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Lifestyle - La Mode

Printemps-été 2019 : l’hommage de Dior à la danse

De plus en plus controversée, la directrice artistique Maria Grazzia Chiuri, qui en est à sa 5e année et 13e collection pour Christian Dior, renvoie dos à dos grincheux et enthousiastes avec une collection estivale dédiée à la danse. Un pur moment de poésie.

Christian Dior printemps-été 2019. Photo DR

À l’hippodrome de Longchamp, sous une lumière de chapiteau et une pluie de pétales, dans un clair-obscur monacal, Maria Grazia Chiuri, à laquelle nombre d’adeptes de Dior reprochent « son manque de vision », « sa mode ennuyeuse », « son féminisme austère » ou « son manque d’audace », a offert un défilé printemps-été 2019 délicieusement éthéré, inspiré de la danse et des grandes danseuses contemporaines telles Pina Bausch ou Isadora Duncan dont l’univers irrigue ses créations depuis ses débuts à la direction artistique de la prestigieuse maison parisienne. Encore une variation sur le même thème ? Peut-être, mais avec encore plus de grâce et de délicatesse, à la manière dont les grands artistes explorent leur sujet jusqu’à la transe et finissent par le dépouiller pour n’en conserver que l’essence.


(Lire aussi : Dior, révolution dans l’accessoire)


La difficile succession de John Galliano

« On a appelé de chez Zara, ils veulent qu’on leur rende leurs vêtements ! » plaisante un internaute sur YouTube, commentant le film du défilé. La remarque est certes de mauvaise foi, mais elle revient régulièrement souligner le challenge que font subir aux grandes enseignes les géants de la fast fashion si prompts à inonder le marché de faux style en mauvais matériaux. Chiuri, qui faisait tandem avec Pierpaolo Piccioli à la direction artistique de Valentino, a remplacé Raf Simons à la tête de la création Dior, lequel succédait à John Galliano. Difficile de faire plus déjanté, plus téméraire, plus flamboyant et accrocheur que le Britannique déchu de son rôle. Raf Simons a lui-même subi les critiques aujourd’hui adressées à celle qui a voulu faire de Dior une tribune pour l’autonomisation des femmes. Certes, les collections de Chiuri sont lisses, sans prise de risque apparente. Pour elle, les femmes n’ont pas besoin de clignotants pour revendiquer leur place. Ses collections reprennent de manière parfois un peu trop littérale les codes qui distinguent la maison depuis sa création par Christian Dior. On dit qu’elle ramène la maison à sa période Marc Bohan, sans doute la plus classique de son histoire. Mais comment ignorer la géniale complexité des coupes qui sous-tend la sublime fluidité, la voluptueuse légèreté de ces vêtements faits pour le mouvement, taillés pour la grâce ? Comment ignorer les tentatives de la créatrice de fédérer les nouvelles clientes autour de ce cri de guerre, J’adior, qui derrière son côté commercial et trivial appelle les femmes à déployer leur potentiel et reconquérir leur autonomie. Car Maria Grazia Chiuri, à travers son travail dans le luxe, est une féministe convaincue dont le message court d’une collection dédiée à l’escrime à une autre qui exalte la liberté du corps. Par-dessus tout, bien qu’elle privilégie un minimalisme de bon aloi que certains jugent sans relief, elle fait de la danse son atout majeur et son principal message d’émancipation.


(Pour mémoire : L’homme Dior par Kim Jones, la nature pour préférence)


Danse, minimalisme et mémoire

C’est donc encore de danse qu’il s’agira dans la prochaine collection Dior printemps-été 2019. Les codes de la maison sont certes bien présents et reconnaissables entre jupons de mousseline droits, étranglés à la taille toujours de guêpe, Dior oblige, et vestes Bar, modèle court créé par Christian Dior pour permettre à une femme, dans les années 1950, de s’asseoir sur un tabouret de bar. Mais cette veste remasterisée par Chiuri, c’est le bambou que le sage laisse pousser en lui-même avant de le dessiner. C’est l’essence de la veste traduite en paletots, légèrement masculinisée malgré ses épaules arrondies si dioresques, poussée dans ses derniers retranchements, que restitue la créatrice. On ne sera pas indifférent à la palette tout en nuances délicates et poudrées, à l’interprétation couture de la résille de danse, entre cyclistes, jupes ou bodys noirs ou écrus, à la perfection des plissés caryatide sur un souffle de mousseline de soie, à la beauté des broderies, imprimés arty, dentelles et plumetis intégrés dans un délicat jeu de textures. Tout est parfait dans cette collection présentée au milieu d’un spectacle de danse improvisée où les danseurs se mêlaient aux mannequins, passaient entre leurs rangs ou saluaient leur passage. Peut-être un peu trop parfait, trop prudent pour une époque qui réclame de la laideur au même titre que la parfumerie exige cette petite odeur sale qui rend un parfum mémorable. D’ailleurs, s’en souviendra-t-on ?



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