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À La Une - Liban

Manifestations après des rumeurs sur la destruction et la relocalisation du Lycée Abdel Kader à Baabda

Dans un tweet, Walid Joumblatt appelle à  « stopper ce projet criminel » et préserver la mémoire de Beyrouth.


Photo tirée du site du Lycée Abdel Kader (Lak).

La communauté éducative est en émoi depuis que circulent des rumeurs d’une possible relocalisation à Baabda du Lycée Abdel Kader (Lak), plus exactement au Lycée des Pères antonins de Baabda (Lypa). Selon ces rumeurs, le terrain sur lequel est bâti le Lak qui est géré par la Fondation Hariri, aurait été mis en vente par sa propriétaire, Hind Hariri (fille de l’ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri) dans l’objectif d’y construire un centre commercial. « Il aurait même déjà été vendu », affirment certains.

Mercredi matin, des enseignants, parents d’élèves et élèves de première et terminale du Lypa se sont rassemblés devant les portes du Lycée Abdel Kader, qui compte 1882 élèves, dans le quartier du patriarcat à Beyrouth (ouest), scandant leur refus de céder leur école aux élèves du Lak. « Ne prenez pas notre école », leur ont-ils lancé, rapporte à L’Orient-Le Jour une source proche de l’établissement. Les élèves du Lak ont aussitôt réagi. Faisant face aux élèves des Pères antonins, ils ont eux aussi crié leur refus de quitter leur établissement et leur profonde tristesse, vu leur attachement à ce qu’ils nomment affectueusement le château, pour ses vieilles pierres et ses arcades. Et rappelé que leurs parents et grands-parents étaient d’anciens élèves de ce lycée.

La veille, devant le Lycée des Pères antonins à Baabda, les protestataires ont carrément eu recours à la violence, saccageant des locaux, brisant des vitres de l’école. « Le Lypa, qui scolarise 300 élèves, est donc resté portes closes aujourd’hui, car il est nécessaire de réparer les dégâts », révèle à L’Orient-Le Jour le père Boutros Azar, membre de la congrégation des Pères antonins. Le secrétaire général des écoles catholiques condamne par ailleurs fortement l’action des casseurs, et soutient qu’« une telle réaction n’est pas innocente ». « Quels que soient les raisons de leur inquiétude, ils n’ont pas le droit de s’en prendre à l’école et tout peut être réglé par le dialogue », martèle-t-il, appelant les forces de l’ordre et la justice « à prendre les mesures adéquates ».

Pour l’instant, les principaux intéressés (Fondation Hariri-direction du Lak et Pères antonins) gardent le silence sur l’avancée des pourparlers entre les deux institutions éducatives et se contentent de lancer des appels au calme. Seule la Direction générale des antiquités, relevant du ministère de la Culture assure aujourd’hui dans un communiqué qu’elle n’a donné « aucune autorisation de détruire ce bâtiment historique », et ce, après un tweet du leader druze Walid Joumblatt, invitant « à stopper le projet criminel de destruction du Lak pour en faire un mall, semblable aux horribles malls à Verdun ou autre ». M. Joumblatt a appelé à « préserver ce qui reste de patrimoine » à Beryouth, invitant la municipalité à faire du bâtiment du Lycée Abdel Kader un musée.


Les Pères antonins n'ont pas vendu, pour l'heure
Face à la violence des réactions, le secrétariat général des Pères antonins maronites a également publié un communiqué démentant les risques de mise à la porte des élèves, enseignants et employés du Lypa. « Nul n’est plus concerné que nous par nos élèves, notre corps enseignant et nos employés. Et personne ne sera privé de son pain quotidien », affirme le communiqué. Dénonçant les rumeurs et les violences devant l’école de Baabda, la congrégation assure « n’avoir vendu, pour l’instant, aucun de ses établissements, et n’a ni loué, ni fermé le Lypa, contrairement à ce que dit la rumeur ». Tout en assurant qu’elle demeure à la disposition du corps enseignant pour plus d’information. De son côté, la direction du Lak promet aux parents d’élèves « de communiquer avant la fin du mois de novembre ». Elle précise que « plusieurs hypothèses sont encore à l’étude et qu’aucune n’est pour l’instant finalisée ».

