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À La Une - Terrorisme

Isolés, fichés, suivis : comment la France gère les radicalisés

Le cas de Cherif Chékatt, le tireur de Strasbourg, qui était fiché pour radicalisation, est symptomatique de la difficulté à cerner cette "menace endogène".

Un surveillant pénitentiaire dans une prison française. Photo d'illustration AFP

Depuis les attentats de 2015, la France a mis progressivement en place un suivi des personnes signalées pour radicalisation islamiste, en détention puis après leur sortie: le cas du tireur de Strasbourg, qui était fiché pour radicalisation, est symptomatique de la difficulté à cerner cette "menace endogène".

Quel traitement pour les radicalisés en prison?

Sur plus de 70.000 détenus en France, 504 personnes sont incarcérées pour des faits de terrorisme islamiste (TIS) et environ 1.070 prisonniers de droit commun sont susceptibles d'être radicalisés (DCSR), des chiffres stables depuis un an. Les "TIS" ont tous vocation à passer par des quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER) : début décembre, il restait près de 150 TIS à évaluer, selon la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP).

A l'issue de quatre mois d'évaluation, ils sont désormais placés dans des "quartiers étanches" séparés du reste de la population carcérale (à terme 1.500 places sont prévues dans ces quartiers). La nouveauté, évoquée par la ministre de la Justice Nicole Belloubet, est la mise en place dès début 2019 de quartiers d'évaluation pour les droits communs (DCSR): c'est ce sas qui aurait éventuellement permis d'évaluer le degré de dangerosité d'un détenu comme le tireur Chérif Chekatt.

(Pour mémoire : En France, les affaires terroristes diminuent, mais la menace persiste)


Quand s'effectue la sortie ?

En France, tous les condamnés peuvent demander des aménagements de peine et une libération anticipée. C'est ce régime classique qui prévaut pour les droits communs suspectés de radicalisation, comme le tireur de Strasbourg. En revanche, pour les profils terroristes, la loi de juillet 2016 a durci le régime d'exécution des peines en les excluant des réductions de peine automatiques et de certains aménagements (semi-liberté, suspension et fractionnement de peine...).

Quel que soit le profil du détenu, quand il a purgé sa peine, il ne peut être maintenu en détention. Mais s'il représente un risque, il est "suivi à sa sortie", a souligné la garde des Sceaux.

Actuellement, plusieurs centaines de personnes sont suivies par les services d'insertion hors de prison au titre de la radicalisation. Une minorité a été condamnée ou est en attente de jugement dans un dossier terroriste, pour apologie ou un départ en Syrie. Elles sont suivies dans le cadre de différents dispositifs pluridisciplinaires mêlant éducateurs, psychologues et référents religieux.

Depuis juillet 2016, les personnes condamnées dans des dossiers terroristes sont automatiquement inscrites au Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions terroristes (FIJAIT), et doivent dans ce cadre déclarer tout changement d'adresse et tout déplacement à l'étranger.


(Lire aussi : France : Le Pen réclame la prison pour les assaillants en puissance)

Renseignement et fichiers

L'angle mort que constituait le passage en prison a été peu à peu comblé par la montée en puissance du bureau du renseignement pénitentiaire, créé en février 2017, qui suit quelque 3.000 personnes pour des raisons très diverses. Une note de renseignement sur les "sortants" a été créée pour les terroristes islamistes. A l'extérieur, les profils considérés comme les plus dangereux sont suivis par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) et par le Service central du renseignement territorial (SCRT).

Ces profils se retrouvent dans différents fichiers, qui ne se recoupent pas toujours: tous les "fichés S" (pour Sûreté de l'état) ne sont pas inscrits au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) et inversement. Parmi les fichés S se trouvent aussi bien des islamistes que des anarchistes, ou des nationalistes corses. Le FSPRT, créé en 2015, compte quelque 20.000 personnes, dont la moitié est particulièrement suivie. La fiche S est quant à elle un outil de police, une balise, servant notamment à repérer un individu lorsqu'il tente de passer les frontières. Elle ne justifie pas à elle seule l'inscription au FSPRT.

A l'extérieur, toute la difficulté réside dans la détection des profils dits "bas du spectre". Ainsi, Chérif Chekatt, fiché S et inscrit au FSPRT, n'avait pas eu un comportement laissant présager un passage à l'acte terroriste. Depuis le 13 novembre, une circulaire du ministre de l'Intérieur permet aux maires d'être informés des risques de radicalisation islamiste sur leurs communes, une mesure très critiquée par les professionnels de la justice.


Depuis les attentats de 2015, la France a mis progressivement en place un suivi des personnes signalées pour radicalisation islamiste, en détention puis après leur sortie: le cas du tireur de Strasbourg, qui était fiché pour radicalisation, est symptomatique de la difficulté à cerner cette "menace endogène". Quel traitement pour les radicalisés en prison?Sur plus de 70.000 détenus...

commentaires (2)

Certains "malades" meme guéris "peuvent rester contagieux" Que faire face à ce risque?

Chammas frederico

20 h 32, le 14 décembre 2018

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Commentaires (2)

  • Certains "malades" meme guéris "peuvent rester contagieux" Que faire face à ce risque?

    Chammas frederico

    20 h 32, le 14 décembre 2018

  • IL FAUT S,EN DEBARRASSER EN LES EXPULSANT CHACUN VERS SON PAYS D,ORIGINE ! OU EN LES LIQUIDANT A LA DUTERTE ! LES DEMOCRATIES DEVRAIENT SE DEFENDRE ET LA DEFENSE NE PEUT JAMAIS ETRE DEMOCRATIQUE SINON CE SERAIT DE LA FAIBLESSE... SAUVEZ LES VICTIMES EN LIQUIDANT LES TERRORISTES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 05, le 14 décembre 2018

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