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Procédure et sinécure

Aussi difficile à faire grimper qu’elle puisse paraître, la mayonnaise gouvernementale obéit chez nous à une procédure réglée comme une horloge suisse. Un Premier ministre sortant qui n’en finit pas de sortir et qui se complaît à brouter paisiblement ses affaires courantes. Puis une fois désigné pour rempiler, il se contente de bayer aux corneilles entre deux sauteries vacancières. Ce qui n’empêche pas les vieux canassons de la politique de le faire danser autour des noms et des portefeuilles.
Cette pantalonnade, doublée d’une gesticulation forcenée, nous aura appris au moins deux choses : un, le Premier ministre désigné n’a pas à choisir les ministres avec lesquels il sera amené à bosser, ceux de la majorité, encore moins ceux de l’opposition ; deux, la distribution des ministères se fait « à la carte », chaque groupe de bouffons pouvant picorer à sa convenance dans les portefeuilles, tantôt en les éclatant pour en augmenter le nombre, tantôt en inventant au besoin de nouveaux postes, comme ces ministères de rien pompeusement appelés « ministères d’État », qui ne sont finalement que des boulots de représentation… Bref, le Premier ministre pressenti est juste bon à jouer les maîtres d’hôtel et à passer les plats.
Et ce n’est pas fini ! Il lui restera encore à gérer les ministrables sunnites bacharo-compatibles, qui même pour les plus bavards d’entre eux évitent soigneusement ne serait-ce que de roter dans le sens contraire des vents venant de Syrie.
Entre-temps, deux comiques végétaux tiennent en haleine la ménagerie politique : le Melon lisse de Meerab et l’Agrume en chef du courant orangé. Et la classe politique n’a rien de plus urgent à faire que de calmer la friture entre les deux hommes, qui d’habitude sont plus près du pugilat que de la lune de miel. Pour l’heure, ils ont tout l’air de se la couler douce à l’ombre d’une énième réconciliation programmée, mais dont la consommation tarde à se concrétiser au regard des dysfonctionnements érectiles de leurs encéphalogrammes respectifs sur les sujets de fond. Bonne nouvelle : à ce stade, ils en sont encore aux préliminaires des préambules préalables…
Curieux pays : avant, les cinglés cherchaient à déformer la réalité en prenant du haschich. Maintenant que la réalité est déformée, ceux qui surnagent prennent du Prozac pour tenter de la voir normalement ! Drame des contrées immatures décolonisées trop tôt…

gabynasr@lorientlejour.com

Aussi difficile à faire grimper qu’elle puisse paraître, la mayonnaise gouvernementale obéit chez nous à une procédure réglée comme une horloge suisse. Un Premier ministre sortant qui n’en finit pas de sortir et qui se complaît à brouter paisiblement ses affaires courantes. Puis une fois désigné pour rempiler, il se contente de bayer aux corneilles entre deux sauteries...

commentaires (7)

Ce pouvoir , c’est un peu « l’auberge espagnole » sans aubergiste bien sûr .

L’azuréen

20 h 05, le 06 juillet 2018

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Commentaires (7)

  • Ce pouvoir , c’est un peu « l’auberge espagnole » sans aubergiste bien sûr .

    L’azuréen

    20 h 05, le 06 juillet 2018

  • excellent MERCI Ici au moins tout le monde en prend pour son grade cela nous change du parti pris permanent de votre collegue Mm Haddad dont les articles sont des louanges permanent a un parti qui malgre ses responsabilites au ministeres depuis la nouvelle Presidence n'a pas reussi a avoir de l'electricte ou enlever les dechets au Liban

    LA VERITE

    13 h 41, le 06 juillet 2018

  • Une description superbe de notre misérable situation politique! Que Allah protège ta plume Gaby et merci!!

    Wlek Sanferlou

    13 h 33, le 06 juillet 2018

  • "...contrées immatures décolonisées trop tôt..." tellement vrai, merci, Monsieur Gaby Nasr, et bon week-end ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 33, le 06 juillet 2018

  • OuidEs contrees immatures.....decolinisees trop tot...

    Soeur Yvette

    09 h 40, le 06 juillet 2018

  • ""Drame des contrées immatures décolonisées trop tôt…"" Je suis tellement d'accord avec vous ! Dans le cas libanais, et ce n'est pas ""ringard"" de l'écrire, que c'était mieux avant. En tout cas, ni les politiciens véreux du passé, ni les tractations d’anciens chefs de guerre pour le partage de la pizza gouvernementale, ne me font croire même à une fiction de démocratie. Comme Pierre Dac : ""L’avenir est devant nous…"" Immatures of course !

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    09 h 02, le 06 juillet 2018

  • TRES BON BIEN QU,UNIQUEMENT DE LA DYNAMITE ET NON PAS DU NUCLEAIRE HABITUEL DE GABY NASR ! MAIS J,AI AIME LE DRAME DE CONTREES IMMATURES DECOLONISEES TROP TOT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 14, le 06 juillet 2018

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