Pour le moins floue, l’affaire ne se limite pas au rachat ou à la location d’un établissement par un autre. Elle met en exergue « la menace que constitue la loi 46 liée à la nouvelle échelle des salaires, sur la survie des petites écoles », souligne le père Boutros Azar. « Le Lypa n’a que 6 ans d’âge. Vu le nombre restreint d’élèves qu’il scolarise, il fait face à des difficultés financières, et risque même la faillite », reconnaît le père Azar. D’où la possibilité que cet établissement situé sur une vaste propriété de la congrégation antonine maronite après échange de terrains avec l’ambassade américaine, soit effectivement considéré pour abriter le Lycée Abdel Kader.

La communauté éducative est en émoi depuis que circulent des rumeurs d’une possible relocalisation à Baabda du Lycée Abdel Kader (Lak), plus exactement au Lycée des Pères antonins de Baabda (Lypa). Selon ces rumeurs, le terrain sur lequel est bâti le Lak qui est géré par la Fondation Hariri, aurait été mis en vente par sa propriétaire, Hind Hariri (fille de l’ancien Premier...

commentaires (12)

Quelqu’un peut m’expliquer comment on pense faire entrer 1882 eleves dans un batiment de 300 places?

Marie-Hélène

21 h 59, le 07 novembre 2018

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Commentaires (12)

  • Quelqu’un peut m’expliquer comment on pense faire entrer 1882 eleves dans un batiment de 300 places?

    Marie-Hélène

    21 h 59, le 07 novembre 2018

  • L’éducation et la culture sont elles encore une priorité au Liban?

    Salamé Bassam

    21 h 13, le 07 novembre 2018

  • On aurait espéré que la plus jeune milliardaire du monde aurait protégé le patrimoine au lieu de le vendre. Difficile d'imaginer à quoi peut lui servir davantage de cash.

    Ian

    21 h 11, le 07 novembre 2018

  • Les méga-centres commerciaux sont passés de mode aux USA et leurs nombres déclines. En Europe leur nombres stagnent. Quand on voit les faibles vente dans les grands super-marchés au Liban on se demande par quels miracles ils tiennent encore économiquement. En rajouter un relèverait de la folie.

    Shou fi

    19 h 52, le 07 novembre 2018

  • A COMPRENDRE QUE LE LYCEE EST ERIGE SUR UNE PROPRIETE PRIVEE ? COMMENT ET POURQUOI ? INITIALEMENT AVANT DE BATIR LE LYCEE OU LA BATISSE QUI DEVINT UN LYCEE LE TERRAIN APPARTENAIT A QUI... ET QUI AVAIT VENDU A QUI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 46, le 07 novembre 2018

  • hariri pere a bien exproprie tout les habitant du centre ville et leur a donne en contre-partie des actions inutiles...pourquoi ne pas exproprier la famille hariri de ce bien fond et leur donner des actions???? on aurait du faire la meme chose pour le eden rock....

    George Khoury

    19 h 13, le 07 novembre 2018

  • Les elèves du Lypa ou du Lak doivent rester à leurs places , et assez jouer sur la confession au nom de la laicité et changer la religion des régions et instituts scolaires.

    Antoine Sabbagha

    19 h 06, le 07 novembre 2018

  • Avez-vous déjà vu un homme souffrant d’ Alzheimer ? C’est triste.. Eh bien ,le pays ,hélas , est un peu dans cette situation..

    LeRougeEtLeNoir

    18 h 31, le 07 novembre 2018

  • On n'a pas les tenants et les aboutissants de cette affaire. Mais sur le principe, un tel acte est impensable. STOP aux n'importe quoi!

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 06, le 07 novembre 2018

  • Si pas d'autre alternative, oui, oui et oui pour un musée.

    Remy Martin

    17 h 37, le 07 novembre 2018

  • Suite à la guerre civile le centre-ville était en ruine, alors que le Lycée Abdel Kader est encore intact à ce jour ...

    Remy Martin

    17 h 34, le 07 novembre 2018

  • Hind Hariri veut vendre un bâtiment historique pour ériger à sa place un centte commercial? Tu m'étonnes! Elle suit les traces bien marquées de son père au centre-ville.

    Tina Chamoun

    16 h 46, le 07 novembre 2018

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