoutez les amis, que israel se mette à attaquer vraiment quoi faut arrêter quoi. C'est fini ces temps-là où ils pouvaient attaquer sans retour de bâton. Arrêtons de se croire battus et abattus rien qu'à entendre leur nom. EUX mêmes connaissent leurs limites, â moins qu'ils soient devenus suicidaires. Vous savez la folie guette ce pays usurpateur à fort sentiment de culpabilité.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 39, le 22 décembre 2018

  • IL FAUT ETRE TRUMP POUR LE SAVOIR, LE PREDIRE ET ENFIN L,IGNORER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 30, le 22 décembre 2018

  • Et si le but non avoué de ce retrait n'était en fait qu'une préparation à la carte blanche donnée à Israel pour la future guerre régionale ? Hmmm ...

    Remy Martin

    13 h 37, le 22 décembre 2018

  • Les deux plus grands bénéficiaires de la politique US au Moyen-Orient sont Israël et l'Iran. Le renversement de Saddam était un acte majeur (le rempart contre l'avancement de l'Iran) in cadeau incroyable. Et le retournement des USA contre l'EI a bénéficié indirectement à l'Iran, heureusement d'ailleurs pour le Liban ! Ne s'agit-il pas d'une préparation à la proposition de la paix dans la région que les USA prépare pour février 2019?

    Shou fi

    13 h 15, le 22 décembre 2018

  • Faut admettre que les usa en ont marre de recevoir des coups à la place des autres. Le clown qui commence sérieusement à me plaire, ne veut plus payer pour les autres, israel compris. C'est comme s'il leur disait j'ai exécuté tous vos désirs de reconnaissances de capitale de transfert etc... maintenant helloo 3ann t....

    FRIK-A-FRAK

    11 h 18, le 22 décembre 2018

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