Les députés sunnites pro-8 Mars ont rencontré dans la nuit de mercredi à jeudi le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, Hussein Khalil, réunion au cours de laquelle a été confirmée la nomination de Jawad Adra comme leur ministrable au sein du futur gouvernement qui devrait être annoncé incessamment.
L'exigence de ces députés de faire partie du gouvernement, rejetée par le Premier ministre désigné Saad Hariri, bloquait la formation du cabinet, jusqu'au compromis proposé par le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, mandaté par le président Michel Aoun, en vertu duquel ils doivent proposer au chef de l'Etat une personnalité proche d'eux pour les représenter.
Des sources proches du député de Tripoli Fayçal Karamé ont affirmé à la chaîne de télévision locale LBC que cinq des six membres de la Rencontre consultative ont rencontré M. Khalil tard dans la nuit de mercredi à jeudi. Ces sources affirment que la nomination de Jawad Adra a bien été approuvée par le Hezbollah au cours de cette réunion, et que les députés sunnites attendent désormais de se rendre au palais présidentiel, afin d'informer le président de la République de leur choix.La nomination de M. Adra au gouvernement, un proche du président de la Chambre, Nabih Berry, se fera en effet via la quote-part ministérielle du chef de l'Etat, selon la formule suggérée par le directeur général de la Sûreté générale, proche du Hezbollah, dont l'intercession a permis de trouver une solution à l'obstacle des sunnites prosyriens à la formation du gouvernement.
En début de soirée, le bureau de presse de l'ancien ministre Fayçal Karamé, membre du Rassemblement, a précisé que ce dernier a "choisi plusieurs noms de ministrables, dont Jawad Adra, et que le nom choisi par le président Aoun, parrain de cette médiation, sera le représentant exclusif" des députés sunnites pro-8 Mars au sein du gouvernement national.
Plus tôt dans la journée, le député de Denniyé (Liban-Nord) Jihad Samad, qui fait partie du groupe de députés sunnites prosyriens, a indiqué que le nom de M. Adra avait bien été proposé comme potentiel ministrable par la "Rencontre consultative", soulignant que, le cas échéant, sa nomination au futur gouvernement serait approuvée par les six députés de ce groupe au centre du dernier blocage de la formation du gouvernement. "Le nom de Jawad Adra fait partie des noms qui ont été proposés par la Rencontre consultative, selon le compromis trouvé, et nous respectons ce compromis", a affirmé M. Samad lors d'une interview sur la chaîne de télévision locale LBC. "Si M. Adra est l'heureux élu, il nous représentera, comme ministre de la Rencontre consultative", a-t-il ajouté.
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"Aucune dissension"
De son côté, Kassem Hachem (député de Marjeyoun), qui avait proposé le nom de M. Adra à ses collègues de la Rencontre consultative, a tenu à assurer dans la matinée qu'il n'existait "aucune dissension entre les membres" du groupe en ce qui concerne le choix des ministrables. "Les divergences d'opinions sont naturelles mais, au final, quand une décision aura été prise, tout le monde s'y conformera", a-t-il souligné, estimant que ces divergences "ne se transformeront pas en dissension". "Tout le monde aura une idée plus claire de la situation dans les prochains jours", a-t-il ajouté.
Parmi les autres noms de ministrables qui avaient été discutés lors d'une réunion, décrite comme houleuse, à ce sujet, celui de Hassan Mrad, fils du député Abdel Rahim Mrad (Békaa-Ouest) , un choix appuyé par M. Mrad et Walid Succariyé (Baalbeck-Hermel). Fayçal Karamé, avait plaidé en faveur de son directeur de cabinet Osmane Mazjoub et Adnane Traboulsi (Beyrouth) avait suggéré Taha Nagi, candidat malheureux aux législatives sur la liste parrainée à Tripoli par Fayçal Karamé et les Ahbache.
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Le ministre sortant des Finances, Ali Hassan Khalil, a pour sa part déclaré que "la déclaration ministérielle sera construite sur le modèle de la déclaration du gouvernement précédent", également présidé par le Premier ministre désigné, Saad Hariri. Il a précisé que la nouveauté, sur laquelle se sont accordées les différentes parties "concernera les réformes" prévues par la conférence CEDRE d'avril dernier, au cours de laquelle la communauté internationale s'était engagée à accorder 11 milliards de dollars de prêts et de dons au Liban.
Réagissant aux derniers développements rapides entourant la formation du cabinet, le président français Emmanuel Macron a twitté jeudi en arabe avec la traduction de son texte en français, souhaitant la "formation rapide d'un cabinet à Beyrouth" pour renforcer la coopération entre le Liban et la France.
"La France agit pour un Liban stable et indépendant. Je me suis entretenu avec le Président Aoun et le Premier Ministre Hariri. Nous souhaitons la désignation rapide d’un gouvernement à Beyrouth pour renforcer notre coopération", a écrit le président français.
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commentaires (14)
Mais imaginez, si on a une once de cervelle , ce qu'il en serait s'il y en avait. Rideaux!
FRIK-A-FRAK
22 h 08, le 20 décembre 2018