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Liban - crise

Gouvernement : le nœud persiste, les députés sunnites du 8 Mars insistent toujours pour un portefeuille

« Saad Hariri devrait intégrer dans son équipe un des trois députés sunnites indépendants », propose via « L’Orient-Le Jour » Fouad Makhzoumi, en référence à Nagib Mikati, Oussama Saad et lui-même.

Bruno Foucher, hier, en compagnie du président de la République au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

En l’absence du Premier ministre désigné, Saad Hariri, qui s’est rendu jeudi à Paris pour une visite privée, la formation du gouvernement est en suspens, d’autant que le nœud sunnite qui a fait une réapparition spectaculaire au début de la semaine persiste encore. Cette résurgence, qui a eu lieu alors que le nœud chrétien venait à peine d’être franchi et qu’on était à quelques pas de la naissance du cabinet, ne semble pas près de disparaître, malgré les efforts que le chef de l’État, Michel Aoun, déploie pour aplanir l’obstacle. C’est que les six députés sunnites antihaririens, Fayçal Karamé, Jihad Samad, Abdel Rahim Mrad, Adnane Traboulsi, Kassem Hachem et Walid Succariyé, insistent sur leur représentation au sein de l’équipe ministérielle, tandis que le Premier ministre désigné Saad Hariri rejette leur revendication.

Jihad Samad a ainsi affirmé hier que « les élections législatives ont montré que le courant du Futur n’est plus le seul représentant de la communauté sunnite ». S’étonnant de la position du président de la République Michel Aoun, exprimée à Baabda mercredi à l’occasion du deuxième anniversaire de son accession à la tête de l’État, et à travers laquelle le président a critiqué la demande de représentation des députés sunnites proches du 8 Mars au motif que ceux-ci « ne forment pas un bloc », M. Samad a répliqué qu’avec les cinq autres députés, il forme bien « un bloc créé en 2005 et activé à l’issue du scrutin de mai dernier, lors des consultations parlementaires ».

Contacté par L’Orient-Le Jour, un proche de Fayçal Karamé affirme dans le même sens que « les six députés n’ont cessé de se réunir depuis l’élection du président du Parlement, Nabih Berry, quelques jours après les élections législatives », soulignant que « le nœud sunnite n’a pas surgi à la dernière minute ». Selon ce proche, « le Premier ministre désigné a toujours su que ce nœud existe, puisque les députés lui ont demandé dès le départ de les faire représenter au gouvernement ». Rappelant que ces parlementaires avaient publié un communiqué dans lequel ils réclamaient une quote-part au sein du cabinet, le proche de M. Karamé affirme que « M. Hariri n’a jamais donné de réponse, qu’elle soit positive ou négative ». Selon lui, pour sortir de la crise, « il faudrait que les parties en charge de la formation du gouvernement entament une démarche de dialogue avec ces 6 députés qui font partie des 17 parlementaires sunnites non alliés au courant du Futur ».


(Lire aussi : Le Liban, terrain iranien ?)


« Il n’y a plus d’exclusivité de représentation »

Le député Fouad Makhzoumi, joint aussi par L’OLJ, insiste de son côté sur le fait que « le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ne représente plus exclusivement les sunnites, puisque 40 % d’entre eux ne sont pas dans son camp ». Tout en reconnaissant que M. Hariri est le plus représentatif de sa communauté et que sur cette base, il l’a choisi lors des consultations parlementaires contraignantes, Fouad Makhzoumi estime qu’« à l’instar du Courant patriotique libre qui représente une majorité de chrétiens et admet en même temps la représentation des Forces libanaises, le courant du Futur devrait admettre la représentation d’autres composantes sunnites ». Face à la situation actuelle dans laquelle d’une part M. Hariri, et d’autre part les six députés proches du 8 Mars campent sur leurs positions, M. Makhzoumi propose « une solution intermédiaire en vertu de laquelle le Premier ministre désigné accepterait d’intégrer au gouvernement un des trois parlementaires indépendants et modérés », en l’occurrence Nagib Mikati, Oussama Saad, ou lui-même, ce qui, estime-t-il, « réaliserait une certaine unification de la communauté sunnite, qui serait bénéfique à l’action du prochain cabinet ».


