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À La Une - Automobile

Affaire Ghosn : Nissan intéresserait aussi la justice

La garde à vue de Carlos Ghosn prolongée de 10 jours, selon des médias japonais.

Le parquet japonais reproche à Carlos Ghosn, arrêté lundi le 19 novembre 2018 à Tokyo, d'avoir "conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015". AFP / Toru YAMANAKA

Le groupe Nissan pourrait lui aussi faire l'objet de poursuites judiciaires, après la spectaculaire arrestation du président de son conseil d'administration Carlos Ghosn sur des soupçons de malversations. Ni Nissan ni le bureau des procureurs de Tokyo n'ont confirmé cette information.

Selon des médias locaux, qui ne citent pas leurs sources, le parquet estime que si faute il y a, la responsabilité en incombe aussi à l'entreprise : c'est en effet elle qui a remis aux autorités les documents financiers inexacts dans lesquels M. Ghosn aurait dissimulé une partie importante de ses revenus. Les enquêteurs envisagent d'entendre l'actuel patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, rapporte la chaîne de télévision publique NHK. Les personnes réellement impliquées dans les éventuelles falsifications peuvent quant à elles voir leur peine allégée en cas de coopération avec la justice, ce en vertu d'une récente loi qui n'a pour le moment été utilisée que dans un autre cas.


(Lire aussi : Bassil et Riachi solidaires de Carlos Ghosn)


En ce qui concerne le PDG de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi lui-même, des médias japonais rapportaient que le tribunal de Tokyo a approuvé la prolongation de sa garde à vue pour une durée de 10 jours supplémentaires à compter de mercredi, soit jusqu'au 30 novembre. Contactés par l'AFP, le tribunal et le bureau du procureur ont indiqué ne pas commenter ce type de décision sur un cas particulier.

Le parquet reproche au Franco-libano-brésilien d'avoir "conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015", en déclarant une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. "En outre, de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles", avait indiqué Nissan, lundi. Le quotidien japonais Asahi affirme notamment en citant des sources anonymes, proches du parquet japonais, que Carlos Ghosn a utilisé Nissan, dont il est le président non exécutif, pour financer l’acquisition de biens personnels à Beyrouth, Paris, Rio et Amsterdam.

Un de ses collaborateurs, Greg Kelly, interpellé simultanément, a également vu sa durée de détention étendue, toujours selon les médias.


Bolloré aux manettes

Par ailleurs, côté français, le conseil d'administration de Renault a désigné mardi soir le numéro deux de l'entreprise, Thierry Bolloré, pour assurer l'intérim de Carlos Ghosn, qui reste pour l'instant PDG. M. Bolloré, 55 ans, que M. Ghosn avait choisi comme bras droit en février dernier, s'est vu confier "à titre provisoire" la direction exécutive du groupe et disposera donc des "mêmes pouvoirs" que le PDG "temporairement empêché". La question clef pour Renault est de "préserver les intérêts de Renault et d'assurer la pérennité de l'alliance" avec les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors. Cette nomination sans surprise de M. Bolloré épouse le souhait énoncé plus tôt mardi par le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire.

Le conseil d'administration de Nissan doit se prononcer quant à lui jeudi sur une proposition de limogeage de son président. Et Mitsubishi Motors (MMC) prévoit de le "démettre rapidement": un conseil doit se tenir la semaine prochaine, selon un porte-parole de la société.

Lâché au Japon, Carlos Ghosn, considéré à 64 ans comme un des plus puissants capitaines d'industrie au monde, est toujours détenu à Tokyo, où il a été interpellé lundi à l'arrivée de son jet privé.

Lors d'une conférence de presse lundi, le patron de Nissan a également mentionné "de nombreuses autres malversations, telles que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles", qui auraient été découvertes après plusieurs mois d'enquête interne.


(Lire aussi : Rémunération de Carlos Ghosn : l'éternelle polémique)


Mardi soir, le conseil d'administration de Renault a demandé à Nissan "de lui transmettre l'ensemble des informations en sa possession dans le cadre des investigations internes dont M. Ghosn a fait l'objet", disant ne pas être "en mesure de se prononcer sur les éléments dont disposeraient Nissan et les autorités judiciaires japonaises à l'encontre de M. Ghosn".

La rémunération de ce patron aussi puissant que secret a déjà donné lieu à bien des polémiques, tandis que son train de vie a également pu susciter des commentaires, à l'image par exemple de sa réception de mariage en grande pompe au château de Versailles en 2016.


Fragile équilibre

Au-delà du sort personnel de M. Ghosn, c'est toute l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, dont il orchestrait le fragile équilibre, qui tangue à la suite de ce coup de tonnerre.

L'affaire survient au moment où le PDG de l'ensemble aux 10,6 millions de véhicules travaillait, selon le Financial Times, à une fusion entre Renault et Nissan, une opération que le constructeur japonais rejetait et cherchait à bloquer de crainte qu'elle ne grave dans le marbre son statut de "second ordre" dans la structure, toujours selon le quotidien. M. Ghosn voulait rendre les liens "irréversibles" entre Renault et Nissan, a commenté dans une note Kentaro Harada, analyste chez SMBC Nikko Securities. "Nous ne pouvons pas exclure la possibilité que l'alliance se retrouve affaiblie". "Cela va-t-il changer l'équilibre du pouvoir (entre les parties française et japonaise), c'est la principale question", souligne-t-il.


(Lire aussi : L'affaire Ghosn, un "coup d'Etat" interne fomenté par Nissan ?)


L'agence de notation Standard and Poor's a d'ailleurs annoncé mardi qu'elle envisageait de baisser la note de la dette à long terme de Nissan, en raison en particulier des doutes autour de ce mariage à trois.

Soucieux de rassurer, les gouvernements français et japonais ont réaffirmé mardi dans un communiqué commun leur "important soutien" à l'alliance. Les titres des trois entreprises ont chuté après l'annonce de l'arrestation, mais l'action Nissan se reprenait mercredi.


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Le groupe Nissan pourrait lui aussi faire l'objet de poursuites judiciaires, après la spectaculaire arrestation du président de son conseil d'administration Carlos Ghosn sur des soupçons de malversations. Ni Nissan ni le bureau des procureurs de Tokyo n'ont confirmé cette information.Selon des médias locaux, qui ne citent pas leurs sources, le parquet estime que si faute il y a, la...

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"en déclarant une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. " Gone(à la française) with the wind!

Georges MELKI

12 h 31, le 21 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • "en déclarant une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. " Gone(à la française) with the wind!

    Georges MELKI

    12 h 31, le 21 novembre 2018

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