Malgré les efforts déployés, notamment par le tandem chiite, pour faire appliquer un cessez-le-feu durable, les affrontements opposant le mouvement Fateh au groupuscule Ansar Allah relevant de Jamal Hassan Sleiman (mouvance islamiste) ont repris, hier après-midi, dans le camp palestinien de Miyé w Miyé, à la sortie sud de Saïda (Liban-Sud).
Les flambées de violence et les échanges sporadiques de coups de feu et de RPG ont mis en échec deux cessez-le-feu successifs négociés notamment par l’intermédiaire du président de la Chambre, Nabih Berry, et du Hezbollah, l’un conclu la veille, l’autre ayant duré quelques minutes à peine hier.
La reprise des affrontements a pratiquement vidé le village chrétien de Miyé w Miyé, jouxtant le camp, de sa population, et provoqué la colère des habitants qui réclament le désarmement, de gré ou de force, de la milice islamiste. Celle-ci est cramponnée au camp, son dernier refuge, après le quadrillage et le noyautage par les services de renseignements libanais du camp de Aïn el-Héloué. Tout porte à croire que le Fateh, en sa qualité de force légitime coopérant avec l’armée libanaise, est déterminé à mettre au pas le groupuscule islamiste.
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Une réunion regroupant les deux belligérants s’est tenue sous l’égide du Hezbollah. Elle prévoyait le retrait des combattants palestiniens des rues du camp. Mais moins d’une heure après l’annonce de cette trêve, les violents combats ont repris. Hier soir, il était question d’une nouvelle réunion de médiation entre les deux forces, au siège de l’ambassade de Palestine au Liban.
Les combats entre les deux forces, qui durent depuis une semaine, ont déjà fait deux morts dans les rangs du Fateh et plusieurs blessés. Jeudi, deux soldats libanais avaient été blessés par les éclats d’une roquette qui s’est écrasée à proximité de leur poste, aux abords du camp.
Un communiqué militaire publié hier soir a démenti des informations faisant état de l’intervention de l’armée libanaise dans les combats. Toutefois, il a été question d’un déploiement sur un axe principal passant à l’intérieur du camp et séparant les belligérants, une rare exception aux accords du Caire de 1969, en vertu desquels l’armée délègue la sécurité aux factions palestiniennes qui y sont présentes. Mais aucune décision en ce sens n’a encore été prise.
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Haniyeh contacte Aoun
On apprenait enfin hier que le chef du bureau politique du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyé, avait pris contact avec le président Michel Aoun, avec lequel il a examiné la situation et les moyens de mettre fin aux affrontements et de maintenir la sécurité à l’intérieur des camps palestiniens au Liban. M. Haniyé avait déjà pris contact, jeudi, avec le président de la Chambre et le Premier ministre désigné Saad Hariri. Aux dernières nouvelles, une réunion tenue secrète était en préparation au siège de l’ambassade de Palestine, à Beyrouth.
Pour des raisons de sécurité évidentes, le ministre sortant de l’Éducation, Marwan Hamadé, a décidé hier la fermeture des écoles publiques de Saïda, exposées aux balles perdues. La plupart des écoles privées ont suivi le mouvement. Au demeurant, des précautions spéciales ont été prises par les habitants des villages entourant le camp et des quartiers de Saïda situés dans les axes des tirs.
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UNE HISTOIRE ETERNELLE EN CONFLITS INTESTINS CHEZ LES PALESTINIENS...
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 43, le 27 octobre 2018