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Liban - Décryptage

Le gouvernement n’attend plus que d’ultimes arrangements de forme

Le signal de la formation du gouvernement a donc été donné, mais d’ultimes arrangements doivent encore être réalisés. Il ne s’agit plus de problèmes de fond, mais de questions de forme, comme la nécessité de ménager les susceptibilités de chaque camp pour ne pas donner l’impression que l’un a perdu et l’autre a gagné. Il y a aussi l’obligation de constituer le puzzle que représente le gouvernement en gestation, en faisant correspondre les noms et les confessions aux parts de chaque camp. Pour cela, il sera probablement nécessaire de procéder à des échanges de dernière minute. Mais en principe, ces négociations ne devraient pas être de nature à empêcher la naissance du gouvernement. Elles peuvent juste prendre encore quelques jours avant d’être réglées et d’aboutir ainsi à un accord.

L’une des dernières difficultés réside dans l’incapacité des députés de la Rencontre consultative à s’entendre sur les noms de leurs candidats ministrables. Jusqu’à présent, plusieurs noms ont été transmis au directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim qui doit encore attendre d’obtenir l’aval de l’ancien ministre Fayçal Karamé qui se trouve hors du pays. Selon des informations proches du groupe, la réunion, qui s’est tenue hier au domicile de l’ancien ministre Abdel Rahim Mrad et qui a donc réuni cinq des six députés, était houleuse et les avis étaient contradictoires. Le « faucon » Jihad Samad était d’avis à ne pas accepter qu’une personnalité choisie en dehors des six soit leur représentant au sein du gouvernement, alors que les quatre autres députés étaient en faveur du compromis. Mais chacun avait son candidat. C’est ainsi que quatre noms sont parvenus au général Abbas Ibrahim qui doit à son tour les transmettre à qui de droit. C’est d’ailleurs à cause de l’incapacité de s’entendre sur un seul nom que le député Fayçal Karamé a publié un communiqué hier dans lequel il a précisé qu’il respecte toute décision qui émane des 5 députés réunis, ajoutant qu’il est en contact permanent avec eux.

De fait, au cours des dernières heures, les réunions se sont multipliées entre les parties concernées, notamment le Premier ministre désigné Saad Hariri, le ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil et le général Abbas Ibrahim qui s’est aussi entretenu avec les 5 députés sunnites présents au Liban. En plus du nom final du ministre qui représentera ce groupe (qui n’a toujours pas été fixé puisque quatre possibilités sont évoquées jusqu’à présent), il faut aussi mettre au point les détails de la rencontre prévue entre le groupe au complet et Saad Hariri, le plus probablement au palais de Baabda en présence du chef de l’État.

Selon les sources précitées, les députés sunnites de la Rencontre consultative pourraient aussi tenir, au cours des prochaines heures, une réunion avec l’adjoint du secrétaire général du Hezbollah Hussein Khalil pour peaufiner les derniers détails avant le règlement total, dans le fond et dans la forme, du « nœud sunnite ».

Il faut préciser à ce stade que le Hezbollah a marqué un point dans ce dossier. Il a ainsi montré qu’il pouvait retarder la formation du gouvernement pendant un mois et demi si on ne prenait pas en considération sa demande qui consiste à respecter les résultats des élections législatives. Il a aussi montré qu’il pouvait débloquer quand il le juge utile et avant que les développements ne prennent une tournure grave pour le pays. En effet, le Hezbollah a ainsi estimé à partir du week-end dernier que « le nœud sunnite » avait pris suffisamment de temps. D’une part, il est conscient de la gravité de la crise sociale rendue plus aiguë à cause de l’absence de gouvernement, sachant qu’il mise sur les portefeuilles qu’il brigue pour améliorer autant que possible les conditions sociales des classes défavorisées. D’autre part, il a reçu des messages clairs de la part du président de la République sur son mécontentement face à la lenteur dans le processus de formation du gouvernement et sur son insistance pour que le gouvernement soit formé avant les fêtes de fin d’année. De plus, pour le Hezbollah, la crise dite du « nœud sunnite » a atteint son objectif en poussant bon gré mal gré le Premier ministre désigné à reconnaître l’existence du groupe de la Rencontre consultative et à lui donner un ministre de son choix. Le Hezbollah ne voulait pas plus que cela, et cette démarche s’inscrit dans la logique de sa bataille en faveur d’une loi électorale basée sur le mode de scrutin proportionnel. Cet objectif atteint, il n’y avait plus de raison à ses yeux de retarder encore plus la formation du gouvernement.