« Un problème provoqué »

Pour sa part, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a affirmé que « le nœud sunnite est un problème qui a été provoqué pour retarder la formation du gouvernement, en voulant faire croire à l’existence dans la Constitution de certains idées et usages ». « Or si la Constitution est très claire quant au caractère contraignant des consultations parlementaires que le chef de l’État entreprend pour la désignation du Premier ministre, elle est aussi claire quant au fait que les consultations effectuées par ce dernier pour former le gouvernement ne sont nullement contraignantes », a martelé M. Siniora, lors d’une tournée d’inspection des travaux du port commercial à Saïda. Et d’ajouter : « Les six sunnites sont en fait des députés affiliés au Hezbollah, et ne peuvent donc être comptés deux fois, d’autant qu’ils ont participé aux consultations du chef de l’État et du Premier ministre désigné dans le cadre des listes dont ils relèvent. Partant, ils ne peuvent se considérer comme formant à eux seuls un bloc. » « S’il en était ainsi, les quinze ou seize députés chrétiens qui ne font pas partie de blocs auraient pu demander eux aussi à être représentés au gouvernement », note M. Siniora.


Foucher à Baabda

L’ambassadeur français Bruno Foucher a quant à lui réitéré, lors d’une réunion avec le président Aoun, le souhait de « voir le gouvernement se former au plus vite ». Lors de l’inauguration du Salon du livre francophone, hier après-midi, le ministre de la Justice, Salim Jreissati, a estimé à cet égard que « la formation du gouvernement est une échéance essentielle », révélant que « la France nourrit des appréhensions quant aux répercussions liées à l’attente du cabinet ».

On apprend toutefois que le rendez-vous de M. Foucher à Baabda avait été pris la semaine dernière, et n’était donc pas lié aux derniers développements liés au processus de formation du cabinet. Des sources proches du palais présidentiel assurent par ailleurs que les contacts se faisaient hier au plus haut niveau pour défaire le nœud sunnite, révélant que le président Aoun nourrit de vifs espoirs quant au règlement de la crise à travers ces tractations. On parle à ce propos de la possibilité pour le chef de l’État d’échanger le siège sunnite qui lui revient par un siège pour les sunnites de l’opposition.

L’appel au dénouement de la crise a été lancé également par le vice-président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Ali el-Khatib. Il a demandé aux parties concernées de « consentir à des concessions réciproques et dépasser la logique du partage des parts en vue de parvenir à former un gouvernement qui donnerait la priorité au service des citoyens », déplorant, dans une déclaration, que « les pratiques actuelles consacrent les privilèges confessionnels au détriment de la citoyenneté ».

À noter enfin que la question de la formation du cabinet était au menu de la rencontre de l’ambassadeur iranien Mohammad Jalal Firouznia et du chef des Marada, Sleiman Frangié, qui a eu lieu au domicile de ce dernier à Bnechii. À l’issue de la réunion, M. Firouznia a souhaité qu’« un gouvernement libanais voie le jour rapidement », indiquant qu’« avec la formation du cabinet, une nouvelle étape sera amorcée, au cours de laquelle le Liban et l’Iran coopéreront dans plusieurs domaines ».


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commentaires (8)

Probablement que le préz expliquait à l'ambassadeur français l'évolution de l'idée qu'il avait présenté aux Nations Unis, concernant« L’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes » et son application réussie grâce à l'intervention du hezb et ses copains. Yallah, 'ntor ya kdich ta yibout hashish... Mckinzie avait bien recommandé l'économie du hashish ... Celà nous fera tous du bien, producteurs et surtout consommateurs dans ce pays.

