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Shaden Fakih

Génération Orient III : #10 Shaden Fakih, comédienne, 26 ans

Elle aurait aimé être vétérinaire, ou encore joueuse de basket. Au lieu de cela, elle s’est retrouvée sur scène à jouer la comédie et à faire rire les gens. On peut la définir comme une activiste du rire… Quand elle entre dans une pièce, elle en impose, par son allure ou par sa voix. Sur son compte Facebook, on peut lire Esperanza et non Fakih. Cette petite gazelle (signification de Shaden) incarne grandement les espoirs et les attentes de ces jeunes qui, comme elle, ne veulent pas atteindre des sommets de célébrité, mais uniquement découvrir le monde en s’amusant et en le remodelant à leur façon.

Pour elle, l’art de jouer et de faire rire n’est pas très compliqué. C’est même très simple, parce que dans la vie, déjà, elle dit qu’elle est une « joueuse », et que son art est un espace où la vérité absolue n’existe pas. Il se résume uniquement en un plaisir que l’on prend en explorant le beau, l’inédit, le nouveau. Le dépoussiérage des idées reçues fait partie du job description de la comédienne qu’elle veut être, tout comme la prise de risques. Surtout pour les causes qu’elle protège et défend, comme le Permanent Peace Movement, ou en participant au film de Nadine Labaki, Capharnaüm.

Née de parents (qu’elle dit adorer en tant que parents, mais surtout en tant qu’êtres humains) sensibles à l’art et entourée d’amis qui privilégient le sensoriel au matériel, la comédienne a appris à maîtriser la liberté et ces valeurs impalpables, non écrites ou dictées. Dès son jeune âge, elle a détesté tout l’enseignement académique, « et ce que ça entraîne comme cloisonnements ou étiquettes ». Elle se souvient qu’à l’école, on choisissait les élèves qui avaient les meilleures notes pour jouer la comédie et pour les mettre en avant dans les fêtes de fin d’année. « J’étais toujours considérée comme moyenne, jusqu’à ce que je rentre à la LAU pour découvrir en section graphisme que je ne l’étais pas du tout. » Et elle s’insurge très vite contre le diktat de la pensée unique et refuse de se laisser manipuler par le système. Certes, il est difficile, dit-elle, de ne pas se laisser bouffer par ce système, « mais j’aime aller à contre-courant, et tant que je peux le faire, pourquoi pas… ».

Conquérir le monde

Et voilà Shaden Fakih qui quitte son poste dans une boîte de publicité et se libère de toute contrainte. L’aliénation, en effet, est son pire ennemi. Elle ne peut pas imaginer être limitée par le temps ou l’espace, ou encore aimer quelqu’un et « l’emprisonner dans une boîte téléphonique » et le transporter toujours avec elle : elle n’aime décidément pas les téléphones portables…

C’est sur les planches, face au public, qu’elle trouve son bonheur. C’est dans le sourire qu’esquisse chaque spectateur, devant elle, qu’elle trouve la reconnaissance. Et c’est enfin dans le fou rire qui embrasse la salle qu’elle retrouve son lopin de bonheur, celui qu’elle a toujours recherché et qui lui procure un réconfort douillet. Alors, comme un oiseau, elle déploie ses ailes, et tel un bateau ivre, elle prend le large. Elle ouvre ses voiles et se laisse emporter par les vents. Il se peut que la coque se brise par instants, mais sa boussole est bien affûtée, elle saura vite reprendre la direction qu’elle s’est fixée.

Pourtant les débuts, pour cet électron libre, sont tout simples : des plaisanteries entre amis pour refouler les fantômes de la peur dans les caniveaux. Le rire porté en bouclier, la comédienne ne craint rien. Debout face aux autres, elle décide de tout déballer : ses problèmes de santé qui lui ont empoisonné un jour la vie et son orientation sexuelle qu’elle brandit aux yeux des autres. Étrangement, elle n’aime pas l’autodérision : elle dit qu’elle ne se permettrait jamais de se moquer d’elle-même, qu’elle se critique, certes, mais qu’elle ne se détruit pas. Au lieu de cela, il y a une franchise absolue dans cette conversation qu’elle initie avec l’autre, et elle veut croire qu’il le mérite si bien.

La manière d’avoir conquis sa liberté est certainement un art, et si Pierre Desproges disait qu’on pouvait rire de tout mais pas avec n’importe qui, Shaden Fakih, elle, essaye, par sa gouaille, de conquérir le monde par le rire.


Elle aurait aimé être vétérinaire, ou encore joueuse de basket. Au lieu de cela, elle s’est retrouvée sur scène à jouer la comédie et à faire rire les gens. On peut la définir comme une activiste du rire… Quand elle entre dans une pièce, elle en impose, par son allure ou par sa voix. Sur son compte Facebook, on peut lire Esperanza et non Fakih. Cette petite gazelle (signification...

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