Le président du Parlement libanais et chef du Mouvement Amal, Nabih Berry, a rendu vendredi hommage au fondateur du parti, l'imam Moussa Sadr, quarante ans jour pour jour après sa disparition avec ses deux compagnons, le cheikh Hassan Yaacoub et le journaliste Abbas Badreddine, en Libye.
L'imam Moussa Sadr, président du Conseil supérieur chiite au Liban, et ses deux compagnons ont disparu le 31 août 1978 lors d'une visite à Tripoli, en Libye, où ils devaient rencontrer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Au Liban, la thèse de l'enlèvement, voire de l'élimination, des trois hommes est privilégiée.
"Les autorités libyennes ne tranchent pas la question de manière définitive. (…) Malheureusement, et avec la détérioration de la situation en Libye, la commission libanaise qui fait le suivi de l’affaire n’a pu se rendre sur place. Mais nous ne perdons pas espoir", a affirmé M. Berry, lors d'un discours prononcé dans le cadre d'une cérémonie à Baalbeck, devant des milliers de partisans du parti chiite. "Le Liban officiel accorde toute l’importance nécessaire à cette affaire", a-t-il insisté.
Vendredi, plusieurs responsables libanais, dont le président de la République, ont rendu hommage à l'imam Sadr. L'année dernière, lors d'une cérémonie similaire, Nabih Berry avait affirmé que l'imam était "toujours en vie".
Formation du gouvernementN
Nabih Berry a profité de cette occasion pour se prononcer sur divers sujets politiques, économiques et sociaux.
"Nous œuvrons toujours pour un gouvernement qui garde le Liban à l’écart de ce qui se passe dans la région", a affirmé le chef du Législatif, alors que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, n'a toujours pas réussi à former son équipe, plus de trois mois après sa nomination.
Saad Hariri doit aplanir les obstacles relatifs aux demandes des diverses formations politiques au sujet de la répartition des portefeuilles ministériels.
"Le gouvernement libanais doit représenter toutes les formations parlementaires et respecter le triptyque +peuple-armée-résistance+", a estimé M. Berry, alors que cette formule, qui fait allusion au Hezbollah, est rejetée par les formations politiques libanaises souverainistes qui s'opposent à l'arsenal du parti chiite.
"D’ici trois jours au plus, une rencontre doit avoir lieu entre le président de la République et le Premier ministre, et nous espérons que cette rencontre apportera un dénouement", a souligné le président du Parlement.
Amnisite
Sur le plan sécuritaire, Nabih Berry a appelé à une amnistie générale qui bénéficierait à de nombreux détenus issus de la Békaa. "Nous appelons à une amnistie générale réfléchie qui exclut les personnes accusées de meurtres et de crimes contre la sécurité et la défense nationale. Et au nom du Hezbollah et d’Amal, j’annonce la levée de la couverture accordée à tout trafiquant ou repris de justice", a fait savoir le chef du Législatif.
La Békaa souffre des crimes de nombreux trafiquants de drogues et individus armés affiliés à des tribus ou clans qui bénéficient souvent de la couverture de formations et responsables politiques.
"La Békaa, en plus d’un plan de sécurité, a besoin d’un plan de développement. Nous sommes en faveur d’une loi qui légalise la culture du haschich pour des fins médicales et industrielles", a en outre dit M. Berry. La question de la légalisation du haschich à des fins médicales est revenue récemment sur le tapis, alors qu'elle divise les experts et les dirigeants. La culture du haschich dans la Békaa est courante est, malgré son interdiction par la loi, reste tolérée en pratique par les autorités.
"Nous allons investir dans la Békaa et créer des opportunités d’emploi", a également promis M. Berry devant ses partisans.
Relations avec la Syrie
Sur le plan diplomatique, Nabih Berry, allié du régime du président syrien Bachar el-Assad, a une nouvelle fois appelé à la normalisation des relations entre Beyrouth et Damas.
"Nous avons besoin d’un dialogue officiel entre le Liban et la Syrie, (…) et personne ne peut annuler les relations bilatérales. Les deux pays sont jumeaux, du fait de l’histoire, de la géographie et des intérêts partagés", a insisté Nabih Berry.
Saad Hariri, ainsi que les formations souverainistes, s'opposent à toute normalisation des relations avec le régime Assad, alors que de nombreux responsables libanais appellent à un retour des relations normales avec la Syrie, et notamment à l'ouverture des frontières libano-syriennes, afin de permettre l'exportation des produits libanais vers les pays du Golfe.
Lire aussi
Le bloc Amal s’engage à « mettre en œuvre tous les moyens pour libérer l’imam »
Pour mémoire
Disparition de Moussa Sadr : retour sur une affaire non résolue, 39 ans plus tard