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À La Une - France

Macron poursuit son action mémorielle sur la guerre d'Algérie

Six anciens combattants harkis et la cofondatrice d'une association de harkis ont été promus au grade de chevalier de la Légion d'honneur.

Le président français, Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse à Salzbourg, en Autriche, le 20 septembre 2018. REUTERS/Lisi Niesner

Le président Emmanuel Macron a décidé d'honorer les harkis, combattants algériens ayant servi la France puis abandonnés par Paris dans des conditions tragiques, poursuivant son action mémorielle pour tenter de guérir les blessures que traîne la société française depuis la guerre d'Algérie (1954-1962).
Par décret paru au Journal officiel de vendredi, six anciens combattants harkis et la cofondatrice d'une association de harkis sont promus au grade de chevalier de la Légion d'honneur, la distinction la plus prestigieuse décernée par l'État. Au total, 37 personnes sont honorées soit par la Légion d'honneur, l'Ordre du mérite ou la médaille militaire, un nombre record de décorations en une seule promotion.

Le sort des harkis est une des nombreuses et douloureuses facettes de la guerre d'indépendance algérienne, qui a profondément blessé la société française et qui continue, près de 60 ans plus tard, à peser sur la mémoire collective.
"La guerre d'Algérie c'est finalement une multitude de guerres civiles, de fractures au sein de la société française et au sein de la société algérienne. Et la question des harkis entre pleinement dans ces fractures" explique l'historien français Abderahmen Moumen.
Algériens, ils ont combattus pour la France contre les indépendantistes dans cette guerre asymétrique, particulièrement brutale, où attentats, tortures, enlèvements étaient courants. Jusqu'à 150.000 ont servi la France, mais leur sort à l'issue de la guerre est terrible : désarmés, la plupart sont laissés sur place, dans un pays où ils sont considérés comme des traîtres. 60.000 d'entre eux réussissent à arriver en France avec le flot des réfugiés français (surnommés les "pieds-noirs") ; les autres restent, exposés à des représailles.

Ceux qui sont en France sont parqués dans des camps du sud du pays et connaîtront des difficultés d'intégration, dans une France qui commence à accueillir par ailleurs de très nombreux immigrés algériens économiques.

(Lire aussi : Des historiens algériens saluent un grand "pas" de la France sur la mémoire de la guerre)


Volet financier
Emmanuel Macron, né bien après la fin du conflit, semble décidé à s'attaquer aux stigmates de cette histoire. La semaine dernière, il avait abordé une autre facette des non-dits français sur cette guerre en reconnaissant que Maurice Audin, mathématicien pro-indépendance disparu en 1957 était bien "mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France".

Mardi, à l'occasion d'une journée nationale d'hommage aux harkis, la secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq, présentera, dans le prestigieux cadre de l'hôtel militaire des Invalides, une série de mesures en faveur des harkis portant sur la reconnaissance du sort qui leur a été réservé à la fin de la guerre d'Algérie et la connaissance de leur histoire. Ce plan devrait comprendre aussi un volet financier de 40 millions d'euros sur quatre ans, destiné à venir en aide notamment aux harkis de deuxième génération qui continuent de connaître de graves difficultés sociales et d'intégration.

Ce montant est toutefois jugé insuffisant par une partie des harkis et de leurs descendants. "Bien sûr une décoration ça fait toujours plaisir et honneur.(...) Notre combat, pour être franc, c'est une vraie reconnaissance et une vraie réparation", a réagi Boaza Gasmi, président du Comité national de liaison des harkis.


(Lire aussi : Macron lève le tabou de la torture pendant la guerre d'Algérie)


"Toutes les familles"
"Je suis honorée, mais ma première pensée va à toutes les familles de harkis qui ont souffert, d'abord en Algérie ensuite en France", a pour sa part commenté une des femmes décorées, Fatima Besnci-Lancou, auteure de plusieurs livres sur le sujet.

"Pour nous, Algériens, les harkis ont pris le parti du colonialisme français contre leur propre peuple. Mais vu de l'autre côté, celui de l'Etat français, il n'a pas été très généreux avec ces harkis qui ont tout perdu pour le servir", a dit à l'AFP vendredi matin à Bab el Oued à Alger Brahim Mohamed, retraité. 
"Où est le problème si la France, en pays souverain, honore des gens qui ont combattu à ses côtés ? Je crois même qu'elle a trop tardé à le faire !", réagit Mohamed Hennad, politologue et ancien enseignant à l'école nationale supérieure de sciences politiques.

Ce nouveau volontarisme français sur cette guerre s'inscrit aussi dans une relation bilatérale franco-algérienne intense et complexe, du fait du poids de l'histoire et de celui des migrations, alternant entre rapprochement et éloignement.
Cette relation complexe s'illustre encore ces jours-ci avec la décision algérienne de retirer tous les policiers algériens habituellement en faction devant les enceintes diplomatiques françaises, en réaction à la suppression par Paris des policiers stationnés devant la résidence de l'ambassadeur d'Algérie en France.


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commentaires (1)

Il n'a rien d'autre à faire que de parler de la guerre d'Algérie : un coup de repentance , un coup de décoration aux harkis du n'importe quoi comme tout ce qu'il fait

FAKHOURI

12 h 40, le 22 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • Il n'a rien d'autre à faire que de parler de la guerre d'Algérie : un coup de repentance , un coup de décoration aux harkis du n'importe quoi comme tout ce qu'il fait

    FAKHOURI

    12 h 40, le 22 septembre 2018

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