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Liban - Droits de la femme

Les Libanaises peuvent désormais demander un extrait d’état civil personnel pour leurs enfants


Une circulaire demande désormais « aux chefs des bureaux d’état civil d’accepter les demandes émanant de femmes libanaises, qu’elles soient mariées, veuves ou divorcées qui souhaitent obtenir des extraits d’état civil personnel pour leurs enfants mineurs ». Photo jat306/Bigstock

La situation de la femme au Liban est bel et bien précaire, notamment quand il s’agit des lois sur le statut personnel. Une circulaire émise hier par le directeur général du statut personnel Élias Khoury est venue rappeler cette triste réalité. La circulaire en question demande « aux chefs des bureaux d’état civil d’accepter les demandes émanant de femmes libanaises, qu’elles soient mariées, veuves ou divorcées qui souhaitent obtenir des extraits d’état civil personnel pour leurs enfants mineurs ». Il est donc désormais possible pour une mère de famille de demander un extrait d’état civil personnel pour ses enfants, sans l’accord préalable de leur père ou d’un tuteur masculin, comme cela était le cas auparavant.

« Cette mesure intervient dans le cadre des directives du ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk et de la politique suivie dernièrement par la direction générale du statut personnel, pour renforcer les droits de la femme et qui a été traduite par plusieurs décisions et circulaires dernièrement. Cette mesure ne dispense pas la femme libanaise de présenter les autres documents requis par la loi et les administrations concernées pour effectuer certaines formalités », peut-on lire dans un communiqué.

Cette circulaire intervient après une mesure prise fin août par le ministère de l’Intérieur et qui permettait aux femmes divorcées d’inclure les noms de leurs enfants sur leurs extraits d’état civil, « par souci d’égalité entre les Libanais et les Libanaises ».


(Lire aussi : Au Liban, les mères divorcées pourront enfin mentionner les noms de leurs enfants sur leurs extraits d’état-civil)


Des réformes « au compte-gouttes »
Un pas « minuscule » et des réformes « au compte-gouttes ». C’est ainsi que Lina Abou Habib, directrice exécutive à Beyrouth du réseau féministe international Women’s Learning Partnership a commenté la nouvelle. « On ne peut pas dire que ce ne soit pas positif, mais c’est un pas qui ne nous avance pas beaucoup. L’égalité entre hommes et femmes, nous n’y sommes pas encore », a-t-elle déclaré à L’Orient-Le Jour, se demandant si cette mesure ne consistait pas finalement à « jeter de la poudre aux yeux ».

« Il s’agit d’un petit pas, voire minuscule, positif certes mais qui ne change rien à la position des femmes dans les sphères publique et privée. Ce qui est demandé, c’est de revoir le code du statut personnel. Tant que le statut personnel est gouverné par l’aspect religieux, les avancées resteront timides », a estimé Mme Abou Habib.

« Certes, une mère divorcée ou veuve avec des enfants en bas âge pourra désormais demander des extraits d’état civil pour ses enfants, mais qu’en est-il des questions plus importantes comme l’héritage ou les autorisations de voyage pour les enfants ? » s’est-elle demandé, avant de renchérir en allusion à la visite du président de la République, Michel Aoun, à New York : « Ils veulent sans doute paraître un peu plus modernes avant d’aller à l’Assemblée générale de l’ONU. »

« Les deux petites mesures prises dernièrement (concernant l’accès de la mère libanaise aux formalités relatives aux extraits d’état civil) confirment que le lien parental est aussi maternel, ce qui va de pair avec le fait que la femme libanaise doit pouvoir transmettre sa nationalité (…) Nous voulons être des citoyennes à part entière », a poursuivi Lina Abou Habib qui rappelle la nécessité de permettre aux Libanaises de transmettre leur nationalité.

Interrogée par L’Orient-Le Jour, Joëlle Abou Farhat Rizkallah, cofondatrice de Women In Front, une ONG qui milite pour la représentation des femmes dans la sphère politique, a également estimé qu’il s’agissait d’un « petit pas mais que beaucoup reste à faire ». « La femme libanaise s’acquitte de ses devoirs, mais elle a moins de droits que l’homme en matière de statut personnel », a-t-elle dit.

« Ces circulaires interviennent après la tenue des législatives. Certes, peu de femmes sont arrivées au Parlement mais le nombre élevé de candidates a eu un impact et a montré que pas beaucoup de femmes veulent changer la donne au niveau des lois », a souligné Mme Abou Farhat Rizkallah. « Ces avancées ont pu être effectuées grâce à des fonctionnaires du bureau du statut personnel qui soutiennent le changement. Nous travaillons également de près avec les députées fraîchement élues », a-t-elle ajouté.

Selon Joëlle Abou Farhat Rizkallah, quatre grands dossiers restent par ailleurs à régler, à savoir : les effets de l’article 522 du code pénal (qui a été abrogé l’année dernière et qui permettait à un violeur d'échapper à la prison s'il épousait sa victime. Les effets de cet article ont été maintenus dans deux situations prévues dans les articles 505 et 518 : en cas d'une relation sexuelle "consentie" avec une mineure âgée entre 15 et 18 ans et en cas d'une relation sexuelle – non consentie – avec une mineure âgée de 15 à 18 ans, mais avec promesse de mariage) ; la loi sur la transmission de la nationalité ; le code du statut personnel et le quota féminin pour la participation à la vie politique.


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commentaires (2)

MAIGRE ACHEVEMENT !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 39, le 25 septembre 2018

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Commentaires (2)

  • MAIGRE ACHEVEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 39, le 25 septembre 2018

  • Une banalité qu'on vient à peine de l'accorder aux femmes libanaises.... Mieux vaut tard que jamais.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 40, le 25 septembre 2018

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