Le Courant patriotique libre de Gebran Bassil et le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt ont appelé lundi les responsables de leurs partis ainsi que leurs partisans au calme sur les réseaux sociaux et dans les médias, après des échanges acerbes liés à la formation du gouvernement et ayant suivi des limogeages de fonctionnaires proches des deux formations.
Dans un communiqué, le CPL a appelé ses responsables, ministres, députés, membres et partisans" à calmer le jeu avec le PSP, déplorant que ces campagnes médiatiques aient pris "un tour confessionel hideux".
Pour sa part, le PSP a demandé à ses "responsables, membres et partisans de s'abstenir d'entrer dans polémiques politiques ou médiatiques avec le CPL", pour préserver "la paix civile".
Cet appel des deux partis intervient après de violents échanges entre leurs responsables sur les réseaux sociaux. Lundi matin, le leader druze s'en était pris dans un tweet contre le ministre sortant des Affaires étrangères qui est également le gendre du président de la république. Dans un tweet publié lundi, M. Joumblatt a salué l'appel du patriarche maronite Béchara Raï à la formation d'un gouvernement d'urgence neutre, estimant que les problèmes "de l'électricité ou des déchets" étaient plus importants que "les agissements d'un gendre par ci", dans une allusion à Gebran Bassil, ou d'un "survolté par là".
Le patriarche maronite, en visite pastorale ce week-end dans les villages druzo-chrétiens du Chouf, avait appelé à la formation d'un gouvernement d’urgence neutre et rassembleur. "C’est en vain que nous parlons d’un gouvernement d’unité nationale alors que nous sommes en conflit ; tant que la réconciliation des cœurs est absente et qu’au contraire, c’est la méfiance réciproque qui règne, il n’y aura pas de gouvernement d’unité nationale, a-t-il déclaré. "Le gouvernement actuel n’a d’unité que le nom, a poursuivi le patriarche Raï, ajoutant: tant que c’est la méfiance qui règne, il n’y aura pas de gouvernement d’unité nationale".
M. Joumblatt avait déjà comparé ce week-end sur Twitter le chef du CPL à Jared Kushner, conseiller et gendre du président des États-Unis Donald Trump. « Quelle théorie époustouflante que celle selon laquelle le fait de sanctionner, marginaliser et tuer les Palestiniens contribuerait au processus de paix. Il s’agit là d’une idée du gendre de Trump, Jared Kushner. La même conception est appliquée ici par le gendre au Liban pour assurer son hégémonie, et nul ne lui fait opposition à part nous. Nul ne paie le prix à part nous. Tout le reste constitue un groupe de statues qui ne cherchent qu’à se répartir les intérêts. Ne jouez pas avec le feu », a écrit M. Joumblatt. Il s’est aussitôt attiré une réponse du ministre sortant de la Justice, Salim Jreissati, sur le même ton. « Il n’est pas dans ton genre de comparer entre Gebran, fils de cette terre, et Jared, qui a judaïsé Jérusalem. Nous n’avons jamais dit de toi, fils de cette Montagne, que tu étais à l’image de Joulani (chef du Front al-Nosra) », a écrit M. Jreissati sur son compte Twitter, en rappelant le chef du PSP à son « bon sens ».
M. Bassil, en déplacement au Canada pour le congrès de la Lebanese Diaspora Energy, avait pour sa part accusé vendredi soir certaines formations politiques de saboter la formation du gouvernement afin de vouloir « faire échouer le président de la République et son projet de » compromis « entre toutes les composantes de la société libanaise ».
Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, tente depuis bientôt quatre mois de former un nouveau gouvernement. Mais M. Hariri bute sur de nombreux obstacles, liés notamment aux revendications concernant le nombre de portefeuilles ministériels à attribuer aux différentes forces politiques.
"Le principe du dialogue"
Dans un autre tweet lundi, M. Joumblatt a évoqué l'affaire du limogeage du directeur de la réserve naturelle du Chouf, Nizar Hani, et d'un employé d’Électricité du Liban, Raja el-Ali, proches du PSP, dans un contexte de règlement de comptes avec le CPL.
"Entrer dans des débats stériles ne mènera à rien. J'espère que le Premier ministre et le ministre Hamadé traiteront l'affaire de Nizar Hani et Raja Ali. J'ai toujours été pour le principe du dialogue", a écrit M. Joumblatt.
Le ministre sortant de l'Education, Marwan Hamadé (PSP), avait démis vendredi 7 septembre de son poste de directrice du département des examens officiels une haute fonctionnaire proche des aounistes . Ces derniers avaient en représailles, limogé deux responsables proches du PSP, le président de la réserve naturelle du Chouf, Nizar Hani, et un fonctionnaire de l'Electricité du Liban Raja el-Ali, dépendants respectivement des ministères de l'Environnement et de l'Energie, contrôlés par des ministres aounistes.
Le ministre de l'Environnement, Tarek Khatib, a reçu lundi le président de la réserve du Chouf Charles Noujaim, accompagné de Nizar Hani et de l'avocat Choucri Haddad, pour évoquer le limogeage de M. Hani. M. Noujaim a demandé au ministre de revenir sur sa décision, chose que M. Khatib a refusé. Il a cependant indiqué que le tweet de M. Joumblatt, qui a appelé à régler cette affaire, "pourrait ouvrir la voie à une solution globale" incluant le cas de la fonctionnaire du ministère de l'Education.
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commentaires (8)
WLEK STEHOU BAA BIEN QUE LE BLOCAGE EST EXCLUSIVEMENT GENRISSIMO-BEAUPERIEN ! SERTOUT MASKHARET EL 3ALAM...
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 24, le 17 septembre 2018