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À La Une - Syrie

Premières discussions à Damas entre le régime et les FDS soutenues par les Etats-Unis

"Nous oeuvrons en faveur d'une solution concernant le nord syrien" a indiqué Riad Darar, co-président du Conseil démocratique syrien, le bras politique de la coalition arabo-kurde.

Des combattants kurdo-arabes, regroupés au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), le 21 février 2017 en périphérie de la ville syrienne de Deir Ez-Zor. Photo d'archives AFP / DELIL SOULEIMAN

Une coalition arabo-kurde soutenue par Washington a examiné vendredi à Damas avec le régime de Bachar el-Assad l'avenir des vastes régions syriennes sous contrôle kurde, les premières discussions du genre dans le pays en guerre.

Le régime, qui multiplie les victoires sur le terrain face aux rebelles et jihadistes grâce à l'appui de son allié russe, a très rarement combattu la minorité kurde qui a adopté une position de "neutralité" envers le pouvoir et la rébellion dans le conflit.

Longtemps opprimés par le pouvoir, les Kurdes de Syrie ont instauré une autonomie de facto dans les régions du Nord et du Nord-Est après le retrait des forces gouvernementales au début du conflit en 2011, soit près de 30% du territoire selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les Kurdes ont leurs propres forces de police et écoles où est enseignée la langue kurde. Le régime syrien voit d'un mauvais œil cette autonomie. 

Pendant le conflit, une coalition de combattants kurdes et arabes syriens créée sous le nom de Forces démocratiques syriennes (FDS) est devenue le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

C'est le bras politique des FDS, le Conseil démocratique syrien, qui a dépêché à Damas des représentants pour des pourparlers avec le régime, deux mois après que M. Assad a menacé de recourir à la force pour reconquérir les territoires kurdes. Formée de responsables politiques et militaires, la délégation "effectue pour la première fois une visite officielle à Damas, à l'invitation du gouvernement", a indiqué à l'AFP le coprésident du Conseil, Riad Darar. "Nous œuvrons en faveur d'une solution concernant le nord syrien", a-t-il ajouté, en espérant des discussions "positives". 



"Droits culturels" 
En menant ces négociations, les Kurdes chercheraient à préserver au maximum leurs acquis et éviter un conflit avec le régime qui, fort de l'appui militaire de la Russie et de l'Iran, a réussi à reconquérir plus de 60% du pays après des offensives dévastatrices contre rebelles et jihadistes. 

Omar Oussi, un député kurde au Parlement syrien à Damas, a confirmé l'arrivée jeudi de la délégation. Les pourparlers pourraient porter sur le fait de "faciliter l'entrée de l'armée dans les territoires à majorité kurde à l'est du fleuve Euphrate et le retour des institutions étatiques", a-t-il dit en allusion aux régions contrôlées par les Kurdes. En échange, cette minorité obtiendrait une "reconnaissance par la Constitution de (ses) droits culturels". 

Fin mai, M. Assad avait fait planer la menace d'une offensive contre les FDS, sans exclure toutefois la tenue de négociations. "Nous avons d'abord ouvert la voie à des négociations car la majorité des membres (des FDS) sont des Syriens. Si cela ne marche pas, nous allons libérer nos territoires par la force. Nous n'avons pas d'autre choix", avait-il averti. Peu après, le Conseil démocratique syrien avait indiqué qu'il était prêt à engager "des pourparlers sans conditions" avec le régime. Mi-juillet, il avait dit étudier la création d'une entité pour représenter les territoires autonomes kurdes dans cette optique et avait rencontré des membres de l'opposition tolérée par Damas.  


(Lire aussi : Face à la versatilité américaine, le Rojava en appelle à Damas)


Quid des Américains ? 
Dans le Nord et le Nord-Est syriens, aux frontières avec la Turquie et l'Irak, les Kurdes contrôlent de vastes pans de territoires à cheval sur les provinces de Raqqa et Alep, mais aussi Deir ez-Zor et Hassaké. D'importants champs pétroliers s'y trouvent. En 2016, ils ont proclamé une "région fédérale" qui gère les territoires sous leur contrôle, soit environ 15% de la population. 

La milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG) constitue la colonne vertébrale des FDS qui ont chassé fin 2017 l'EI de la ville de Raqqa, "capitale" en Syrie du groupe jihadiste.

Avec l'appui de la coalition internationale, les FDS luttent toujours contre une poche de l'EI dans la province de Deir ez-Zor. Mais les YPG ont été contraints d'évacuer Minbej, la Turquie menaçant de prendre d'assaut cette ville à sa frontière pour en chasser la milice kurde. L'évacuation s'est faite après l'adoption d'une feuille de route négociée par Washington. En mars déjà, l'armée turque et des supplétifs syriens avait conquis l'enclave kurde d'Afrine (nord-ouest). 

"Si les Américains lâchent (les Kurdes) et si ce ne sont pas l'Etat (syrien) et l'armée qui sont en charge, alors la Turquie va entrer pour prendre le contrôle des régions" tenues par les Kurdes, met en garde le député Omar Oussi.

Le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 350.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.



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