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Liban - Partis

CPL-Kataëb, un dialogue « nécessaire » et... limité

Les aounistes disent « se passer des FL », mais Saïfi refuse d’être « la roue de secours » d’un parti politique.

Samy Gemayel et Gebran Bassil. Photo d’archives

Le mandat Aoun et, par le fait même, le Courant patriotique libre cherchent à sortir de leur isolement face à l’écrasante majorité des formations politiques qui se disputent les trente ministères au sein du prochain gouvernement. C’est ainsi que l’on pourrait expliquer le geste du CPL qui tend ces jours-ci la perche en direction de son plus farouche opposant depuis 2016 : les Kataëb. Ce dialogue, toujours timide, semble toutefois se heurter à plusieurs obstacles liés, bien entendu, aux divergences fondamentales entre les deux partis

Mais du fait même de l’ampleur de ces divergences, la reprise des contacts entre le parti de Samy Gemayel et celui de Gebran Bassil n’en revêt que plus d’importance. Il convient de rappeler à ce niveau que le 14 juin 2016, les Kataëb démissionnaient du gouvernement Salam pour protester contre la gestion de la crise des déchets. Ils se plaçaient ainsi dans le camp de l’opposition au cabinet en place. Le 27 octobre 2016, c’est-à-dire à quatre jours de la séance parlementaire consacrée à l’élection d’un nouveau chef de l’État, Samy Gemayel tenait une conférence de presse au siège de son parti à Saïfi pour annoncer que les députés Kataëb ne voteront pas Michel Aoun, en sa qualité de candidat appuyé par le Hezbollah, conformément au compromis politique conclu une semaine plus tôt entre M. Aoun, alors député du Kesrouan, et Saad Hariri, chef du courant du Futur.

La formation de M. Gemayel est donc, naturellement, restée en dehors du cabinet Hariri formé quelques semaines plus tard, devenant ainsi le fer de lance de l’opposition face au CPL, principal soutien au sexennat.

Aujourd’hui, et à l’heure où le Premier ministre désigné, Saad Hariri, cherche à former un nouveau cabinet d’union nationale, on estime dans certains milieux politiques que les contacts actuellement en cours pourraient déboucher sur une participation des Kataëb à ce cabinet et que cela serait dû au refroidissement des rapports entre les aounistes et les Forces libanaises.

D’autres observateurs rappellent cependant que la formation dirigée par M. Gemayel s’était récemment opposée au décret de naturalisation de mai dernier ainsi qu’au projet de loi sur la gestion des déchets ménagers approuvée en commissions parlementaires conjointes, des prises de position qui n’augurent guère d’une possible participation des Kataëb à la future équipe ministérielle.


(Lire aussi : Les critiques à l’adresse du CPL convergent vers Baabda)


Non à l’hégémonie du Hezbollah
À Saïfi, on est soucieux de mettre les points sur les i : le dialogue avec tous les protagonistes, dont notamment le CPL, est nécessaire. Mais les contacts actuels sont « limités ». C’est le point de vue que présente à L’Orient-Le Jour Salim Sayegh, vice-président du parti. « Nos relations avec le CPL sont normalisées depuis plus d’un an, mais cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord sur le plan politique », précise l’ancien ministre des Affaires sociales, avant d’expliquer : « Le dialogue avec le courant aouniste existe. Mais il ne s’est jamais transformé en un exercice politique sérieux. Et pour cause : nous sommes contre la logique politique qui prévaut à l’heure actuelle. » Soulignant que la question de la formation du prochain gouvernement est à l’ordre du jour des contacts avec le CPL, M. Sayegh tient à assurer que son parti « ne se sentirait pas concerné par une proposition qui abouterait à la mise sur pied d’un cabinet conforme à la logique selon laquelle l’hégémonie du Hezbollah à la Chambre devrait se transposer au gouvernement. Il s’empresse toutefois de préciser que « le premier souci des Kataëb reste le sauvetage du pays. Il est donc dans la nature des choses d’avoir des contacts avec tout le monde pour essayer de trouver une approche commune à même de sauver le pays des crises actuelles ». Et M. Sayegh d’assurer que sa formation n’a reçu aucune proposition portant sur l’équipe ministérielle Hariri et que les Kataëb refusent « d’être une roue de secours pour n’importe quel parti politique ». Une façon pour l’ancien ministre de répondre aux informations qui ont circulé récemment dans les médias et sur les réseaux sociaux selon lesquelles le CPL tenterait de convaincre les Kataëb de prendre part au gouvernement pour y remplacer les FL. Même si les formations de Samy Gemayel et Samir Geagea semblent, elles aussi, déployer des efforts pour rendre à la normale leurs rapports, perturbés depuis la signature de l’accord de Meerab entre le CPL et les FL, le 18 janvier 2016.

