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À La Une - Syrie

Combats inédits entre rebelles pro-Ankara à Afrine : 25 morts

La coalition menée par Washington nie avoir visé des civils dans des raids.


Photo d’archives montrant des rebelles syriens soutenus par la Turquie dans la ville de Afrine, en mars 2018. Nazeer al-Khatib/AFP

Des affrontements ont éclaté pour la première fois entre factions rebelles syriennes pro-turques dans la ville d'Afrine, dans le nord de la Syrie, faisant 25 morts et des dizaines de blessés dimanche, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La région d'Afrine, située dans la province d'Alep et majoritairement kurde, est tombée en mars aux mains de l'armée turque et de ses supplétifs syriens, qui en ont chassé les forces kurdes au terme d'une offensive meurtrière.

Les affrontements, commencés samedi et qui se poursuivent dimanche, opposent la quasi-totalité des groupes rebelles à une seule faction s'appelant "Tajamo Chouhada al-Charkiya", accusée de ne pas respecter "les décisions des forces turques" et "de multiples abus", a expliqué le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Ils s'inscrivent dans le cadre général de la "lutte d'influence entre les groupes" rebelles pro-turcs à Afrine, a-t-il ajouté en précisant que l'objectif est d'"éliminer" "Tajamo Chouhada al-Charkiya".

Les combats dans plusieurs quartiers de la ville d'Afrine ont fait 25 morts et des dizaines de blessés dans les deux camps, selon M. Abdel Rahmane.  "Ces combats violents continuent et ils sont sans précédents depuis que les rebelles ont pris Afrine", a précisé M. Abdel Rahmane. "Les civils sont terrifiés", a-t-il ajouté. Face aux violences, les forces turques présentes dans la ville ont demandé aux habitants de rester chez eux, a précisé l'Observatoire, ajoutant que "des chars turcs patrouillent dans les rues".

La faction "réfractaire", qui compte près de 200 combattants majoritairement originaires de la province de Deir ez-Zor (est), avait participé à l'offensive qui a abouti à la prise d'Afrine, selon l'OSDH. Sur son compte twitter, l'"Armée nationale", qui regroupe la plupart des factions pro-Ankara, a expliqué qu'elle cherchait à en finir "avec les gangs hors-la-loi".

La ville d'Afrine a été le théâtre ces derniers mois de vols, pillages, expropriations et enlèvements, l'ONU dénonçant en août la saisie systématique de maisons abandonnées, alors que l'ONG Amnesty International décriait un "climat de terreur" dans la cité. La moitié des 320.000 habitants d'Afrine avaient fui l'avancée des troupes turques, selon un rapport de l'ONU en septembre sur la Syrie, pays ravagé par la guerre depuis 2011.


(Lire aussi : Pourquoi la Turquie a besoin de rester en Syrie)


Deir ez-Zor
Sur un autre plan, la coalition antijihadistes dirigée par les États-Unis a de nouveau démenti hier avoir tué des civils dans des frappes contre le groupe État islamique dans l’est de la Syrie et accusé le régime syrien d’avoir bombardé le secteur.

Plus de sept ans après le début de la guerre en Syrie, les vastes territoires qui étaient contrôlés par l’EI se sont réduits, sous le coup de plusieurs offensives, à une petite poche dans la province de Deir ez-Zor, à la frontière irakienne. Dans ce secteur, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par la coalition, tentent désormais de déloger les derniers jihadistes de la rive orientale du fleuve Euphrate, tandis que les forces du régime, soutenues militairement par l’allié russe, sont stationnées sur la rive occidentale.

Samedi, l’OSDH a affirmé que 43 personnes, dont 36 membres des familles des combattants de l’EI, avaient été tuées par des raids aériens contre le village d’Abou el-Hosn, dans la province de Deir ez-Zor, en les imputant à la coalition. Mais le porte-parole de la coalition, qui a confirmé des frappes dans le secteur d’Abou el-Hosn, a nié samedi qu’elles aient visé des civils. Hier, l’émissaire américain Brett McGurk a lui aussi nié que la coalition avait causé la mort de civils. Il a affirmé sur Twitter que des forces "de l’autre côté du fleuve" avaient bombardé le secteur, en référence apparemment aux troupes du régime. Selon

l’OSDH, des tirs entre prorégime et jihadistes ont effectivement été échangés samedi dans le secteur, mais l’artillerie du régime "n’a pas visé Abou el-Hosn".


(Pour mémoire : Les rebelles syriens créent une "armée nationale" avec la Turquie)


"Progression"
Sur un autre front, le régime de Bachar el-Assad a repris samedi à l’EI sa dernière poche dans le sud de la Syrie, à Tloul al-Safa, située entre les provinces de Damas et de Soueida, au terme de plusieurs semaines de bombardements intensifs. Les forces gouvernementales "contrôlent désormais la région après le retrait des combattants de l’EI vers l’est, dans la Badiya (désert)", a indiqué l’OSDH. L’organisation ultraradicale est désormais acculée dans l’Est syrien, en sus d’une présence dans le désert.

Selon les analystes, "l’EI n’a pas de grandes chances de rester dans la poche de Hajine", la place forte des jihadistes dans l’Est syrien, estime Julien Théron de l’Institut d’études politiques de Paris. L’alliance entre la coalition et les FDS "a déjà fait preuve d’une grande efficacité ces dernières années".


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