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Liban - Gouvernement

Gouvernement : tout dépendra de la rencontre Hariri-Bassil...

Le CPL tenterait d’empêcher le PSP de verrouiller la communauté druze pour ne pas lui concéder un droit de veto communautaire.

Le vice-président du Conseil Ghassan Hasbani, hier, à Bkerké, en compagnie du patriarche maronite. Photo ANI

En dépit de l’optimisme que le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a tenu à afficher à l’issue de sa toute dernière rencontre avec le président de la République, Michel Aoun, à Baabda mercredi, rien ne porte à croire que la future équipe ministérielle verra le jour prochainement. Bien au contraire. Le processus de formation du cabinet continue à faire du surplace. Mais les regards seront braqués sur l’entretien prévu prochainement entre M. Hariri et le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, rentré hier des États-Unis. À la demande du chef de l’État, la discussion entre MM. Hariri et Bassil devrait porter sur le partage des portefeuilles ministériels entre les divers blocs parlementaires désirant prendre part au gouvernement.
Une source bien informée indique dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que la rencontre pourrait avoir lieu à n’importe quel moment. L’occasion pour les deux hommes de plancher sur les moyens à même de faciliter la formation de l’équipe ministérielle. En attendant cet entretien, qui devrait être suivi d’une nouvelle rencontre entre Michel Aoun et Saad Hariri, les protagonistes campent toujours sur leurs positions respectives concernant les obstacles entravant encore la mise sur pied du cabinet. Il s’agit, bien entendu, de la querelle opposant le CPL aux Forces libanaises (FL) quant à leurs quotes-parts gouvernementales respectives. À cela s’ajoute le différend entre le Parti socialiste progressiste (PSP) et le Parti démocrate de Talal Arslane, le premier tenant à nommer les trois ministres druzes au sein du futur gouvernement.
De source bien informée, on apprend à ce sujet que le CPL insiste sur la nécessité d’intégrer Talal Arslane au gouvernement afin d’empêcher le parti de Walid Joumblatt de monopoliser la représentation ministérielle de la communauté druze, ce qui lui permettrait d’exercer un certain droit de veto lié à ce qu’on appelle « la conformité au pacte national », un slogan longtemps brandi par la formation de Gebran Bassil dans le cadre de sa campagne pour « le recouvrement des droits des chrétiens » lors de la présidentielle de 2016.
En face, les joumblattistes persistent et signent : il revient au PSP de nommer les ministres druzes. C’est d’ailleurs ce que Fayçal Sayegh, député joumblattiste de Beyrouth, a déclaré à l’agence locale al-Markaziya. « Le PSP demande trois ministres druzes et cela n’a pas changé », a-t-il lancé. M. Sayegh aurait ainsi démenti les informations qui ont circulé récemment dans les médias et selon lesquelles une personnalité chrétienne pourrait faire partie des ministres PSP. Le député de Beyrouth a également fait savoir que M. Hariri est favorable à cette position et l’a évoquée avec le chef de l’État. Selon Fayçal Sayegh, lors de leur dernière réunion, Michel Aoun et Saad Hariri ont examiné une formule prévoyant quatre ministres aux FL, trois au PSP et dix au président et au CPL.


(Lire aussi : Gouvernement : les solutions existent, mais attendent une décision, le décryptage de Scarlett Haddad)