Wlek Sanferlou

13 h 41, le 04 novembre 2018

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Commentaires (8)

  • Probablement que le préz expliquait à l'ambassadeur français l'évolution de l'idée qu'il avait présenté aux Nations Unis, concernant« L’Académie de rencontre et de dialogue entre les hommes » et son application réussie grâce à l'intervention du hezb et ses copains. Yallah, 'ntor ya kdich ta yibout hashish... Mckinzie avait bien recommandé l'économie du hashish ... Celà nous fera tous du bien, producteurs et surtout consommateurs dans ce pays.

    Wlek Sanferlou

    13 h 41, le 04 novembre 2018

  • Malgré ses critiques des revendications des députés sunnites du 8 Mars, le Président Aoun ne fera rien sans obtenir le feu vert de cheikh Hassan Nasrallah. L'Iran a le dessus, l'Arabie Saoudite étant empêtrée dans la sordide affaire Jamal Khashoggi.

    Tony BASSILA

    18 h 30, le 03 novembre 2018

  • Pauvre Liban...on est au 21ème siècle, mais on raisonne et agit commme au temps des cavernes: moi le plus fort, je vais t'obliger de faire comme je veux...sinon... de toute façon...toi, tu n'as pas le droit de "résister" ! la vérité...c'est moi, le parti divin, qui la détient, un point c'est tout ! Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 54, le 03 novembre 2018

  • Qu'on leur donne ce portefeuille et qu'on en finisse! De toute façon, avec ou sans gouvernement, c'est la même "chaise"!

    Georges MELKI

    12 h 59, le 03 novembre 2018

  • JE LE DISAIS , NE PERDONS PAS DE TEMPS LE HEZB LIBANAIS DE LA RESISTANCE NE LACHERA JAMAIS LE MORCEAU . UN DISSIDENT SUNNITE ET POURQUOI PAS CONTRE UN DISSIDENT CHIITE , S'ILS EN TROUVENT UN .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 57, le 03 novembre 2018

  • L'AMBASSADEUR IRANIEN À LA MAISON CHEZ SLEIMAN 2 ! POUR FAIRE QUOI ? POUR SOUHAITER QUE LE GOUVERNEMENT VOIT LE JOUR RAPIDEMENT ! C'EST SLEIMAN 2 QUI A LA CLEF MAINTENANT ? EST CE QUE VRAIMENT AOUN A FAIT UN FAUT PAS DEVANT NASRALLAH OU BIEN TOUT CA N'EST QUE DE CINÉMA ? ET SI VRAIMENT AOUN BOITE UN PEU DEVANT LE HEZBOLLAH, ON PEUT DIRE QUE SON HEURE A SONNÉE ET QU'ON PRÉPARE SLEIMAN 2 POUR LE REMPLACER SUITE À UN ATTENTAT CLASSIQUE SUR AOUN, OU CRISE CARDIAQUE LOUCHE. C'EST LA SPÉCIALITÉ DU HEZBOLLAH.

    Gebran Eid

    10 h 05, le 03 novembre 2018

  • LE LIBAN SOUFFRE D,UNE GANGRENE QU,IL N,A PAS SU S,EN DEBARRASSER LE CPL LA COUVRANT. VOILA OU NOUS EN SOMMES. IL SERAIT SI LE PRESIDENT ET HARIRI NE PEUVENT MALHEUREUSEMENT PAS S,IMPOSER AUX MANEGES DE LA MILICE IRANIENNE PLUS SOUHAITABLE D,INTEGRER MIKATI DANS L,EQUIPE... COMME DERNIERE OPTION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 42, le 03 novembre 2018

  • Dans cet incroyable et honteux imbroglio d'exigences sans cesse changées de nos super-politiciens...où se trouve l'intérêt du Liban et de son peuple ? D'ailleurs, ces politiciens savent-ils qu'ils sont censés agir pour le pays, et non uniquement pour leurs intérêts personnels et ceux de leurs commanditaires extérieurs ? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 43, le 03 novembre 2018

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