L'Iran a assuré dimanche qu'il mettrait en "échec" le projet américain visant à l'empêcher de vendre son pétrole à l'étranger, et a mis en garde l'Arabie saoudite contre toute volonté de se substituer à lui sur le marché mondial.
"Nous allons assurément faire quelque chose pour mettre en échec ce slogan des États-Unis selon lequel le pétrole de l'Iran doit être endigué", a déclaré le premier vice-président iranien, Eshagh Jahangiri, dans un discours retransmis sur la télévision d'État. "Le gouvernement a un plan [...] et nous sommes certains qu'avec la grâce de Dieu, nous serons capable de vendre notre pétrole autant que de besoin", a ajouté M. Jahangiri.
Le département d'État américain a enjoint mardi tous les pays, y compris la Chine et l'Inde, gros clients de Téhéran, de cesser leurs importations de pétrole iranien d'ici au 4 novembre sous peine de s'exposer aux sanctions américaines rétablies du fait de la décision prise en mai par Washington de sortir de l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015.
Le 4 novembre doit marquer la date du retour en vigueur des sanctions américaines contre le secteur énergétique iranien.
Les Européens, qui affirment leur attachement à l'accord, dialoguent avec l'Iran pour essayer de conserver l'adhésion de la République islamique. Parmi les conditions posées par l'Iran pour rester après le retrait américain, Téhéran exige des garanties lui permettant d'écouler tout le pétrole que l'Iran souhaite exporter.
M. Trump a assuré samedi que l'Arabie saoudite avait, à sa demande, accepté d'augmenter sa production de pétrole, "peut-être de 2.000.000 de barils, pour combler la différence" due aux "tensions et dysfonctionnements en Iran et au Venezuela" et empêcher que les prix montent.
(Lire aussi : Contestation en Iran : une aubaine pour Washington et ses alliés)
"Violation"
"Maintenant ils supplient les Saoudiens d'augmenter [leur production] de pétrole de façon que si la part de l'Iran diminue, rien ne se passe sur le marché mondial. Ils pensent que c'est aussi simple que cela, et que d'un seul coup l'Arabie va augmenter de quelque millions de barils de pétrole" par jour, a commenté M. Jahangiri
"Dans ce combat, tout pays qui voudra prendre la place de l'Iran sur le marché pétrolier se rendra coupable de haute trahison contre la nation iranienne [...] et paiera assurément un jour le prix de cette trahison", a-t-il ajouté sans plus de détail.
L'Iran et l'Arabie saoudite ont rompu leurs relations diplomatiques en 2016 et sont engagés dans une lutte d'influence au Proche et au Moyen-Orient.
Les deux pays sont membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Les membres du cartel ont convenu le 22 juin d'augmenter collectivement leur production d'un million de barils par jour afin d'éviter une "surchauffe" du marché alors que les prix de l'or noir montent.
Lors de cette réunion, "nous ne sommes pas parvenus à la moindre décision concernant l'attribution de tout ou partie de la production d'un pays membre à un autre", écrit le ministre du Pétrole iranien, Bijan Zangeneh, dans une lettre aux instances dirigeantes de l'OPEP. Sans nommer l'Arabie saoudite, M. Zangeneh écrit que "tout augmentation de la production d'un état membre qui irait au-delà de ce qui est stipulé dans les décisions de l'OPEP" adoptées le 22 juin "constituerait une violation de l'accord".
Publiée par Shana, l'agence du ministère du Pétrole iranien, la lettre demande au président de l'OPEP de "rappeler" aux États membres "de respecter leurs engagements [...] et de s'abstenir de toute mesure unilatérale susceptible de saper l'unité et l'indépendance de l'OPEP". "Les décisions de l'OPEP n'autorisent en aucune manière l'un de ses pays membres à répondre à une demande de hausse de la production réclamée par les États-Unis dans un but politique, et clairement affirmé, visant à nuire à l'Iran", ajoute le ministre.
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