Ziad Sayegh à « L’OLJ » : Tant qu’il n’y a pas de garanties, il n’y aura pas de retour massif de réfugiés syriens

Hier, 752 réfugiés syriens ont pris le chemin du retour vers la Syrie dans le cadre des opérations de rapatriement « volontaire » organisées par la Sûreté générale, en coopération avec le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.

La SG avait appelé la semaine dernière ces réfugiés à se regrouper dans huit points de ralliement à travers le pays, en vue de regagner la frontière avec la Syrie, après vérification de leur identité et de leur inscription sur les listes de départ.

Quelque 300 réfugiés se sont présentés au lieu de rendez-vous fixé dans la localité de Ersal, dans la Békaa. À Tripoli, la SG a souligné que les Syriens se sont rassemblés « en très grand nombre », sans donner plus de précisions. À Bourj Hammoud, dans le nord de Beyrouth, « plusieurs réfugiés syriens » s’étaient réunis au stade de ce quartier. À Nabatiyé, 43 réfugiés, dont 29 enfants, ont pris la route pour la Syrie. À Chebaa, 40 réfugiés ont quitté le Liban en direction de la Syrie, et à Saïda, ils étaient au nombre de 25. La SG n’a pas donné de chiffres en ce qui concerne les autres points de rassemblement situés dans le Akkar.

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Interrogé par L’Orient-Le Jour au sujet des raisons pour lesquelles ces opérations ne visent qu’un nombre très réduit de réfugiés, Ziad Sayegh, expert en politiques publiques et réfugiés, affirme que « ces opérations ne dépasseront pas le caractère symbolique tant que les garanties juridiques et sécuritaires ne sont pas assurées aux Syriens ».

« Tant que l’initiative russe n’est pas débattue à l’Assemblée générale de l’ONU ; tant qu’un tri démographique est réalisé par le biais du décret 10, qui donne à tous les déplacés syriens un délai très serré pour réclamer leurs biens, au-delà duquel ils perdraient leurs possessions au profit de l’État ; tant que le service militaire obligatoire est imposé par le régime syrien aux hommes de 17 à 24 ans, mais également aux plus âgés, le retour des réfugiés en Syrie restera symbolique », explique-t-il. Pour M. Sayegh, un autre obstacle entrave le retour massif des réfugiés, c’est l’absence de processus de réconciliation et de paix civile à l’intérieur de la Syrie.

Pour une source qui suit le dossier de près et qui a requis l’anonymat, ce retour symbolique est positif mais il ne signifie pas pour autant qu’un retour organisé et massif aura lieu bientôt. « À l’ombre des conflits régionaux et internationaux autour de la Syrie, il est probable que la tension entre Libanais et Syriens soit traduite en actes dans la perspective de préparer le terrain pour un retour “forcé” des réfugiés chez eux », a-t-il mis en garde, avant de poursuivre : « Pour certains milieux politiques, si le retour des réfugiés est “volontaire” jusqu’à présent, il ne le restera pas pour longtemps. » Et d’enchaîner : « Le comité gouvernemental chargé du dossier du retour des réfugiés syriens n’est pas suffisamment dynamique, ne suit pas un plan déterminé et ne présente pas des rapports au public. » Selon la source précitée, une feuille de route a été élaborée par le ministre d’État sortant pour les Affaires des réfugiés, Mouïn Merhebi, dans laquelle sont détaillées les tâches et les responsabilités de ce comité. « Finalement, un retour nécessite des garanties onusiennes, or le HCR collabore depuis un an et demi avec le gouvernement syrien, mais en vain », déplore-t-il.

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