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Économie - Investissements

À Riyad, l’éclat perdu du "Davos du désert" après l’affaire Khashoggi

La deuxième édition du Davos du désert, qui a débuté mardi, s’achève aujourd’hui, alors que de nombreux invités ont annulé leur participation. Fayez Nureldine/AFP

Des délégués se pâment devant des musiciens jouant Hotel California en marge de la deuxième édition du Future Investment Initiative (FII), forum international sur l’investissement à Riyad ayant débuté mardi, où les autorités saoudiennes veulent montrer que les affaires continuent malgré le scandale autour du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Des « mégaprojets » de plusieurs milliards de dollars ont été annoncés, de somptueux buffets ont été proposés au forum et, mardi, certains des participants se sont bousculés pour approcher le prince héritier Mohammad ben Salmane, ovationné à l’ouverture de la conférence. Mais malgré annonces, concerts et buffets, ce forum de trois jours, destiné à projeter à l’international le royaume pétrolier désertique comme une destination d’affaires lucrative, a été totalement éclipsé d’un point de vue économique par les retombées politiques du meurtre du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi. Critique du puissant prince héritier surnommé MBS, Jamal Khashoggi a été tué dans le consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre, un meurtre qui a suscité une vague de critiques internationales et provoqué des défections en masse de participants au forum économique.


(Lire aussi : Riyad va signer pour 50 milliards de dollars de contrats dans le pétrole et le gaz)


Cette édition n’a donc rien à voir avec celle de l’année dernière où le prince Mohammad, parrain de l’événement, avait ébloui des centaines d’investisseurs internationaux avec un projet de mégapole high-tech de 500 milliards de dollars sur la mer Rouge et un robot parlant nommé Sophia qui avait obtenu la nationalité saoudienne. Le prince était alors largement décrit par des décideurs et des médias internationaux comme un réformateur après avoir autorisé les femmes à conduire dans ce royaume ultraconservateur. Et des hommes d’affaires du monde entier s’étaient pressés à Riyad.

Mais cette année, les grands décideurs n’étaient pas au rendez-vous, à l’instar du milliardaire britannique Richard Branson, du patron de SoftBank Masayoshi Son et du PDG de Siemens Joe Kaeser, qui ont annulé leur venue, ou de la directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde. Hier, les organisateurs se sont empressés de remplacer les absents politiques des États-Unis et d’Europe par des personnalités régionales, le roi de Jordanie et le Premier ministre désigné du Liban (voir page 2), ainsi que par des dirigeants africains comme les présidents du Sénégal et du Gabon.

Les organisateurs ont tenté de continuer à projeter les ambitions économiques du royaume, avec une voiture électrique Lucid exposée à l’extérieur du lieu du déjeuner. Chaque délégué a par ailleurs reçu un livre volumineux intitulé Un plan pour le XXIIe siècle.

Les délégués sont venus en grande partie de pays arabes, dont beaucoup d’Arabie saoudite, et nombre d’Occidentaux présents ont préféré rester discrets. Alors que les délégués pénétraient dans la vaste salle de conférence de l’hôtel Ritz-Carlton, beaucoup d’entre eux regardaient fébrilement leurs smartphones à la recherche des dernières informations sur l’affaire Khashoggi. Le prince Mohammad, qui a fait l’objet de critiques internationales en liaison avec cette affaire, s’est exprimé hier soir devant les participants au forum, qualifiant de « crime odieux » le meurtre de Jamal Khashoggi.


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