L’été est la saison durant laquelle beaucoup de citadins préfèrent se déplacer à la montagne profitant de la fraîcheur et de la pureté de l’air, s’éloignant de l’humidité et de la chaleur de Beyrouth.
Durant mon enfance, mes parents comme presque tous les parents de mes amis préféraient la montagne à la mer. Le Liban était sublime avec ses montagnes vertes, avec ses forêts denses et ses vues imprenables sur la Méditerranée ou bien sur les montagnes voisines. Becharré la majestueuse, Bhamdoun la florissante, Koleiaat la somptueux, Dhour-el-Choueir la solennelle, Sofar l’auguste, Broummana l’opulente. Que dire alors des jumeaux époustouflants de Deir el-Kamar et Beiteddine et d’autres innombrables villages connus par leur beauté divine comme Ehden, Qartaba, Bkassine, Marjeyoun, Kfour, Zahlé, les Cèdres et tant d’autres... les mots vont me manquer pour décrire et chanter la beauté de nos villages libanais.
Khonchara était notre destination estivale. Un très beau village sur les pentes du Metn-Nord. Khonchara avec sa fontaine historique, ses maisons pittoresques en pierre de taille et en tuiles rouges, avec le monastère melkite de Saint-Jean-l’Apôtre, bâties dans les années 1700 et reconnues par la première publication du livre dans le monde arabe, et l’église historique Saint-Nicolas datant des années 1800. Mais Khonchara est surtout réputée par la gentillesse et l’hospitalité de ses habitants.
Tous nos voisins étaient des Libanais d’origine arménienne qui, comme nous, venaient de Beyrouth pour profiter de la montagne pour ces quelques mois d’été.
Ma mémoire est débordante de très beaux souvenirs de ces jours passés à la montagne.
Pour nous, en tant qu’enfants, l’important était les amis, les escapades dans la forêt, les excursions en bicyclettes et surtout la liberté et le sentiment de sécurité qu’on n’éprouvait nulle part qu’à la montagne.
Les années ont passé. Des nuages gris ont traversé les cieux du Liban...
Bizarre, de longues années sont passées, mais chaque fois de retour au Liban, c’est avec le plus grand plaisir et avec enchantement que je visite Khonchara le village de mon enfance.
C’est vrai que mes amis n’y sont plus, la forêt est moins verte qu’avant à cause des constructions de bâtiments, les gens ne me reconnaissent plus, même la fontaine est moins puissante qu’avant, mais, pour moi, Khonchara est une partie de mon enfance, peut être une partie perdue de moi.
Voilà, presque quarante ans passés de ces belles années d’enfance, assis devant mon ordinateur, je pense qu’en tant qu’enfant, ce n’était pas les sites historiques qui nous intéressaient, ni même le paysage époustouflant dont les gens parlaient. Pour moi, Khonchara était juste un symbole, un symbole de ce Liban d’avant-guerre, un symbole de sérénité, de quiétude et de joie de vivre qui nous a été arraché, envolé, spolié et dérobé !
En vérité, je suis comme beaucoup d’enfants émigrés à la recherche de ce Liban qu’on a jadis connu, ce Liban berceau des valeurs humaines où le respect de l’autrui, la liberté et la sécurité étaient peut être des choses gratuites...
Je suis en vain à la recherche de mon Liban d’enfance.
Abou Dhabi
Nos Lecteurs ont la Parole - Dr Vartkès ARZOUMANIAN
Le temps des insouciances
OLJ / le 19 juillet 2018 à 00h00
commentaires (3)
VOUS PLEUREZ LES VILLAGES DEVENUES VILLES ? JE PLEURE CES MEMES VILLES DEVENUES DES HORREURS D'ARCHITECTURE, DES MASSACRES DE L'ESTHETIQUE .
Gaby SIOUFI
12 h 07, le 20 juillet 2018