Élias Hankache, député Kataëb du Metn, souligne à son tour à L’OLJ que son parti « n’est pas très enthousiaste à l’idée de participer à un gouvernement dont les composantes ont fait preuve de convoitise ». Il s’indigne, par la même occasion, de « la récente guerre des fonctionnaires à laquelle se sont livrés le CPL et le Parti socialiste progressiste afin de régler des comptes politiques liés aux tractations gouvernementales actuelles ».

Mais il précise, toutefois, que les Kataëb maintiennent des relations normales avec toutes les parties politiques, rappelant que le parti avait convergé, de manière ponctuelle, avec le CPL et d’autres sur l’appui au plan russe pour le rapatriement des réfugiés syriens et, inversement, il a mené la bataille contre le décret de naturalisation côte à côte avec les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste.


(Lire aussi : Aoun au Figaro : J'ai veillé à rétablir l'autorité de l'État)


« Contacts superficiels »
Du côté du CPL, Eddy Maalouf, député du Metn, explique à L’OLJ qu’ « avec les Kataëb, il n’est toujours pas question d’une entente politique dans le plein sens du terme. Il s’agit de contacts superficiels dans le cadre du dialogue engagé avec tous les protagonistes, parmi lesquels le PSP, en dépit de la querelle gouvernementale opposant les deux formations ». « Il est évident qu’au lendemain des législatives, les Kataëb se sont livrés à une révision de leur positionnement politique, et cela est à même de réchauffer nos rapports politiques », ajoute M. Maalouf.

À la question de savoir si le CPL chercherait à remplacer les FL par les Kataëb au sein du cabinet, à la lumière de la sérieuse détérioration des rapports entre Meerab et son partenaire aouniste, M. Maalouf se contente de répondre : « Nous nous passons, pour le moment, des FL. » Pour lui, ce qui compte, c’est d’assurer « le succès du sexennat ».


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Le mandat Aoun et, par le fait même, le Courant patriotique libre cherchent à sortir de leur isolement face à l’écrasante majorité des formations politiques qui se disputent les trente ministères au sein du prochain gouvernement. C’est ainsi que l’on pourrait expliquer le geste du CPL qui tend ces jours-ci la perche en direction de son plus farouche opposant depuis 2016 : les...

commentaires (5)

" Quand tu tiens un grain de poussière, tu tiens l'univers dans ta main. " Lo P'u

FAKHOURI

21 h 33, le 25 septembre 2018

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Commentaires (5)

  • " Quand tu tiens un grain de poussière, tu tiens l'univers dans ta main. " Lo P'u

    FAKHOURI

    21 h 33, le 25 septembre 2018

  • DU THEATRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 48, le 25 septembre 2018

  • Il est valable pour tous et tous les partis. Le dialogue est Le chemin le plus court du progrès de la paix et la prospérité.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 57, le 25 septembre 2018

  • Le succès du sextennat, c'est à dire??????

    Beauchard Jacques

    10 h 25, le 25 septembre 2018

  • Il suffit de voir l'expression des deux...pour être optimiste ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 24, le 25 septembre 2018

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