FL et poids populaire
Sauf que du côté de Meerab, l’on préfère ne pas enter dans les détails de la répartition des portefeuilles ministériels afin de ne pas porter un sérieux coup aux négociations actuellement en cours et de ne plus alimenter la polémique opposant le parti à son partenaire aouniste. Mais on ne manque pas, toutefois, d’insister sur l’attachement des FL à une représentation gouvernementale conforme à leur poids populaire issu des législatives du 6 mai. C’est dans ce cadre que s’inscrivent des propos tenus hier par le ministre sortant de la Santé, Ghassan Hasbani. S’exprimant à l’issue d’un entretien avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, le ministre a déclaré : « Le prochain gouvernement est celui d’un partenariat national. Il devrait donc prendre en considération les attentes du peuple qui s’est exprimé dans les urnes. » « Les FL n’entravent pas la formation du cabinet. Et plusieurs obstacles l’empêchent de voir le jour, mais ils seront surmontés », a encore dit M. Hasbani avant de poursuivre : « Il revient au Premier ministre désigné de former le gouvernement. Et nous sommes sûrs qu’il prendra les bonnes décisions à même de faire progresser ce processus. » Interrogé par L’OLJ, Fadi Saad, député FL de Batroun, explique que son parti ne fait que demander de respecter son nouveau poids populaire. « Conformément à la logique adoptée par le chef du CPL, les FL représentent quelque 31 % des chrétiens, même si ce chiffre n’est pas exact. Cela signifie qu’elles ont le droit d’obtenir le tiers des sièges chrétiens, donc cinq postes ministériels », souligne-t-il, faisant état de contacts permanents de son parti avec Saad Hariri, qui aurait informé les FL de la teneur de sa dernière rencontre avec Michel Aoun.


(Lire aussi : Un gouvernement majoritairement du 8 Mars priverait le Liban des aides internationales)


Tiers de blocage
Quant au courant du Futur, et en dépit de l’optimisme du Premier ministre (qu’il a réitéré hier devant l’ambassadeur du Pakistan à Beyrouth), il semble adopter une attitude pragmatique, tout en renvoyant la balle dans le camp de Gebran Bassil. Dans certains milieux proches de M. Hariri, on faisait savoir hier que ce dernier œuvre pour former un gouvernement « équilibré » qui serait capable de respecter et d’appliquer la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes. Il serait donc favorable à une mouture semblable à celle du gouvernement d’expédition des affaires courantes.
Des proches de la Maison du Centre rappellent aussi des propos tenus récemment par M. Hariri selon lesquels personne ne bénéficiera du tiers de blocage. Une position que certains expliquent comme une impossibilité d’accorder 11 ministres au tandem Baabda-CPL. Même si le courant du Futur assure que ces propos ne sont pas adressés aux aounistes, encore moins au chef de l’État.
En attendant l’issue des contacts actuellement en cours, Moustapha Allouche, membre du bureau politique du Futur, exclut, via L’OLJ, la possibilité de former un cabinet d’ici au 1er août comme l’espèrent certains, estimant que toute solution commencerait par la réduction des demandes aounistes et par un règlement du différend PSP-Arslane. « Tout cela dépend de Gebran Bassil », lance M. Allouche.


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commentaires (4)

L,AGRESSION SUR LES PREROGATIVES DES AUTRES EST GENDRISSIMEMENT CONDAMNABLE !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 47, le 28 juillet 2018

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Commentaires (4)

  • L,AGRESSION SUR LES PREROGATIVES DES AUTRES EST GENDRISSIMEMENT CONDAMNABLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 47, le 28 juillet 2018

  • Quel pouvoir a ce Bassil !!!!!! la formation du gouvernement dépend de son accord !!!!! Et Saad Hariri pense qu'après ça il va pouvoir former un gouvernement et gouverner !!!! Bassil aura le pouvoir de bloquer le gouvernement !!!!!

    FAKHOURI

    20 h 00, le 28 juillet 2018

  • "Tout cela dépend de Gébran Bassil" a dit Moustapha Allouche. Gébran Bassil n'est que l'éminence grise de son beau-père. Donc, tout cela ne dépend pas de lui. C'est clair net et précis.

    Un Libanais

    10 h 17, le 28 juillet 2018

  • Comment Gebran Bassil s'arroge-t-il ainsi le droit de bloquer la formation du gouvernement ? Il est actuellement ministre sortant des affaires étrangères et chef du CPL. Mais avant, il y a quelques années...où était-il, et que faisait-il pour le Liban ? On aimerait comprendre par qui et pourqoi lui est donné ce pouvoir dans tous les domaines de la vie politique libanaise ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 45, le 28 juillet 2018

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