Rechercher
Rechercher

Liban - Journée de l'enfant

Le droit des enfants au jeu, mais quels jeux ?

La Journée internationale des droits de l’enfant est célébrée aujourd’hui, 20 novembre, dans différents pays du monde, et pour la première fois au Liban. Placée au plan national sous le thème « Donnons la parole aux enfants », elle a pour objectif de leur permettre de s’exprimer librement dans la presse écrite et les médias audiovisuels. Dans ce cadre, L’Orient-Le Jour a été à la rencontre et a ouvert ses colonnes à plusieurs élèves de certains établissements scolaires.

La célébration au Liban a été organisée et supervisée par Rania Zaghir, écrivaine et éditrice libanaise, qui a été récemment chargée par l’Unesco d’un projet intitulé « Vers la primauté de la loi : faisons bien les choses ».

Dans la Convention des droits de l’enfant (CIDE), nous pouvons lire dans l’un des articles le droit de l’enfant à jouer et à avoir des loisirs. Dans un pays où l’on n’a quasiment pas accès à des espaces verts publics ou à des jeux gratuits dans la forme classique que nos parents ont connue, nous revendiquons notre droit à utiliser nos tablettes en paix !

En tant qu’enfant de douze ans, je peux vous assurer que ce qui est le plus important pour moi c’est de finir mes études le plus vite possible, balancer mon cartable dans un coin pour pouvoir jouer confortablement à Fortnite. Ce jeu désormais accessible sur tous les téléphones portables dans sa version mobile, et qui n’a plus besoin de console de jeu, a fait déjà partout dans le monde des dizaines de millions d’adeptes. C’est le point faible de tous mes camarades de classe. Celui qui ne joue pas à Fortnite, surtout parmi les garçons, est considéré comme un outsider vivant en marge de la société des ados branchés. Sachant manipuler depuis quelques années déjà les consoles de jeux, les tablettes et téléphones mobiles, nous appartenons à la génération de la technologie. Les livres ne nous intéressent point dans la mesure où toutes les infos peuvent être obtenues par un seul clic. Faisant partie d’une famille qui limite le temps d’utilisation des tablettes ou autres écrans, je me sens souvent frustré et en colère face à des parents qui ne savent pas dans quelle mesure ces jeux constituent la seule échappatoire pour des enfants pris entre quatre murs.

On nous parle d’addiction, de dépendance, d’hyperactivité ou encore de manque de concentration en classe et nous leur répliquons par montée d’adrénaline, plaisir de jouer en équipe, joie de la victoire et défoulement en fin de journée ponctuée d’apprentissage théorique et d’une mobilisation forcée digne du Moyen Âge. Ce jeu qui ne cesse de dévoiler ces mystères et ces étapes de plus en plus stimulantes est devenu la phobie de nos professeurs qui se trouvent face à un public de plus en plus ensommeillé et distrait n’ayant en tête que le jeu et ses différentes étapes, malgré toutes les interdictions et les avertissements. Rien ne semble nous détacher de ce jeu de survie opposant cent joueurs entre eux jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Nous avons le droit de jouer et nous ne sommes pas responsables de l’avancée technologique et encore moins de la présence des tablettes entre nos mains. C’est au tour des adultes de s’adapter et de changer le monde en une version plus adéquate. Une mise à jour des méthodes d’apprentissage et de la notion du jeu s’impose, sinon le gouffre intergénérationnel ne cessera de s’élargir.

Michel Tawk est en classe de 6e à N-D de Jamhour




Lire aussi

Tous les enfants sont égaux, Libanais ou Syriens, Noirs ou Blancs...

Tribunes 

Quand je serai grand je serai quelqu’un d’important, par Habib Tawk

Le fantôme de la guerre, par Alain Jabbour 

Dans la Convention des droits de l’enfant (CIDE), nous pouvons lire dans l’un des articles le droit de l’enfant à jouer et à avoir des loisirs. Dans un pays où l’on n’a quasiment pas accès à des espaces verts publics ou à des jeux gratuits dans la forme classique que nos parents ont connue, nous revendiquons notre droit à utiliser nos tablettes en paix ! En tant qu’enfant de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut