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À La Une - automobile

Ghosn reste PDG de Renault malgré son arrestation

Bolloré assure l'intérim chez Renault, craintes pour l'alliance avec Nissan. 



Carlos Ghosn lors d'une réunion à Paris, le 1er octobre 2018. REUTERS/Regis Duvignau

Le conseil d'administration de Renault a désigné mardi soir le numéro deux de l'entreprise Thierry Bolloré pour assurer l'intérim de Carlos Ghosn, qui reste PDG malgré son arrestation au Japon sur des soupçons de malversation, sur fond d'interrogations quant à l'avenir de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi.

M. Bolloré, 55 ans, que M. Ghosn avait choisi comme bras droit en février dernier, s'est vu confier "à titre provisoire" la direction exécutive du groupe et disposera donc des "mêmes pouvoirs" que le PDG, qui demeure à son poste mais dont le conseil n'a pu que constater qu'il était "temporairement empêché".

Le conseil a aussi indiqué qu'il se "réunira(it) régulièrement, sous la présidence de l'administrateur référent" Philippe Lagayette, "pour préserver les intérêts de Renault et assurer la pérennité de l'Alliance" avec les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi. Cette nomination sans surprise de M. Bolloré épouse le souhait énoncé plus tôt mardi par le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire de mettre immédiatement en place un intérim à la tête du constructeur dont l'État détient 15% du capital.

Si M. Ghosn garde pour l'instant formellement son poste chez Renault, le conseil d'administration de Nissan se prononcera lui, sur le limogeage de son président jeudi matin. Mitsubishi Motors (MMC) entend également le "démettre rapidement".

Lâché de toutes parts, Carlos Ghosn, considéré à 64 ans comme un des plus puissants capitaines d'industrie au monde, est toujours détenu à Tokyo, où il a été arrêté lundi en descendant de son jet privé.

Le parquet japonais reproche au Franco-libano-brésilien d'avoir "conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015", en ne déclarant que 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) contre près de 10 milliards de yens sur la période.

Dans une conférence de presse d'une brutalité hors du commun, le président exécutif de Nissan Hiroto Saikawa a également mentionné lundi "de nombreuses autres malversations, telles que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles", qui auraient été découvertes après plusieurs mois d'enquête interne.

M. Ghosn aurait en outre, selon la chaîne publique NHK, empoché des sommes déclarées au nom d'autres administrateurs.

Mardi soir, le conseil d'administration de Renault a demandé à Nissan "de lui transmettre l'ensemble des informations en sa possession dans le cadre des investigations internes dont M. Ghosn a fait l'objet", disant ne pas être "en mesure de se prononcer sur les éléments dont disposeraient Nissan et les autorités judiciaires japonaises à l'encontre de M. Ghosn".

La rémunération de ce patron aussi puissant que secret a déjà donné lieu à bien des polémiques, tandis que son train de vie a également pu susciter des commentaires, à l'image par exemple de sa réception de mariage en grande pompe au château de Versailles en 2016.

Carlos Ghosn touchait quelque 15 millions d'euros par an au titre de ses diverses fonctions, un montant particulièrement élevé pour un industriel européen ou japonais, bien que très éloigné des faramineux salaires versés par exemple dans la finance aux États-Unis.


(Portrait : Carlos Ghosn, la chute d'un symbole)


Fragile équilibre

Au-delà du sort personnel de M. Ghosn, c'est toute l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, dont il orchestrait le fragile équilibre, qui tangue à la suite de ce coup de tonnerre.

L'affaire survient au moment où le PDG de l'ensemble aux 10,6 millions de véhicules travaillait, selon le Financial Times, à une fusion entre Renault et Nissan, une opération que le constructeur japonais rejetait et cherchait à bloquer de crainte qu'elle ne grave dans le marbre son statut de "second ordre" dans la structure, toujours selon le quotidien.

M. Ghosn voulait rendre les liens "irréversibles" entre Renault et Nissan, a commenté dans une note Kentaro Harada, analyste chez SMBC Nikko Securities. "Nous ne pouvons pas exclure la possibilité que l'alliance se retrouve affaiblie". "Cela va-t-il changer l'équilibre du pouvoir (entre les parties française et japonaise), c'est la principale question", souligne-t-il.

