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Culture - Beirut Design Fair, an II

Parce que les vrais designers libanais le valent bien...

Pour la seconde année consécutive, la foire de design de Beyrouth se tient, en concomitance avec celle de l’art, au Seaside Arena (ex-BIEL) jusqu’à dimanche soir. « L’Orient-Le Jour » en a fait le tour et vous propose sa sélection...

Au stand de la Joy Mardini Design Gallery est exposée la sélection des talents libanais de Maison et Objet. Photos Michel Sayegh

L’année dernière, la toute première foire de design de Beyrouth ouvrait ses portes au BIEL, à l’initiative de l’architecte Hala Moubarak et de l’organisateur d’événementiel Guillaume Tasle D’Héliand. Ayant décelé une nouvelle vague de créateurs libanais prometteurs, formés dans les meilleures écoles de design localement ou à l’étranger, les cofondateurs décident de lancer cet événement annuel destiné à les regrouper sur une plateforme de visibilité de niveau international.

À cet effet, s’il était logique que la première édition se concentre surtout sur les talents émergents libanais, il fallait, pour que cette foire s’impose à l’échelle régionale et internationale, qu’elle s’ouvre rapidement aux galeries et éditeurs étrangers. C’est chose faite avec cette seconde édition qui signe, (très) doucement mais néanmoins fermement, son entrée dans la ronde des événements design à suivre. Et cela grâce notamment à l’impulsion positive qu’aura apporté son partenariat avec le Salon français Maison et Objet. L’événement parisien de la rentrée, qui avait mis à l’honneur la semaine dernière six jeunes designers libanais dans ses Rising Talents, confirme son choix et son support par sa présence au stand de la Joy Mardini Gallery de la foire beyrouthine. Premier arrêt obligé pour tout véritable amateur de design made in Lebanon, qui y découvrira les nouvelles pièces de Marc Dibeh et Carlo Massoud (qui ont participé respectivement au prix L’OLJ-SGBL Génération Orient saison 1 et saison 2), mais aussi de Carla Baz, Studio Caramel, Anastasia Nysten et Paola Sakr… tous emblématiques de « cette génération qui renouvelle l’ADN de la création libanaise ».

L’art des objets

En dépit d’une participation étrangère qui reste limitée à quelques galeries et artistes d’Europe et des émirats, la présence cette année de la fameuse Dimore Gallery milanaise est un marqueur de qualité. Son stand, aménagé en salon au luxe feutré, décline un mobilier (canapé, étagères, fauteuils, tables basses…) signé des pointures du design italien du XXe siècle, à l’instar de Gio Ponti, Marco Zanuso et Gabriella Crespi entre autres… Et s’il constitue l’un des arrêts phares de cette foire, il serait intéressant pour les visiteurs de passer également par la Inout Gallery pour y découvrir quelques pièces iconiques (les bancs, fauteuils et chaises longues notamment) du design brésilien de la même époque signées Sergio Rodrigues, Jorje Zalszupin, ou encore du légendaire Oscar Niemeyer… Et dans ce même esprit rétro, pourquoi ne pas s’arrêter aussi à la galerie XXe siècle, pour y découvrir, outre le design vintage des années 50, les céramiques d’art (que présente Chrystyna Salam) de la même période signées Valentin, Orlando, Roger Capron ou encore Jacques Pouchain…

À signaler aussi les créations mobilières hautes en couleur de l’artiste irakien Dia el-Azzawi pour qui « l’art est toujours de l’art même s’il prend la forme d’une armoire ou d’un meuble de rangement ».

Lampes phéniciennes revisitées

Mais ce qui reste proéminent dans cette foire, à la scénographie quasi muséale, dynamique et colorée conçue par l’architecte Galal Mahmoud, ce sont les créations de la cinquantaine de designers locaux. À travers des univers, des matières, des formes et des idées variés, elles mettent en lumière ce mélange d’esprit cosmopolite et d’attachement aux racines qui caractérise le design contemporain libanais. Un design qui fait de ses limitations (notamment au niveau industriel) une force et remet le travail artisanal au goût du jour.

C’est le cas par exemple du duo de Booabood qui revisite les sièges, le trictrac ou les bougeoirs traditionnels dans un langage contemporain fait de superpositions de matières premières (bois et textiles) disponibles sur place.

C’est le cas aussi de George Geara qui signe une ligne de mobilier « tout en », à l’instar d’une table basse, incluant jardinière, porte-revues et lampadaire à l’élégance minimaliste faite de juxtaposition de matières brutes et nobles : marbre, ciment, laiton et fer… Ou encore de (Nada) Borgi et (Étienne) Bastormagi dont les paravents, porte-manteaux et autres cloisons porteuses de plantes en marbre, fer et laiton réintroduisent avec une sophistication nouvelle et un esprit multifonctionnel des pièces d’usage traditionnel dans l’espace contemporain.

Parmi les nombreux designers libanais à découvrir : Tarek Elkassouf qui nourrit sa créativité d’audace stylistique. Outre ses porte-savons, plateaux et vide-poches tout en déclinaisons de multiples cubes tridimensionnels, ses sculptures-lampes en marbre et cadres lumineux dessinent d’inédites géométries mobilières et décoratives. Également dans le domaine de la lumière, le groupe Albi, jeune collectif de designers, joue pour sa part sur les paradoxes de thèmes, de motifs et de matières avec ses lampes LED à suspension (Badawi), ou de table (Misbah) inspirées des lampes à huile phéniciennes refaçonnées en résine translucide à motif cannage.


The House of Small

Il est évidemment impossible de signaler l’ensemble des pièces intéressantes à découvrir dans cette foire qui vaut assez le détour. Si vous y allez, ne ratez pas l’étonnante installation baptisée The House Of Small de l’architecte Karim Nader. Une maison à petite échelle construite à la manière d’une tour suspendue au plafond et inspirée de La poétique de l’espace de Gaston Bachelard. Une œuvre qui, dans cette déferlante d’objets, de meubles, de formes et de couleurs, offre à qui prend la peine de la détailler de quoi nourrir une réflexion sur la véritable utilité de ce qui meuble nos vies, nos rêves et nos intérieurs. Dans tous les sens du terme.


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commentaires (2)

le salon du design est de meilleure qualité que le salon de l'art dont les oeuvres exposées m'ont déçu

Tabet Ibrahim

10 h 34, le 22 septembre 2018

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Commentaires (2)

  • le salon du design est de meilleure qualité que le salon de l'art dont les oeuvres exposées m'ont déçu

    Tabet Ibrahim

    10 h 34, le 22 septembre 2018

  • DU COURAGE ET DE LA CHANCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 06, le 22 septembre 2018

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