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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Les entretiens préliminaires à une psychanalyse : (suite III)

La psychanalyste Françoise Dolto.

« Pour faire une analyse, il faut être riche et bien portant », disait donc André Bourguignon. Il voulait mettre en évidence la cherté de l’analyse mais aussi le fait que, traditionnellement, les entretiens préliminaires servaient surtout à l’analyste pour trier les demandes et ne prendre que les structures névrotiques, soit l’hystérie de conversion, l’hystérie d’angoisse (phobie) et la structure obsessionnelle. Les névroses sont facilement analysables, les patients sont socialement bien insérés et acceptent le cadre de l’analyse et ses exigences. Venir à l’heure, ne pas appeler l’analyste entre les séances, ne pas vouloir changer les horaires convenus, régler les séances manquées, associer librement les idées, bref accepter toutes les exigences de l’analyste pour les adapter au cadre de l’analyse.Or, l’expérience montrait, déjà dans les années 50/60, que beaucoup de patients n’arrivaient pas à s’adapter au cadre de l’analyse. Lacan bouleversa l’ordre des choses : c’est au cadre de s’adapter au patient et non l’inverse. Winnicott était du même avis, de même que beaucoup d’autres analystes. Les entretiens préliminaires ne devaient pas servir à trier les patients, au contraire. « Ne pas reculer devant la psychose », telle était la devise de Lacan. Si comme Freud le disait : « Il n’y a pas de transfert psychotique », Lacan ajoutait : « Il y a un transfert au psychotique. » L’analyste a beaucoup de choses à apprendre des psychotiques, même si ces derniers ne peuvent pas s’adapter au cadre de l’analyse.

Il ne faut pas oublier que sans Fliess, Freud n’aurait pas inventé la psychanalyse, même s’il y a débat sur la paranoïa supposée de Fliess. Le transfert de Freud sur Fliess est une pièce maîtresse dans l’invention de la psychanalyse. Quant à Lacan, comme le dit Élisabeth Roudinesco, c’est son transfert sur Marguerite Anzieu qui fut le moteur de sa psychanalyse, plus que son analyse didactique avec Rudolph Lowenstein. Si celle de Fliess est remise en question, pour les historiens la folie de Marguerite ne fait aucun doute. Ce rappel est un encouragement pour les jeunes analystes afin de ne pas reculer devant la psychose, et de l’exclure d’un parcours analytique possible. Ainsi, Maud Mannoni faisait payer les stagiaires de l’École expérimentale de Bonneuil car, en accompagnant les enfants autistes et psychotiques, ils faisaient en quelque sorte une « tranche » d’analyse.

« Je ne parlerai que si vous vous allongez vous-même sur le divan »
Mais il est évident qu’on ne peut pas imposer un cadre classique à un psychotique. Françoise Dolto raconte qu’un patient psychotique lui disait qu’il ne parlerait que si elle s’allongeait elle-même sur le divan. Elle le fit. Elle s’allongea sur le divan, ce qui permit au patient de parler. S’accrocher à la position de l’analyste, soit de s’asseoir sur le fauteuil derrière le divan était insupportable pour ce patient en particulier. Alors pourquoi lui refuser le seul moyen capable de l’amener à parler ? Le psychotique s’accroche au rapport du savoir, il veut montrer à l’analyste qu’il en sait autant que lui, sinon plus. Pourquoi dès lors l’analyste ne jouerait-il pas le jeu ?Il en est de même pour le pervers. Il veut montrer à l’analyste qu’il en sait plus sur la jouissance que lui. Faut-il pour cela lui refuser un lieu de parole ? Lui imposer un cadre crispé, ou bien lui donner la possibilité de « jouer » avec ce cadre? Il est évident que cette « acrobatie » est difficile à supporter pour l’analyste. L’apport de Lacan amena à un changement dans la perspective ouverte par les entretiens préliminaires et donna une nouvelle impulsion à la clinique analytique : accepter que le psychotique ou le pervers ait quelque chose à nous apprendre et pour cela accepter d’adapter le cadre analytique au patient et non pas adapter le patient au cadre analytique.


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commentaires (1)

Je ne comprend toujours pas l’utilité de ces articles récurrents sur la psychanalyse sous la rubrique « Liban » qui n’apportent rien d’utîle aux lecteurs en termes de nouveautés médicales et qui sont difficiles à comprendre pour le commun des mortels! D’autant, et avec tout le respect que nous devons à l’expertise du Pr. Azouri, tout le sujet de la psychanalyse Freudienne est pas mal remise en question et controversée dans les milieux de la psychiatrie moderne surtout Nord-américaine! Hypercomplexe dans son approche, coûte très cher, exigeant beaucoup de temps et de patience, pas à la portée de tout le monde ni de la majorité des psychiatres et dont les résultats sont souvent décevants. Des articles sur l’épidémie, les causes et traitements des dépressions et de suicides qui déciment le monde d’aujourd’hui ne seraient-ils pas beaucoup plus pertinents? Respectueusement suggéré!

Saliba Nouhad

03 h 55, le 05 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • Je ne comprend toujours pas l’utilité de ces articles récurrents sur la psychanalyse sous la rubrique « Liban » qui n’apportent rien d’utîle aux lecteurs en termes de nouveautés médicales et qui sont difficiles à comprendre pour le commun des mortels! D’autant, et avec tout le respect que nous devons à l’expertise du Pr. Azouri, tout le sujet de la psychanalyse Freudienne est pas mal remise en question et controversée dans les milieux de la psychiatrie moderne surtout Nord-américaine! Hypercomplexe dans son approche, coûte très cher, exigeant beaucoup de temps et de patience, pas à la portée de tout le monde ni de la majorité des psychiatres et dont les résultats sont souvent décevants. Des articles sur l’épidémie, les causes et traitements des dépressions et de suicides qui déciment le monde d’aujourd’hui ne seraient-ils pas beaucoup plus pertinents? Respectueusement suggéré!

    Saliba Nouhad

    03 h 55, le 05 juillet 2018

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