L'agence de notation Standard and Poor's a d'ailleurs annoncé mardi qu'elle envisageait de baisser la note de la dette à long terme de Nissan, en raison en particulier des doutes autour de ce mariage à trois. Mardi soir, le conseil d'administration de Renault a dit partager "le soutien exprimé par la direction de Nissan au développement de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui reste la priorité du Groupe".

De même, les gouvernements français et japonais ont réaffirmé mardi dans un communiqué commun leur "important soutien" à cette alliance. A Paris, le titre Renault a terminé mardi sur un recul de 1,19%, après avoir déjà dévissé de plus de 8% lundi. Les actions des constructeurs japonais ont souffert mardi à Tokyo, terminant en baisse de 5,45% pour Nissan et de 6,84% pour MMC.


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Le conseil d'administration de Renault a désigné mardi soir le numéro deux de l'entreprise Thierry Bolloré pour assurer l'intérim de Carlos Ghosn, qui reste PDG malgré son arrestation au Japon sur des soupçons de malversation, sur fond d'interrogations quant à l'avenir de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi.M. Bolloré, 55 ans, que M. Ghosn avait choisi comme bras droit en février...

commentaires (12)

Erreurs dans mon dernier commentaire : Inconstantes et sinueuses. Merci.

Sarkis Serge Tateossian

11 h 58, le 21 novembre 2018

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Commentaires (12)

  • Erreurs dans mon dernier commentaire : Inconstantes et sinueuses. Merci.

    Sarkis Serge Tateossian

    11 h 58, le 21 novembre 2018

  • PRIERE LIRE BIEN SURTOUT VERS LA FIN CES EXTRAITS DANS MA REACTION AVANT DE LA CENSURER POUR SES PREMIERES LIGNES QUI DEVRAIENT AUSSI ETRE COMPRISE. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 38, le 21 novembre 2018

  • TRES INTERESSANT A LIRE. DES EXTRAITS D,UN ARTICLE ECRIT PAR MICHAEL BALLABAN, FILED TO NISSAN. THERE,S AN OLD MAFIA TROPE, USUALLY A MOB BOSS LOOKS ALL-POWERFUL, LIKE NOTHING CAN STOP HIM AND NO ONE CAN STAND UP TO HIM. UNTIL HE TAKES THINGS A STEP TOO FAR, AND THE COMMISSION, AKA THE BOARD OF DIRECTORS, THE OTHER FAMILIES, WHATEVER, THEY DECIDE HE,S DONE. AND THEN HE GETS WHACKED. A NEW STORY FROM THE FINANCIAL TIMES HEAVILY IMPLIES THAT FORMER RENAULT-NISSAN-MITSUBISHI ALLIANCE MEGABOSS CARLOS GHOSN TOOK THINGS A STEP TOO FAR, AND THEN NISSAN,S BOARD DECIDED GHOSN HAD TO GO. CARLOS GHOSN HAD BEEN PLANING A MERGER BETWEEN RENAULT AND NISSAN BEFORE HIS ARREST IN TOKYO THIS WEEK, A DEAL THAT THE JAPANESE CARMAKER,S BOARD OPPOSED AND WAS LOOKING FOR WAYS TO BLOCK.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 26, le 21 novembre 2018

  • Naïveté quand tu nous agrippes ! Il n'est question de remettre en cause la lutte contre la corruption elle même, mais l'instrumentalisation qu'on peut en faire pour aboutir à ses fins . Avec Carlos Ghosn, au Japon qui se réveille plus de 20 ans plus tard pour découvrir un fait de malversations fiscales vis à vis d'un sauveur grace à qui le fleuron actuelle de son économie n'aurait jamais vu le jour , me laisse pantois , surtout dans la façon que cette " honteuse arrestation " a été conduite . Et j'ajouterai conduite à charge sur ordre de ........

