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Économie - Automobile

Carlos Ghosn écarté de la présidence de Mitsubishi

L’homme d’affaires franco-libano-brésilien n’est officiellement plus que PDG de l’Alliance et du groupe automobile français Renault.

Le patron exécutif de MMC, Osamu Masuko, va succéder à Carlos Ghosn à la tête du conseil d’administration de Mitsubishi. Martin Bureau/AFP

Comme attendu, Carlos Ghosn a bien été déchu hier de son titre de président du conseil d’administration de Mitsubishi Motors (MMC), quelques jours après sa révocation de Nissan pour des malversations financières présumées. À l’issue d’une réunion extraordinaire d’à peine plus d’une heure, le troisième groupe de l’alliance automobile Renault-Nissan a en effet jugé « difficile » de maintenir en poste le puissant capitaine d’industrie de 64 ans.

Le verdict est tombé une semaine exactement après l’arrestation surprise de M. Ghosn à Tokyo, qui a ébranlé l’alliance automobile franco-japonaise qu’il a forgée en près de 20 ans d’un règne sans partage.

À l’image de ses homologues de Renault et Nissan, le patron exécutif de MMC, Osamu Masuko, a tenu à rassurer. « Nous faisons partie de l’alliance depuis deux ans. Il y a eu des aspects positifs et d’autres qui doivent être légèrement revus de notre point de vue », a-t-il dit devant la presse, sans remettre en cause l’ensemble.

Le limogeage de M. Ghosn, qualifié de « décision déchirante », a été voté à l’unanimité des sept administrateurs, dont M. Masuko, qui va prendre la présidence, et deux responsables de Nissan, le principal actionnaire de MMC avec 34 % de capital. Plus petit du trio avec 1,2 million de voitures vendues par an, MMC se sépare ainsi de façon abrupte de celui qui avait volé à sa rescousse en 2016 au moment où il était fragilisé par un scandale de falsification des données.


(Lire aussi : Motif officiel de l'arrestation, rumeurs... On fait le point sur l'affaire Carlos Ghosn)


Une structure inégale
Mais face aux soupçons pesant sur M. Ghosn, M. Masuko a assuré qu’il n’avait « pas d’autre choix ». Le magnat automobile est soupçonné par le parquet d’avoir dissimulé une partie de ses revenus aux autorités financières et il est en outre accusé par Nissan de « graves malversations financières », découvertes au cours d’une enquête interne effectuée durant plusieurs mois dans le plus grand secret.

Carlos Ghosn n’est officiellement plus que PDG de l’Alliance et du groupe automobile français Renault, où un audit a été lancé pour vérifier ses rémunérations, selon le gouvernement français. « Tant qu’il n’y a pas de charges tangibles », M. Ghosn ne sera pas démis de ses fonctions, a précisé le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire. La direction intérimaire est assurée par le numéro deux, Thierry Bolloré.

Nissan de son côté a tranché jeudi à l’unanimité, « en se fondant sur l’abondance et la nature convaincante des preuves », selon les propos d’un porte-parole.

Hiroto Saikawa, l’actuel patron exécutif de Nissan, a pour sa part adressé un message aux salariés au cours d’une réunion au siège à Yokohama, en banlieue de Tokyo, retransmise sur les autres sites du groupe. Selon une source proche de la compagnie, il a assuré faire son possible pour que l’affaire touchant Carlos Ghosn « n’affecte pas les relations au sein de l’alliance » ni « les opérations au jour le jour » de Nissan. Mais il a aussi souligné « l’inégalité » dans la structure, tant les pouvoirs étaient jusqu’ici concentrés dans les mains d’un seul homme, ce qui empêchait toute discussion stratégique entre Renault et Nissan.

M. Saikawa se rendra cette semaine aux Pays-Bas, où doit se tenir une réunion de l’alliance, alors que des salariés et analystes se font l’écho de tensions et rancœurs accumulées au fil des ans chez Nissan.


(Lire aussi : Dans son pays d'origine, nombreux sont ceux à afficher leur soutien à Carlos Ghosn, le "phénix libanais")


Soutiens libanais
Le principal intéressé, toujours en garde à vue dans une prison du nord de Tokyo, nie quant à lui les faits qui lui sont reprochés. À ce stade, Carlos Ghosn est entendu par le parquet sur des soupçons de dissimulation de la moitié de ses revenus chez Nissan, dans des documents remis par le groupe aux autorités financières japonaises entre 2011 et 2015. Le montant concerné porte sur 5 milliards de yens (44,1 millions de dollars au taux de change actuel) mais, selon certains médias, il aurait aussi minoré ses émoluments dans les trois exercices comptables suivants, ce qui porterait la somme non déclarée à 8 milliards de yens (71 millions de dollars), sans compter 4 milliards (35 millions de dollars) découlant de plus-values sur des titres financiers. Selon des sources citées par le quotidien économique Nikkei, M. Ghosn percevait 2 milliards de yens (près de 18 million de dollars) par an au titre de PDG de Nissan jusqu’à début 2010, une rémunération qui n’était pas rendue publique à l’époque.

