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Liban - Faune et flore

Pourquoi il faut absolument préserver la prêle des champs...


Une plante qui a une importance écologique extrême.

Les origines des prêles remontent loin, très loin, dans la préhistoire. Luxuriante et vivace, cette plante joue un rôle écologique très important, celui de mégaphorbiaie, c’est-à-dire une formation végétale de grandes herbes qui, en zone tempérée, correspond à un stade floristique de transition entre la zone humide et la forêt. En d’autres termes, étant à un stade juste antérieur à celui des forêts, cette plante contribue à leur formation et à leur protection. Les différentes espèces de prêles ont également de nombreuses propriétés pharmaceutiques et une importance considérable dans leurs milieux naturels. Et pourtant, ce rôle qu’elles jouent est très peu reconnu au Liban, et on sacrifie souvent ces belles formations végétales… en voulant nettoyer les cours d’eau. Marc Beyrouthy, ethnobotaniste et professeur associé à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK), explique pourquoi la préservation de la prêle est essentielle.

Noms scientifiques et vernaculaires
Le nom scientifique de cette famille, Equisetum vient du latin equus (cheval) et seta (soie, crin). En arabe comme en français, ces plantes portent le nom de queue-de-cheval ou « zanab el-khayl », en raison de leur apparence similaire à celle des queues de chevaux. Elles ont parfois d’autres noms, issus de leur similitude avec certains objets usuels de bricolage, d’où le nom arabe « otahwassel ». Le mot prêle est la contraction de asprele, qui dérive du latin asper (rude, rugueux) en rapport avec la propriété abrasive de ces plantes riches en silice.

Description
La prêle des champs est une plante luxuriante et vivace, qu’on trouve souvent en milieu humide. Sa tige souterraine, et parfois subaquatique (rizhome), est très profonde et peut atteindre 1,5 mètre de profondeur. Des tiges vertes, qui se forment à partir d’avril, lui donnent une apparence de jeune conifère. Ces premières tiges disparaissent pour laisser la place aux tiges feuillées, qui vont assurer la photosynthèse, et donc le développement végétatif de la plante. Elles sont plus grandes que les premières (20 à 60 centimètres) et à peine creuses. Après quelques semaines elles sont remplacées par des tiges ramifiées et assez profondément cannelées (portant dans leur longueur des côtes régulières séparées par des creux ou des sillons). La plante change donc d’apparence suivant les saisons, mais forme sans conteste un ensemble dense d’une grande beauté.

Mode de vie et lieu de prédilection
La prêle des champs est une plante fossile dont les origines remontent à la préhistoire. Comme les fougères et les mousses, elle ne fleurit pas et ne produit pas de graines. Sa reproduction se fait par gamètes aquatiques appelées spores. La prêle des champs est commune dans les endroits sablonneux et humides (prairies, terres cultivées, bords des eaux). Au Liban, on la retrouve en plusieurs régions près des zones humides, cours d’eau ou autres. La prêle emmagasine beaucoup de silice dans ses parties aériennes, et peut aussi accumuler les métaux lourds comme le cadmium, le cuivre, le plomb et le zinc dans ses tissus.

Impact positif en milieu naturel
Cette plante préhistorique présente des avantages écologiques considérables. La prêle forme des mégaphorbiaies, en d’autres termes des étendues végétales de transition entre les zones humides et les forêts. La présence de la prêle est donc cruciale pour la formation et la protection des forêts. Elle a aussi d’autres propriétés qui en font un élément positif dans son milieu : elle est riche en minéraux et absorbe beaucoup de métaux lourds. Cette plante est connue pour ses vertus médicinales, même si elle est interdite à la vente libre dans plusieurs pays en raison du fait que l’extraction de ses principes actifs est une opération délicate réservée aux pharmaciens et aux praticiens. La prêle est ainsi un des meilleurs diurétiques connus, elle permet de maintenir la souplesse des articulations, elle renforce les cheveux et les ongles cassants, le squelette, elle permet de traiter les œdèmes post-traumatiques et les troubles urinaires, elle favorise la guérison des plaies qui cicatrisent mal… La prêle a aussi un usage alimentaire, étant délicieuse en cuisine, particulièrement connue dans nos villages. Elle a également des usages en médecine vétérinaire et en jardinage (elle a des propriétés fongicides, par exemple), et elle est très appréciée par les paysagistes, notamment le purin de prêle qui est un fongicide.

Menaces et dangers
Malheureusement, l’aspect assez commun de cette plante cache, aux yeux de beaucoup, son importance écologique cruciale. Elle est ainsi souvent coupée par ignorance, dans le but de « nettoyer » les cours d’eau… auxquels elle donne pourtant un aspect verdoyant très attirant. La prêle disparaît aussi souvent avec la disparition de ses habitats, surtout quand les prairies sauvages font place à des exploitations agricoles ou à des constructions.

Moyens de protection
Marc Beyrouthy recommande à tout prix de conserver les différentes espèces de prêles au Liban (il y en a trois), en les protégeant autant que possible dans leur milieu. Il précise que dans de nombreux pays, les mégaphorbiaies à prêle sont protégées, et que cela devrait à coup sûr être appliqué au Liban, vu l’importance de cette plante. Éviter le « nettoyage » inutile des cours d’eau lui paraît donc évident, sachant que cette plante a de très nombreuses vertus, en milieu naturel et pour usage domestique. La sensibilisation à l’importance de cette plante qu’on croit si commune, et qu’on prend même pour une mauvaise herbe, s’impose donc auprès de la société, notamment les municipalités et des agriculteurs.


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commentaires (1)

Je dois avouer que je n'avais pas encore entendu de cette plante ... Intéressant dans le futur je devrai faire attention si je la reconnais autour des cours d’eau ...

Stes David

10 h 03, le 12 août 2018

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Commentaires (1)

  • Je dois avouer que je n'avais pas encore entendu de cette plante ... Intéressant dans le futur je devrai faire attention si je la reconnais autour des cours d’eau ...

    Stes David

    10 h 03, le 12 août 2018

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