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Campus - FORMATION

« Si on ne veut pas quitter le Liban, on ne peut pas rester les bras croisés »

Un diplôme universitaire en lien social et civique voit enfin le jour au Liban. Une formation proposée par l’université de la Sagesse, dont les premiers enseignements ont débuté le vendredi 26 octobre. « L’Orient-Le Jour » a rencontré Carla Aramouni, responsable de la formation.

« Cette formation est ouverte à toute personne ayant envie d’avoir un engagement social et civique, et qui aurait envie de construire quelque chose dans ce pays au niveau des liens sociaux et civiques. »

L’université de la Sagesse s’est lancée dans une nouvelle aventure pour le moins courageuse. Depuis cette année, il est désormais possible d’y passer un diplôme universitaire (DU) en lien social et civique, une initiative prometteuse au Liban où 18 communautés religieuses sont officiellement dénombrées. Ce DU sera décerné aux étudiants suite à l’obtention de 20 crédits, sachant que les unités d’enseignement (UE) seront réparties sur deux semestres. En un an donc, il sera possible d’obtenir un diplôme complémentaire, dont les cours seront dispensés les vendredis après-midi et quelques samedis. Ces cours seront divers et variés, allant de la citoyenneté jusqu’aux droits de l’homme, en passant par des enseignements de politique sociale, de respect du bien commun, de psychologie sociale, ou encore en développement personnel.

« Dans n’importe quelle société, il est important d’avoir accès à la culture sociale et à une vision sociale de solidarité, de partage, d’engagement et de responsabilité envers l’autre », rappelle Carla Aramouni. L’idée principale étant de permettre le débat et, surtout, de « prendre conscience de la responsabilité sociale et d’agir en conséquence. C’est très important dans un pays comme le nôtre, où tout part dans tous les sens et où beaucoup ne pensent et ne travaillent que pour eux-mêmes ». Au terme de la formation, qui ne coûtera que 350 dollars américains, un stage pratique sur le terrain, essentiellement dans les municipalités ou les ONG, devra permettre de concrétiser la théorie en offrant une « participation à la responsabilité civique, à la valorisation du bien commun et à la reconstruction du tissu social, à travers des liens à créer ou à développer », comme on peut le lire sur le programme du DU. Les conditions d’admission au diplôme attestent de son accessibilité à tous : il suffit pour s’inscrire d’être titulaire du baccalauréat et de maîtriser l’arabe et le français, langues dans lesquelles les enseignements seront assurés. Quant aux avantages, ils sont nombreux, et si l’on ne doit en retenir qu’un, c’est que « l’engagement social sera beaucoup plus efficace, plus ciblé et plus constructif si une formation au préalable nous prépare à une méthodologie d’action ».

« À un moment donné,il faut agir ! »

Carla Aramouni a une formation d’assistante sociale. Elle a travaillé dans les formations sociales pendant des années. Mais sa vie familiale l’obligeant à prendre de la distance avec ses engagements, elle voyage à l’étranger. Quand elle revient s’installer au Liban au début des années 2010, elle constitue de manière informelle un groupe de femmes libanaises en quête d’expression et d’espace de liberté au sein de la société. Elle témoigne : « Quand je suis revenue de l’étranger, nous étions une vingtaine de femmes à chercher notre épanouissement personnel dans cette société. Nous avons compris que ce bien-être était indissociable d’un engagement social. » C’est l’université de la Sagesse, via notamment le recteur père Khalil Chalfoun, le vice-recteur père Richard Abi Saleh et le père Guy Sarkis, qui leur donne l’opportunité d’octroyer un diplôme universitaire dans lequel elles feraient un acte d’engagement social, de lien social et civique. La coïncidence était providentielle : un projet de même nature germait déjà dans cette université, et c’est la rencontre entre ces deux parties qui donne naissance à la concrétisation de leur désir commun. « On s’est dit : pourquoi, puisqu’il y a ce projet à l’université de la Sagesse, ne pas commencer avec ce groupe de femmes qui est déjà là et déjà prêt ? » Ainsi, pour cette première année, les 22 inscrits au DU de lien social à l’université de la Sagesse sont essentiellement ces mêmes dames quadragénaires qui rêvaient de pouvoir agir. Mais c’est là un point de départ, comme le rappelle Carla Aramouni : « En janvier, il y aura un nouveau groupe d’inscrits, cette fois-ci avec plus d’hommes attendus, la formation étant ouverte à tous les profils. Le but est d’offrir une formation secondaire, annexe, pour toute personne ayant n’importe quel autre diplôme. Nous sommes comme un tremplin pour les Libanais qui, en parallèle de leur parcours, ont envie de s’engager sur le plan social. » Et Carla Aramouni de conclure : « L’initiative privée est très importante au Liban. C’est pour cela qu’on parle beaucoup de société civile. Dans l’administration, il peut y avoir une forme de lourdeur. Il y a un mal-être dans ce secteur-là au Liban. Ce n’est pas une raison pour nous empêcher d’avancer. On ne peut plus se plaindre… Ça fait des années qu’on ne fait que ça. À un moment donné, il faut agir ! »

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L’université de la Sagesse s’est lancée dans une nouvelle aventure pour le moins courageuse. Depuis cette année, il est désormais possible d’y passer un diplôme universitaire (DU) en lien social et civique, une initiative prometteuse au Liban où 18 communautés religieuses sont officiellement dénombrées. Ce DU sera décerné aux étudiants suite à l’obtention de 20 crédits,...

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