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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Les entretiens préliminaires à une psychanalyse : l’énoncé des règles (suite et fin)

Deux de mes amis, parmi mes interlocuteurs privilégiés, m’ont fait récemment une remarque concernant ma rubrique hebdomadaire à L’OLJ. Ils la trouvent difficile d’accès, opinion partagée visiblement par beaucoup de lecteurs. Pourtant, je cherche à être le plus simple possible, étant donné que la psychanalyse est l’écoute de l’inconscient et que l’inconscient est l’affaire de tout le monde : rêve, lapsus, acte manqué sont le lot de tout le monde, comme en témoigne notre proverbe si connu, « Kilmet e’7a2 saba2it » (le mot de la vérité devance l’autre (mot)) « . L’inconscient est à ce point l’affaire de tout le monde que Freud lui a consacré un livre paru en 1901 : Psychopathologie de la vie quotidienne. Je reprendrai ces remarques bienveillantes que m’ont faites mes amis la prochaine fois, et je conclurais aujourd’hui la question de la » séance manquée, séance due « , vue la dernière fois, et énoncée lors du dernier entretien préliminaire.
Si cette règle a un sens sur le plan analytique, comme celle de l’acte manqué qui est finalement réussi, nous avons vu qu’elle posait des problèmes et que souvent, l’analysant la considère comme une injustice. Dans la dernière rubrique, nous avons vu que nous pouvions considérer cette règle selon deux points de vue : ou bien en faire une règle contractuelle, applicable dans tous les cas d’absence du patient, ou bien prendre cette règle comme un » gentlemen’s agreement « , soit que la séance manquée peut ne pas être payée dans certaines conditions. Si nous considérons cette règle du point de vue de l’analyste, la séance manquée à la dernière minute est payable parce que l’analyste a donné ce temps au patient et qu’il ne peut en disposer s’il est prévenu à la dernière minute. Mais dans certains cas, cela dépend de beaucoup de conditions qui sont finalement laissées au » tact « de l’analyste. Un voyage professionnel inattendu, un accident, une hospitalisation, une maladie soudaine, un deuil etc. peuvent obliger le patient à manquer sa séance. Faut-il qu’il se sente pour autant pénalisé ? Il y a moyen de répondre à cette question.
   
« Séance manquée séance due », si le patient peut être présent à sa séance et qu’il ne l’est pas.
Si le patient peut être présent à sa séance et qu’il ne l’est pas, la séance est due. Voilà une façon de régler ce problème qui peut convenir autant au patient qu’à l’analyste, évidemment avec un certain désavantage pour l’analyste puisqu’il ne percevra pas le prix de cette séance manquée. Mais ce désavantage pour l’analyste a le mérite d’éviter au patient de se sentir injustement traité, de ne pas se sentir paralysé sous l’effet du paradoxe énoncé implicitement par l’analyste : » Pile je gagne, face tu perds « et de ne pas se taire sous l’effet de ce paradoxe, ce qui constitue un frein à la vraie règle fondamentale : » Dites ce qui vous passe par la tête «. Au lieu de nourrir un sentiment ambivalent à l’égard de l’analyste en se taisant, accepter cela de la part de l’analyste permet de renforcer le lien de confiance avec le patient.

Si par ailleurs le patient prévient l’analyste bien à l’avance d’une absence involontaire, quelle que soit sa cause (travail, vacances etc.), pourquoi l’analyste ferait-il payer les séances manquées ? Il est vrai que le temps de l’analyste consacré à ce patient n’est pas facilement remplaçable, mais l’analyste peut gérer cela. Il peut par exemple proposer de remplacer les séances qui seront manquées pendant l’absence du patient, si possible faire les séances au téléphone (par WhatsApp, Viber, Face time ou autres) ou autres.

En plus, aujourd’hui, dans une période qui dure depuis la moitié des années 80 où l’analyse est discréditée, cela ferait grand bien à notre pratique. Bien évidemment, je ne suis pas en train de dire aux analystes quoi faire, mais peut-être quoi ne pas faire. Comme cet analyste qui appelle son patient pour changer l’horaire d’une séance à venir et qui, devant l’impossibilité du patient d’y être, lui annoncer que ce serait une séance due.



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Deux de mes amis, parmi mes interlocuteurs privilégiés, m’ont fait récemment une remarque concernant ma rubrique hebdomadaire à L’OLJ. Ils la trouvent difficile d’accès, opinion partagée visiblement par beaucoup de lecteurs. Pourtant, je cherche à être le plus simple possible, étant donné que la psychanalyse est l’écoute de l’inconscient et que l’inconscient est l’affaire...

commentaires (1)

Gustav Jung, l'ami & concurrent de Freud disait qu'il n'y a pas de raison de terminer une psychanalyse tant que le patient a encore de l'argent pour la payer. ça donne le ton et on comprend mieux ce qui attend les patients quand ils tombent entre les mains de psychanalystes. Par whatsapp dites-vous........à mourir de rire. tant qu'à faire; pourquoi pas par personnes interposées, par exemple, la femme de ménage, qui assisterait à la séance et explique de quoi souffre son employeur. Article très amusant, Merci beaucoup

Shou fi

16 h 21, le 26 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • Gustav Jung, l'ami & concurrent de Freud disait qu'il n'y a pas de raison de terminer une psychanalyse tant que le patient a encore de l'argent pour la payer. ça donne le ton et on comprend mieux ce qui attend les patients quand ils tombent entre les mains de psychanalystes. Par whatsapp dites-vous........à mourir de rire. tant qu'à faire; pourquoi pas par personnes interposées, par exemple, la femme de ménage, qui assisterait à la séance et explique de quoi souffre son employeur. Article très amusant, Merci beaucoup

    Shou fi

    16 h 21, le 26 juillet 2018

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