Donald Trump a longtemps rêvé de voir une tour à son nom à Moscou, qui deviendrait le joyau de son empire immobilier. Même pendant sa course à la Maison Blanche, il n'a pas abandonné son ambition qui menace désormais sa présidence.
Michael Cohen, ancien avocat et homme de confiance du président américain désormais tombé en disgrâce, a reconnu jeudi devant un tribunal avoir menti sur ses contacts avec des responsables russes au sujet d'un projet immobilier de l'organisation Trump, baptisé "Projet Moscou". Devant le Congrès, il avait assuré sous serment que les négociations s'étaient arrêtées en janvier 2016, soit six mois avant que Donald Trump ne soit choisi par la convention républicaine comme candidat à la présidence. Or, les discussions ont duré au moins jusqu'en juin et l'avocat en aurait informé le président et des membres de sa famille, selon le procureur spécial Robert Mueller. Celui-ci enquête notamment sur une possible collusion entre la Russie et l'équipe de campagne de M. Trump pour favoriser l'élection du candidat républicain en novembre 2016.
"J'ai vaguement envisagé de construire un bâtiment quelque part en Russie. Déboursé zéro argent, zéro garanties et je n'ai pas fait ce projet", a réaffirmé M. Trump vendredi sur Twitter, en dénonçant à nouveau une "chasse aux sorcières". "Je décide d'être candidat à la présidence et je continue à mener mes affaires --de manière tout à fait légale et tranquille, j'en ai parlé lors de la campagne", s'est défendu le milliardaire, accusant son ex-avocat de "mentir".
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"Un jour à Moscou"
Mais ces révélations tombent à pic pour M. Mueller, remettant Donald Trump au centre des investigations qui n'ont pour l'instant touchées que des seconds couteaux.
Au coeur de l'affaire, un rêve de 30 ans: dans son livre "L'art de la négociation", Donald Trump évoque l'"extraordinaire expérience" d'un séjour dans la capitale de l'ex-Union soviétique en 1987 où il a visité "une demi-douzaine de sites potentiels pour un hôtel" qui porterait son nom.
Même si les projets successifs tombent à l'eau, il ne désarme pas. "Nous serons un jour à Moscou", dit-il en 2007, affirmant que "la Russie est l'un des endroits les plus chauds dans le monde pour les investissements".
Mais la crise économique mondiale balaye ses ambitions. En 2013, il revient à Moscou pour le concours de Miss Univers, dont il est propriétaire. "Le marché russe est attiré par moi", assure-t-il alors au magazine Real Estate.
Mais il choisit la politique et annonce sa candidature à la présidence américaine en juin 2015. Un mois plus tard, Felix Sater, qui a déjà joué les intermédiaires pour l'homme d'affaires, relance le projet d'une Trump Tower à Moscou. Avec 100 étages, l'immeuble deviendrait le plus haut d'Europe.
M. Sater s'associe avec Michael Cohen, son ami d'enfance, chargé de faire le lien avec Donald Trump. Dans la capitale russe, M. Sater doit trouver des partenaires financiers et obtenir les autorisations gouvernementales. Pour augmenter leurs chances, les deux hommes prévoient même d'offrir au président russe l'appartement le plus cher de l'immeuble, un penthouse de 50 millions de dollars. "En Russie, les oligarques feraient n'importe quoi pour habiter le même immeuble que Vladimir Poutine", explique Felix Sater au site d'informations BuzzFeed News.
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"ZERO investissement"
Selon les médias américains, M. Sater approche également la banque publique russe VTB, sous sanctions américaines depuis l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de la Crimée en 2014. La banque a démenti avoir participé à ce projet.
Lors de sa campagne, le magnat de l'immobilier ne tarissait pas d'éloges sur Vladimir Poutine et prônait un assouplissement des sanctions contre la Russie. Le rêve de Donald Trump s'écroule pourtant une nouvelle fois. Michael Cohen, qui a planifié pendant plusieurs mois un voyage à Moscou, annule sa visite en juin 2016 après la diffusion par WikiLeaks de milliers de messages électroniques internes au parti démocrate, piratés par des hackers russes. Le mois suivant, Felix Sater réalise que le projet ne verra pas le jour quand Donald Trump assure sur Twitter qu'il a "ZERO investissement en Russie". "Tout ce boulot pour rien", regrette M. Sater auprès de BuzzFeed.
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