Le Hezbollah peut donc s’estimer satisfait. Le chef de l’État aussi, qui avait promis aux Libanais un gouvernement avant la fin de l’année et qui, sauf imprévu, devrait pouvoir tenir parole. En même temps, le président Michel Aoun a fait preuve de sens de l’État puisque c’est de sa part qu’a été déduit le ministre représentant la Rencontre consultative. Par cette décision, il a balayé toutes les analyses selon lesquelles lui et le ministre Bassil voudraient avoir 11 ministres sur 30 pour obtenir le tiers de blocage. En réalité, depuis le début de la crise dite « du nœud sunnite », cette solution était la plus probable (un ministre proche des six déduit de la part du président), mais il fallait attendre le bon timing pour la concrétiser.

Le signal de la formation du gouvernement a donc été donné, mais d’ultimes arrangements doivent encore être réalisés. Il ne s’agit plus de problèmes de fond, mais de questions de forme, comme la nécessité de ménager les susceptibilités de chaque camp pour ne pas donner l’impression que l’un a perdu et l’autre a gagné. Il y a aussi l’obligation de constituer le puzzle que...

commentaires (7)

Vraiment ca me rattriste de voir l'égoïsme de tous ces gens qui veulent être ministres et le Hezbollah qui fait le beau et le mauvais temps, que Dieu protège et sauve le Liban

Eleni Caridopoulou

21 h 51, le 21 décembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Vraiment ca me rattriste de voir l'égoïsme de tous ces gens qui veulent être ministres et le Hezbollah qui fait le beau et le mauvais temps, que Dieu protège et sauve le Liban

    Eleni Caridopoulou

    21 h 51, le 21 décembre 2018

  • « La Hezbollah a estimé à partir du week end dernier que le noeud sunnite avait pris suffisamment de temps .... » c’est fou comme on peut se dévoiler en une seule phrase! le Liban fort et indépendant ? Prouvez le et agissez en ce sens sur le terrain ...Pour l’instant ce n’est que foutaise car le pays a un genou à terre !

    L’azuréen

    21 h 34, le 20 décembre 2018

  • Actuellement la partie du peuple 100% libanais ne se reconnaît que dans le Liban 100% indépendant de toute allégeance à qui que ce soit sous divers prétextes qui ont montré leurs dangers. Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 25, le 20 décembre 2018

  • Au fond, chère Scarlett, vous n'avez pas dit ce qu'avait mangé hier à midi Hassan Nasrallah ?

    Un Libanais

    14 h 35, le 20 décembre 2018

  • Peut être que le seul reproche qu'on pourrait faire au HEZB resistant c'est le nom de son organisation. Il devrait le changer par quelque chose de plus générale ayant lien avec une résistance plus globale. Sa révolution devrait s'élargir et englober le peuple libanais qui se reconnaîtrait dans l'esprit de son combat pour la justice la liberté et l'indépendance. Je réfléchi sur un nom et des que j'aurai le sentiment que se sera celui là, je n'hésiterai pas à le divulguer. Pour l'instant je reste sur le fond de SON ACTION et je la trouve TOUT SIMPLEMENT SUPERBE.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 41, le 20 décembre 2018

  • DU BAZAR DE BAS NIVEAU... CHOU 3AYB ! A QUEL DEGRE DE DECADENCE ILS ONT FAIT TOMBER LE PAYS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 21, le 20 décembre 2018

  • Hahahaha! Décryptage à l'eau de rose frelatée et des lorgnons encore plus roses: Le hezb nous donne une leçon de vrai démocratie, le président nous donne une leçon de force et de malléabilité et les magnificent 6 nous donne une leçon d'entente et d'unité. Entretemps...electricite, dechets, corruption, bounia tahtiia qui nous gratte le c..,ingérence de notre sœur syrieuse, voisin israelien qui nous enquiquine à sa façon... Wa halouma jarra! Wil jarra fadyié... Joyeuses fêtes dans nos rêves si on arrive à fermer les yeux

    Wlek Sanferlou

    02 h 06, le 20 décembre 2018

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