    FRIK-A-FRAK

    11 h 10, le 21 novembre 2018

  • ..Chauvinisme quand tu nous tiens ..! loin d'ignorer "les besoins de suprématie " dans le commerce mondial,y compris au JAPON ,je reste confiant en la justice de ce Pays ,les citoyens veillent . Le plus bel exemple venant du puissant PDG (KWON OH)de Samsung démis de ses fonctions avec poursuites juridiques et peines . Dénoncer une gangrène endémique qu'est la corruption ,jusque paralyser un pays,est un engagement citoyen. La présomption d'innocence concernant Mr Ghosn est de règle comme pour tout citoyen lambda. C'est un droit. "crier aux complots dont la seule raison est le parfum de son origine n'est à l'honneur de notre pays . A suivre

    salamé riad

    10 h 42, le 21 novembre 2018

  • MAIS SI IL A VRAIMENT VOLER LE FISC ET COMMIS DES MALVERSATIONS LA JUSTICE LES CLARIFIERAIT. IL PEUT SE PERMETTRE LES MEILLEURS AVOCATS. IL NE SERA PAS FACILE A CROQUER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 00, le 21 novembre 2018

  • Tokyo veut reprendre les rênes de cet empire automobile de façon injuste et irrespectueuse

    L’azuréen

    09 h 34, le 21 novembre 2018

  • Il est temps d'arrêter de donner le Bon Dieu sans confession à ces juridictions " au dessus de tout soupçon " . S'il faut étayer des exemples , on vient de voir sous nos yeux ce que les tribunaux et jugements dits de pays "intègres" nous ont donné. La relation entre la bensaoudie et les usa est inébranlable, inébranlable, c'est pas de moi mais de la 1ere puissance mondiale . On a attendu assez de temps pour finir par comprendre que justice et patience donne aux décideurs le temps d'ajuster leur relation dans le sens des intérêts réciproques au dépends des HOMMES . LE Japon n'est pas exclus de ces faits , la preuve son alignement aveugle sur une politique imposée par son puissant vainqueur en 45 .

    FRIK-A-FRAK

    09 h 17, le 21 novembre 2018

  • Laissons le chauvinisme et d'autres artifices peu signifiants de côté.x Il n'est pire aveugle, que celui qui ne veut pas voir. Je suis tenté de dire, que pour une fois que nous avons un grand patron de taille internationale voir mondiale, capable et integre... On nous l'abat pour des considérations obscures, inconstant et sinueux. Et oui permettez moi de vous dire qu'il est une de nos fiertés.

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 15, le 21 novembre 2018

  • Bonjour Beyrouth "L'affaire Ghosn " m' a amené à lire le point de vue de la presse libanaise et internationale ,ainsi que le point de vue des lecteurs. Assez de chauvinisme alors que rien n'est encore confirmé ,tant dans sa véracité que dans l'existence"d'éventuels complots" Si les qualités de Ce Grand PDG ne sont pas à remettre en question ,laissons la justice japonaise faire son métier. Que ne fut ma "joie" quand j’entends sur France info que des femmes libanaises "manifestent" leur colère contre la corruption (n'y voyez aucune allusion ) et contre les problèmes sociétaux ( pollution ..) Un peu de de "modestie" de notre part ,eu égard à son origine libanaise ,nous ferait honneur . Il me semble que l 'absence d'un gouvernement,cinq mois après les élections ,devrait nous donner plus d'humilité . Bonne journée!

    salamé riad

    08 h 34, le 21 novembre 2018

  • C'est un véritable complot contre un génie. Dégoûtant , cette jalousie que cet homme hors pair a provoqué à travers le monde . Tout ça parce qu'il refusait d'arrêter de vendre des Renault à l'Iran NPR.

    FRIK-A-FRAK

    07 h 58, le 21 novembre 2018

  • C'est un dossier très délicat à cause de l'agressivité japonaise. Il ne s'agit pas d'un patron qu'a volé le fisc... Il s'agit d'un patron hors paire qui a redressé un empire automobile au bord de la faillite. Un empire économique nippon ... (l'enjeu était immense) Aujourd'hui le gouvernement japonais a décidé brusquement de récupérer la marque ... et une telle opération ne se fait avec des réunions de conseil par des voies légales... cela coute extrêmement cher. Le choix des japonais est claire et devant nous : l'élimination de Carlos Ghosn Pour le moment l'attitude de Paris est correcte .. Paris préserve Ghosn à son poste de PDG de Renault. Mais est-ce tenable très longtemps ? comment préserver la cohésion du groupe ? A mon avis il y a péril en la demeure... Espérons toutefois une solution convenable pour Renault tout au moins.

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 08, le 21 novembre 2018

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