À cette date, une loi a changé les choses, et c’est à ce moment-là que M. Ghosn aurait, selon ces sources, abaissé sa rétribution à environ 1 milliard de yens (8,8 millions de dollars) par an, afin d’éviter les critiques, tout en reportant le paiement du milliard restant une fois qu’il se serait entièrement retiré de Nissan. Tout ceci avec la complicité de son bras droit Greg Kelly, actuellement en détention et qui dément également ces accusations. Selon les résultats de l’investigation menée par Nissan au cours des derniers mois, le patron de l’alliance est aussi soupçonné d’abus de biens sociaux, mais il n’est officiellement pas interrogé à ce sujet pour l’instant. Il le serait ultérieurement si une nouvelle procédure d’interpellation était lancée, prolongeant ainsi sa période de détention.

L’affaire Carlos Ghosn est très suivie au Liban, où plusieurs personnalités, hauts responsables, élus ou représentants du secteur privé, lui ont déjà exprimé leur soutien. Hier c’est le ministre libanais sortant de l’Intérieur et des Municipalités, Nouhad Machnouk, qui est monté au créneau, déclarant que « le soleil du Japon ne brûlera pas le phénix libanais ».

Plus tard dans la journée, les Organismes économiques – une organisation patronale dirigée par Mohammad Choucair – ont pour leur part affirmé croire en l’innocence de Carlos Ghosn et appelé les autorités japonaises à mener leur enquête « en évitant tout facteur, influence externe ou pressions ».

D’autres officiels comme le ministre sortant des Affaires étrangères et des Émigrés, Gebran Bassil, ou celui de l’Information, Melhem Riachi, avaient exprimé leur solidarité envers Carlos Ghosn peu de temps après l’annonce de son placement en garde à vue. Enfin, le député Alain Aoun, qui est également président de la « Commission d’amitié parlementaire Liban-Japon », s’est entretenu avec l’ambassadeur nippon Matahiro Yamaguchi, qui lui a assuré que la procédure à l’encontre de Carlos Ghosn était menée de façon totalement indépendante.



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Stupeur et tremblements d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 176 p. Ce roman d'Amélie Nothomb a été publié en 1999. Il a obtenu le Grand Prix du roman de l’Académie Française. Amélie, une jeune femme belge, vient de terminer ses études universitaires. Sa connaissance parfaite du japonais, langue qu'elle maîtrise pour y avoir vécu dans son enfance, lui permet de décrocher un contrat d'un an dans une prestigieuse entreprise de l'empire du soleil levant, la compagnie Yumimoto. Amélie espère réussir dans ce pays qui la fascine tant. Fascinée par la hiérarchie d'entreprise japonaise, précise et méthodique, la jeune femme l'est d'autant plus par sa supérieure directe, l'intrigante et fière Mademoiselle Mori. Ses débuts sont déconcertants. Monsieur Saito lui fait rédiger une lettre, réponse à une invitation pour une partie de golf. A peine le courrier est-il terminé que Saito le déchire et ordonne à Amélie de recommencer. La jeune fille va rapidement déchanter à la découverte d'une culture qu'elle ne connaît absolument pas. Ses fréquentes initiatives sont régulièrement sujettes aux réprobations de ses supérieurs. Les humiliations et les vexations se succèdent et la soumission s'installe. Face à cet acharnement, la jeune femme se plie à leurs exigences. Amélie pensait être traductrice, elle finira dame pipi dans les toilettes de l'entreprise.

N. Noon

02 h 00, le 27 novembre 2018

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  • Stupeur et tremblements d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 176 p. Ce roman d'Amélie Nothomb a été publié en 1999. Il a obtenu le Grand Prix du roman de l’Académie Française. Amélie, une jeune femme belge, vient de terminer ses études universitaires. Sa connaissance parfaite du japonais, langue qu'elle maîtrise pour y avoir vécu dans son enfance, lui permet de décrocher un contrat d'un an dans une prestigieuse entreprise de l'empire du soleil levant, la compagnie Yumimoto. Amélie espère réussir dans ce pays qui la fascine tant. Fascinée par la hiérarchie d'entreprise japonaise, précise et méthodique, la jeune femme l'est d'autant plus par sa supérieure directe, l'intrigante et fière Mademoiselle Mori. Ses débuts sont déconcertants. Monsieur Saito lui fait rédiger une lettre, réponse à une invitation pour une partie de golf. A peine le courrier est-il terminé que Saito le déchire et ordonne à Amélie de recommencer. La jeune fille va rapidement déchanter à la découverte d'une culture qu'elle ne connaît absolument pas. Ses fréquentes initiatives sont régulièrement sujettes aux réprobations de ses supérieurs. Les humiliations et les vexations se succèdent et la soumission s'installe. Face à cet acharnement, la jeune femme se plie à leurs exigences. Amélie pensait être traductrice, elle finira dame pipi dans les toilettes de l'entreprise.

    N. Noon

    02 h 00, le 27 novembre 2018

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